Des experts chinois envisageraient sérieusement la construction de 13.000 km de lignes à grande vitesse entre Pékin et… le nord-ouest des Etats-Unis. Un projet démesuré qui nécessiterait, entre autres, la création d'un tunnel sous-marin sous le détroit de Béring. De nombreuses questions restent toutefois posées.

Le réseau à grande vitesse chinois ne cesse de s'étendre. Mais le dernier projet en date semble des plus fous : Wang Mengshu, membre de l'Académie chinoise d'ingénierie a expliqué au Beijing Times que des discussions seraient en cours pour la construction d'une liaison ferroviaire entre le nord-est du pays et… les Etats-Unis. Soit une distance de 13.000 km à couvrir en arc de cercle entre la Mandchourie, l'Extrême-Orient sibérien en Russie, le détroit de Béring, l'Alaska, la Colombie britannique au Canada et le nord-ouest américain. Une idée folle qui nécessiterait notamment le franchissement sous-marin le plus long du monde, loin devant le tunnel sous la Manche.

 

Selon la presse chinoise, les technologies nécessaires seraient déjà toutes au point et la construction de cette ligne, d'une longueur bien supérieure à celle du mythique Transsibérien russe, ne présenterait donc pas de défi majeur. "Actuellement, nous avons déjà des discussions en cours, la Russie envisage ce projet depuis des années", a notamment confié l'ingénieur en chef chinois, évoquant probablement le TransContinental-World Link (ou InterContinental Link), une liaison ferroviaire de 6.000 km entre Sibérie et Alaska, proposée en 2007, mais restée lettre morte depuis.

 

De menus détails à régler
Cependant, de nombreuses zones d'ombre autour de ce projet demeurent. Les tensions actuelles entre les différents pays censés être traversés par la ligne "Chine-Russie plus Etats-Unis" n'incitent pas à croire à une réalisation prochaine. Pire, aucun des pays concernés, Etats-Unis et Canada en tête, ne semblent au courant ou investis dans l'élaboration du concept. D'autre part, quel serait l'impact écologique d'une telle construction, traversant des zones comme la Sibérie ou l'Alaska. Réciproquement, les difficiles conditions météorologiques qui règnent dans ces zones glaciales ne poseraient-elles pas de problèmes aux convois à grande vitesse ? On se souvient notamment des problèmes des motrices de l'Eurostar en hiver… Qu'en serait il du coût de construction de cette immense infrastructure qui nécessiterait un nombre incommensurable d'ouvrages d'art afin de franchir des zones accidentées, situées qui plus est dans la zone d'activité sismique intense de la Ceinture de feu du Pacifique ?

 

L'intérêt chinois pour ce projet titanesque semble être motivé par le développement de nouveaux marchés à l'international. Mais quel serait l'avantage commercial d'une liaison de 13.000 km parcourus à 300 km/h de moyenne, impliquant un trajet de 43 heures, quand un avion couvre la distance en moins de 10 ? Là encore, le projet suscite l'interrogation. Loin d'en rester là, les ingénieurs chinois planchent également sur un projet de tunnel sous-marin entre la Chine continentale et l'île de Taïwan, oubliant au passage que les autorités de Taipeh sont hostiles à tout rattachement avec Pékin…

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