Afin de réaliser des économies, de plus en plus de particuliers récupèrent l'eau de pluie pour des usages domestiques. Si cette utilisation ne pose pas de problème pour l'alimentation des chasses d'eau, il n'en va pas de même pour le lavage du linge. Craignant des risques sanitaires, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) invite la population à éviter cette pratique.

La récupération des eaux de pluie présente à la fois des avantages écologiques mais aussi financiers. Seulement voilà : elle ne répond pas à tous les usages. C'est en tout cas ce que souligne l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) dans un avis publié le 22 février dernier. Si récupérer l'eau de pluie ne pose pas de problème en extérieur pour arroser les espaces verts ni à l'intérieur pour alimenter sa chasse d'eau et laver ses sols, il n'en va pas de même pour le lavage du linge.

Récupérer l'eau de pluie, une pratique qui n'est autorisée qu'à titre expérimental

Les particuliers étant dans ce cas en rapport direct avec l'eau, dont la qualité est incertaine, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) les invite à s'abstenir d'utiliser celle-ci pour faire fonctionner leur lave-linge. "Lors de leur passage dans l'atmosphère, du ruissellement sur les toitures, dans le réservoir de stockage puis dans le réseau, les eaux de pluie peuvent se charger en métaux, matières organiques, micropolluants organiques et en micro-organismes", informe l'ANSES. La saison, la pluviométrie, la température, l'installation elle-même, la localisation géographique (rural/urbain)... Autant de paramètres qui peuvent influer sur la qualité de l'eau et qui sont, du fait de leur nombre et de leur versatilité d'un territoire à l'autre, extrêmement difficiles à maîtriser.

 

Devant cette "impossibilité d'identifier et caractériser de façon exhaustive les dangers microbiologiques et chimiques prépondérants d'une installation de récupération d'eau de pluie à laquelle serait raccordé un lave-linge", l'ANSES invite donc les particuliers à éviter cette pratique. Elle souligne d'ailleurs que d'un point de vue législatif, ils n'ont pas le droit de le faire (arrêté du 21 août 2008) : "l'utilisation d'eaux de pluie pour le lavage du linge n'est autorisée à titre expérimental, sous réserve de mise en œuvre de dispositifs de traitement de l'eau adaptés", rappelle-t-elle.

Une pratique qui nécessite un encadrement stricte

L'agence s'inquiète notamment pour les personnes à risque d'allergie cutanée, les jeunes enfants, qui mettent régulièrement le linge à la bouche, les personnes en hospitalisation à domicile ou encore les personnes vivant à côté de sites industriels et de sites agricoles, où l'eau de pluie est susceptible de contenir davantage de contaminants chimiques (Retrouvez la liste complète ici). Des personnes fragiles pour lesquelles l'eau pourrait présenter des risques sanitaires.

 

Pour l'agence, la récupération des eaux de pluie pour alimenter un lave-linge doit non seulement être bien expliquée aux particuliers mais également être extrêmement encadrée, notamment sur le plan technique. Pour être réalisée dans de bonnes conditions, l'ANSES explique qu'un réseau d'eau non potable doit être mis en place à l'intérieur du bâti et, ce, pour "éviter le risque de confusion et d'interconnexion des réseaux d'eau de distribution publique et d'eaux non potables dans le bâti".

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