PROJET VERT Dans le cadre de la transformation urbaine du nord de Marseille, Eiffage Immobilier s'apprête à livrer le premier lot de bureaux de son futur éco-quartier de 58.000 m2. Ce projet titanesque repose sur une prise en compte globale du développement durable (dépollution naturelle des sols, boucle thalassothermique, isolation en paille...). Reportage.

A quelques mètres du serpent autoroutier marseillais (A55), balayé par les bourrasques de vent impétueuses du littoral, les ouvriers appliquent les dernières membranes d'étanchéité sur le toit. Un peu plus bas, la façade à clin n'attend plus que la pose des brise-soleil, point final du chantier amorcé en avril dernier. Le bâtiment de neuf étages qui abritera un ensemble de bureaux est la première opération réussie de l'îlot Allar. Baptisé "Smartseille", ce projet d'éco-quartier, situé dans le nord de Marseille, prévoit la construction de 58.000 m2 de logements, bureaux, hôtels, commerces, sur une surface au sol de 2,7 hectares. A terme, 4.000 personnes pourront vivre, habiter et travailler dans cette ville du futur imaginée par Eiffage. "Cet îlot Allar doit être exemplaire pour les Marseillais et cela doit être la référence méditerranéenne, c'est-à-dire la ville qui s'ouvre vers l'extérieur, qui se développe et qui met l'humain au cœur du projet", a commenté Laure-Agnès Carradec, adjointe au Maire déléguée à l'urbanisme, lors de la présentation du projet ce mercredi 18 novembre 2015.

Anciennes friches industrielles

Ce nouveau quartier s'inscrit dans le cadre de l'extension du périmètre d'Euroméditerranéen (Euromed 2). Ce projet d'aménagement urbain de 700.000 m2 et de développement économique à 4 milliards d'euros est la plus grande opération de rénovation urbaine en Europe.

Encadré par deux passerelles autoroutières (A55 et A7) et dominant les bassins portuaires du nord de la ville, l'emplacement du site accueillait à l'origine une ancienne usine de production de gaz. "C'est un quartier anciennement industriel, faiblement peuplé et qui s'est peu à peu paupérisé", décrit Hervé Gatineau, directeur d'Eiffage Méditerranée. Le terrain, appartenant à Sofilo, filiale immobilière d'EDF, a été acquis pour moitié par Eiffage en juin 2014, la moitié restante par Euroméditerranée.

Retrouvez en pages suivantes, la suite du reportage consacré au projet "Smartseille"...


Le laboratoire Phosphore

 

Cet îlot démonstrateur est l'aboutissement des réflexions portées par le laboratoire de R&D Phosphore du groupe Eiffage. Cette démarche, initiée en 2007 et regroupant des ingénieurs, architectes, urbanistes ou encore sociologues, s'intéresse à l'aménagement de la ville de demain en prenant compte des contraintes économiques, des enjeux sociétales et du développement durable.

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Une dépollution du sol à l'aide de champignon

400 m3 de terre ont été dépollués
400 m3 de terre ont été dépollués naturellement. © Camille Moirenc
L'ancien terrain étant particulièrement pollué en métaux lourds, le constructeur, en collaboration avec la start-up PolyPop, a eu recours à la mycorémédiation, une technique de dépollution à base de champignons. "De la même façon que les champignons en forêt mangent le bois, ils ont la capacité de manger cette pollution et donc le pétrole", indique Gil Burban, directeur de la société Polypop. En complément d'une technique traditionnelle, cette méthode naturelle, qui a duré près de deux mois, a permis de nettoyer partiellement 400 m3 de terre.

 

"Nous avons diminué par deux la charge d'hydrocarbures et par 2/3 les métaux lourds", rapporte Hervé Gatineau. Au terme du processus, les champignons absorbent le plomb, le cadmium et les hydrocarbures présents dans le sol.

Minimiser l'impact au sol

Une majorité d'architectes locaux ont pris
Une majorité d'architectes locaux ont pris part à l'opération. © Thierry Lavernos
Côté conception, les plans des édifices ont été pensés par des cabinets d'architecture de la région (Corinne Vezonni, Jean-Michel Battesti, Jacques Sbriglio, Atelier 82 et Laurent Mathoulin & Sophie Jardin). Une partie des bâtiments sera labellisée Bâtiments Durables Méditerranéens.
Sur une emprise relativement réduite (2,7 ha), le projet "Smartseille" se distinguera par la hauteur de ses immeubles qui, pour certains, atteindront 17 étages. Une dimension tutoyant les IGH qui a pour ambition de minimiser l'impact au sol de l'éco-quartier.

Une isolation naturelle

Les logements sont pour la plupart traversant.
Les logements sont pour la plupart traversant. © Thierry Lavernos
Pour générer le minimum de déperdition énergétique, toutes les structures ont bénéficié d'une conception bioclimatique. Chaque logement dispose d'une double-orientation et seront pour la plupart traversants. L'idée : favoriser un rafraîchissement naturel. Des brise-soleil plus ou moins importants seront mis en place en fonction des façades.
Pour isoler naturellement les bâtiments, le concepteur a notamment prévu d'employer des caissons en ossature bois remplis de ballots en paille de riz de Camargue.

L'eau de mer récupérée pour alimenter les bâtiments

Les calories de l'eau de mer sont récupérées
Les calories de l'eau de mer sont récupérées pour chauffer les habitations. © A.F.
Comme le nomme le constructeur, la boucle thalassothermique consiste à récupérer les calories ou les frigories de l'eau de mer pour alimenter un réseau d'eau douce circulant entre les bâtiments raccordés avec des pompes de chaleur réversibles.
"Nous avons élaboré un système d'échange de chaleur à l'intérieur de l'îlot : les apports des uns compensent les besoins des autres, explique Hervé Gatineau, directeur Eiffage Méditerrannée. Situé dans le port de Marseille, un point de puisage et de rejet conduit une eau tempérée jusqu'à une sous-station centrale nichée sous la future rue piétonne qui longera la côte. Il sera donc possible de récupérer l'énergie produite par les bureaux en été pour produire de l'eau chaude sanitaire pour les logements.
Un concept de solidarité énergétique qui devrait permettre d'économiser 30% de la facture énergétique, annonce Eiffage.

Des espaces naturels entre les habitations

Le toit des immeubles accueillera des ruches.
Le toit des immeubles accueillera prochainement des ruches. © Golem
Chaque îlot sera relié par des espaces verts partagés composés d'essences méditerranéennes peu gourmandes en eau. Pour favoriser les liens intergénérationnels entre les habitants de la résidence, des jardins potagers seront mutualisés.
Parmi les futurs projets écologiques du site, Eiffage prévoit l'installation de ruches sur les toits et d'un écodigesteur pour la fabrication de compost.

Des logements évolutifs

Selon les besoins des habitants, les logements
Selon les besoins des habitants, les logements pourront être agrandis. © Golem
Un concept de logement évolutif permet de passer d'un T2 à un T3 grâce à l'utilisation d'une pièce nomade. Chaque étage disposera de deux pièces nomades pour répondre aux besoins des habitants en cas, par exemple, d'agrandissement d'une famille.

Des places de parkings mutualisés

Des emplacements de parking mutualisés.
Des emplacements de parking mutualisés. © Zenpark
L'écocity introduira un concept d'usages partagés, à l'image de 650 places de stationnement mutualisées en fonction des périodes d'occupation entre bureaux et logements. La gestion de cette mutualisation sera organisée par Zenpark, une start-up spécialisée en parking partagés.

Une conciergerie connectée

De nombreux services connectés seront
De nombreux services connectés seront proposés aux résidents. © Golem
Une conciergerie propose aux habitants des services à la carte évoluant selon leurs besoins : dépôt de pain, prestataires extérieurs, livraison et stockage des courses, services postaux, garde d'enfants, espaces de co-working...

Des prix attractifs

Le prix du m2 est en-dessous de la moyenne
Le prix du m2 est en-dessous de la moyenne marseillaise. © Golem
Le prix des logements ne devrait pas dépasser les 3.000 euros du m2, tandis que les bureaux seront accessibles à partir de 2.500 euros. Pour proposer ce tarif ultra compétitif, le groupe Eiffage Immobilier a dû réaliser d'importantes économies en matière de construction (dépollution naturelle, mutualisation des coûts de construction...). Il a également bénéficier d'une TVA réduite grâce au site classé QPV (Quartier prioritaire de ville).

Un quartier desservi par de nouveaux transports

Métro et tramway seront construits à proximité
Métro et tramway seront construits à proximité du site. © Euromed 2
Pour désenclaver l'éco-cité, de nouveaux modes de transport verront le jour dans les prochaines années : ligne 2 du métro (fin 2016), tramway (2020), création d'un pôle multimodale Geze, TER.

Une future liaison piétonne le long de la côte

Une esplanade piétonne verra le jour en 2020.
Une esplanade piétonne verra le jour en 2020. © Euromed 2
Entre la tour CMA-CGM et l'échangeur du Cap Pinède, un projet prévoit l'aménagement d'une grande esplanade littorale piétonne d'environ 1 km, à 15 m au-dessus des voies ferrées et du port. La date de livraison est prévue à l'horizon 2020.

Une date de livraison prévue pour 2018

3.000 m2 de commerces verront le jour
3.000 m2 de commerces verront le jour d'ici à 2018. © Golem
Îlot Allar
Localisation : Les Crottes Marseille
Superficie : 2,7 hectares aménagés
58.000 m2 de logements, bureaux et équipements
3.000 m2 de commerces et de services
385 logements dont 100 logements sociaux
90 chambres d'hôtel
Coût : 90 millions d'euros
Date de livraison : fin 2018
Maître d'ouvrage : ville de Marseille
Architecte :
Eduardo Souto de Moura, prix Pritzker 2011 et Wolf 2012
Locaux : Corinne Vezzoni, Jean-Michel Battesti, Atelier 82 et Laurent Mathoulin & Sophie Jardin.
Polypop, société de dépollution à base de champignons