Une société normande a mis au point un concept de modules d'habitation livrés prêt-à-vivre en un temps record. Equipée d'une pompe à chaleur et d'un isolant structurant, l'habitation répond aux exigences d'un bâtiment à énergie passive. Explications.

Un T2 construit pour 56.000 euros (soit moins de 1.000 euros/m2). Il y a quelques années, cette annonce immobilière, aussi alléchante soit elle, aurait ressemblé à une plaisanterie. Mais l'argument est bel et bien sérieux. En Normandie, la société Vogue Suite vient de présenter son concept de maisons évolutives depuis le site de fabrication situé à Ezy-sur-Eure (Eure). Livrés par camion, les modules sont installés "prêts-à-vivre". "Nous avons développé un procédé qui permet de fabriquer en usine un module achevé à 90 %", nous explique Christophe Martel, directeur adjoint de Vogue Suite. En effet, l'ossature, les menuiseries, le revêtement du sol, la toiture ou encore les équipements ont été fabriqués en amont. Le client a la possibilité de personnaliser la couleur des murs ou les finitions extérieures (parements bois, pierre, brique...).

 

Le procédé de fabrication, "unique au monde" selon ses concepteurs, permet d'élaborer des modules d'une grande évolutivité en fonction de la croissance de la famille. "Grâce à une fabrication tridimensionnelle, la surface de la maison peut être agrandie en greffant plusieurs modules entre eux", déclare Christophe Martel. Exemple : pour une obtenir une habitation de 90 m2, trois modules de 30 m2 seront accolés et reliés entre eux.
Après l'étape de fabrication en usine, le module est expédié par camion, et monté en trois à quatre mois, annonce Vogue Suite. Pour réduire l'exécution des travaux, la fondation est effectuée de manière traditionnelle à partir de longrines. Une fois le raccordement au réseau d'électricité et d'eau, les constructeurs terminent la finition des enduits.

Ossature acier bois

La société assure que la maison est quatre fois moins gourmande en énergie que la moyenne en France. L'ossature associe acier et bois avec des parois en bois dans lesquelles est coulé un isolant structurant (mousse polymère ignifugée). Doté de fenêtres à triple vitrage et d'une pompe à chaleur intégrée, le module présente une consommation annuelle équivalente à celle d'une maison à énergie passive. "Près d'Evreux, un couple d'acquéreurs nous a indiqué un prix de 276 euros à l'année pour le chauffage et l'eau chaude", a affirmé à l'AFP Christophe Martel, directeur-adjoint de la société. En tant que fabricant, la société n'a pas pu bénéficier du label Passivhauss, certification allemande accordée au bâtiment consommant moins de 120 kWh/m2/an. Toutefois, les propriétaires ont la possibilité de réaliser la demande auprès du site lamaisonpassive.fr. La maison peut également devenir un bâtiment à énergie positive si le client décide de poser des panneaux photovoltaïques sur la toiture.

Potentiel industriel

Le salon de la maison évolutive
Le salon de la maison évolutive © Vogue Suite
Le concept a été mis au point en 2008 par un architecte de l'Eure, Christian Picois. Ce dernier a développé un procédé industriel permettant de construire à 90% une maison. Pour cela, il s'appuie sur l'utilisation de containers maritimes pour concevoir des mini habitations.

 

En 2011, un entrepreneur, Guy Schumacher, décide de soutenir l'architecte dans son projet de fabrication industrielle de maisons individuelles. L'architecte délaisse très vite la caisse métallique car elle présente de nombreuses contraintes techniques (faible superficie, mauvaise résistance) et économiques (faiblesse de l'euro par rapport au dollard).
Les mois de recherche aboutissent à la conception d'une maison composée d'un squelette rigide et de parois en bois.

 

Aujourd'hui, Vogue Suite enregistre déjà une trentaine de réservations, principalement issues d'acquéreurs régionaux (Normandie et Ile-de-France). Mais le potentiel industriel est bien plus important, selon son directeur. "Nous pouvons construire actuellement avec notre usine 300 maisons par an et nous ouvrirons d'autres usines en fonction de la demande".

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