Une éclipse solaire partielle est attendue en France pour le dernier jour de l'hiver, le 20 mars 2015. Cet événement astronomique aura-t-il un impact notable sur la production photovoltaïque nationale ? Eléments de réponse.

La disparition - temporaire - de l'astre du jour derrière la lune au moment de l'équinoxe est-elle un mauvais présage pour les industriels du photovoltaïque, digne des prévisions apocalyptique du calendrier maya ? En d'autres termes, l'éclipse solaire partielle du 20 mars 2015 impactera-t-elle véritablement la production d'électricité d'origine renouvelable ? Car selon le quotidien Le Figaro, "cette journée préoccupe beaucoup les industriels de l'énergie".

 

Résumons les faits : l'éclipse partielle débutera aux alentours de 9h20 pour s'achever à 11h40, le dernier jour de l'hiver. La bande de passage de l'ombre de la lune, c'est-à-dire la zone où l'obscurité sera totale, s'étirera entre l'Atlantique nord et l'océan glacial arctique, passant entre l'Islande et l'Ecosse. En France, le phénomène d'occultation ne sera que partiel, variant du nord au sud de presque 81 % dans le Pas-de-Calais à seulement 58 %, en Corse. Et le maximum de l'éclipse, qui sera atteint vers 10h30, ne durera que 2 minutes 47 secondes. Dès lors, l'impact sera-t-il vraiment important ?

Anticiper une baisse de production, au cas où

"Il faudrait faire des calculs mais il sera quasiment nul", nous résume Jérôme Mouterde, le directeur général de DualSun, une entreprise spécialisée dans le solaire hybride (photovoltaïque et thermique). "Une matinée de mars c'est un moment où l'on produit déjà très peu d'énergie solaire", fait-il remarquer. D'autant que, dans les régions les plus productrices d'électricité photovoltaïque, situées au sud du pays, le soleil sera moins occulté que dans le nord. A titre de comparaison, la puissance d'électricité photovoltaïque le 20 mars 2014 oscillait entre 1.500 MW à 09h20 et 2.800 MW à 11h45. Le directeur général de DualSun, qui avoue ne pas être inquiet du tout, compare l'éclipse partielle à "une journée météorologiquement très couverte" tout au plus.

 

Pour autant, l'éclipse n'est pas prise à la légère chez Réseau de Transport d'Electricité (RTE). Le responsable de l'acheminement du courant français explique que l'ensemble du continent européen sera affecté par une perte de puissance de 30 GW (selon une première simulation), obligeant la mise en place de mesures. "RTE a commencé à se coordonner avec d'autres transporteurs européens pour anticiper ce phénomène et prévoir des moyens de production alternatifs au solaire, dans le cas où le 20 mars serait une journée de beau temps", nous précise l'entreprise qui annonce devoir gérer l'équilibre du réseau à la seconde près. "Ces deux minutes peuvent être très longues pour le réseau", fait valoir le transporteur. Concrètement, il s'agira donc de pouvoir répondre à la baisse transitoire de production photovoltaïque (qui ne représente pourtant qu'environ 1 % du mix énergétique) en organisant des lâchers d'eau de barrages ou en augmentant la puissance des réacteurs nucléaires cette matinée-là. "Le but est d'être sûr que tous les moyens seront disponibles le jour J. Il sera également possible d'agir sur la consommation par des mesures d'effacement, en intervenant principalement auprès des industries électro-intensives comme les filières de l'aluminium, de la chimie ou de la papeterie", détaille-t-on chez RTE.

Beaucoup de bruit pour rien ?

"Mobiliser les moyens pour répondre à la variation de puissance engendrée par le phénomène est normal", nous confie également Jean-Louis Bal, président du SER. "Mais il y a peu de chances qu'il y ait une forte production photovoltaïque un 20 mars au matin ! D'autant que le phénomène est progressif dans le temps et que géographiquement il n'est pas uniforme. L'équilibre se fera naturellement entre le sud et le nord de l'Europe", assure-t-il. Pas de quoi s'alarmer donc, le ciel ne nous tombera pas sur la tête.

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