La métropole montpelliéraine s'est dotée d'une centrale biomasse "trigénération". Cet équipement innovant produit, à partir de bois régional, trois énergies : de l'électricité, du chaud et du froid. Soutenu par l'Ademe et la Caisse des Dépôts, cette centrale alimentera les éco-quartiers de Port Marianne. Zoom.

Valoriser une ressource renouvelable régionale et réduire la production de gaz à effet de serre, telle est l'ambition du réseau montpelliérain de chaleur et de froid, qui vient d'inaugurer sa huitième centrale, d'un type nouveau. A partir de plaquettes de bois de Languedoc-Roussillon, l'installation produit de la chaleur et de l'électricité - comme une centrale cogénération - mais également du froid, de façon décentralisée. Elle revendique donc le titre de "première centrale trigénération de France" à entrer en service.

 

Techniquement, la centrale est équipée d'une chaufferie biomasse de 8,5 MW équipée d'une machine thermodynamique, dit module à cycle organique de Rankine (voir encadré), qui autorise des performances élevées car bien adapté à la valorisation des basses températures (inférieures à 300 °C) au sein d'unités de moyennes dimensions. Ce module transforme la chaleur en courant électrique "vert" qui est autoconsommé sur place, pour les besoins de la centrale, et donc l'excédent est revendu à un fournisseur d'électricité renouvelable. Contrairement à une cogénération classique, la production d'électricité suit les évolutions des besoins de chaleur du réseau urbain selon les saisons, afin de garantir un rendement supérieur à 84 %. La chaleur produite va assurer, d'autre part, la couverture des besoins en chauffage et en eau chaude sanitaire de six quartiers de Port Marianne (Parc Marianne, futurs îlots Rive gauche, Mantilla et République, Odysseum, Hippocrate et futur quartier de la gare TGV). A l'horizon de 2020, ils représenteront 5.200 logements et 300.000 m² de bureaux, commerces et équipements publics, soit plus d'un million de mètres carrés. Quant à la production de froid, elle est délocalisée dans les immeubles grâce à des machines à absorption, alimentées par le réseau de chaleur.

 

Cycle organique de Rankine/ORC
Cycle organique de Rankine/ORC © Enertime
Le cycle organique de Rankine (ORC) : il s'agit d'un cycle thermodynamique utilisant un fluide de travail issu de la chimie du carbone (donc "organique") dans une turbine à vapeur, à la place de l'eau. La machine permet de transformer l'énergie thermique en énergie électrique en vaporisant ce fluide qui est ensuite détendu dans une turbine alimentant le générateur. Après condensation, le cycle recommence. Le fluide utilisé ici est de masse volumique importante, permettant une détente plus efficace que celle de l'eau, à petite échelle. Les centrales ORC sont donc plus avantageuses à basse température (à partir de 80 °C) et pour des petites puissances. Elles sont également plus fiables : l'emploi de fluide séchant évite la formation de condensation et l'usure prématurée de la turbine.

 

Le module "ORCHID" de la centrale de Port Marianne a été fourni par Enertime.

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