Les gendarmes souffriraient-ils du mal-logement ? Le parc immobilier de la gendarmerie nationale est vétuste et faute de crédits pour le rénover, il faudra fermer et vendre certaines casernes parfois insalubres vient de dénoncer un député socialiste Daniel Boisserie, dans un rapport publié le samedi 10 novembre. Explications.

« Vous ne voudriez pas vivre dans certaines casernes. Les conditions sont inacceptables. Des gendarmes font eux-mêmes les travaux sur leur temps de loisirs », explique Daniel Boisserie, député de Haute-Vienne, auteur de ce rapport accablant publié le samedi 10 novembre sur le programme « gendarmerie nationale » du projet de loi de finances pour 2013. Pour rappel, ce rapport a été déposé le 10 octobre, dans le cadre des multiples avis émis par les commissions de l'Assemblée pour l'examen du Budget, et débattu le 30 octobre par la commission de la défense de l'Assemblée nationale, indique le site de l'Assemblée.

 

Alors que des constructions récentes de casernes militaires ont vu le jour dans l'Hexagone à l'image de la nouvelle Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN) à Issy-les-Moulineaux jusqu'alors dispersée sur une douze sites, ou bien du pôle régional de Gendarmerie de Sathonay-Camp (Rhône) flambant neuf inauguré le vendredi 14 septembre par Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, ce rapport montre un visage contrasté de la situation du parc immobilier de la gendarmerie nationale. Sur les 3.923 casernes dont 694 domaniales, le parc comprend 76.105 logements dont 31.807 (42 %) sur les emprises domaniales.

 

Les 3.229 autres casernes sont locatives et appartiennent à des collectivités territoriales ou des partenaires privés. Pour compléter le parc de logements en caserne, 9.223 logements individuels sont pris à bail hors caserne, avec des contrats de location classiques.

 

Vers un déclassement des logements pour insalubrité ?
« Une centaine de casernes domaniales » exigeraient de plus des interventions urgentes : « L'état de dégradation de certaines gendarmeries pourrait aboutir au déclassement de logements pour insalubrité », assure le député pour qui « la solution serait ensuite un relogement sous le signe de l'urgence dans le parc locatif. Avec un coût important au final ». Et d'ajouter : «Rien n'a été fait pendant le quinquennat précédent ».
Par ailleurs, alors que les crédits globaux pour les programmes d'investissements de la gendarmerie vont passer de 289 à 165 millions d'euros, en 2013, le parlementaire, promet que « ce sera la dernière année de baisse ».

 

Le député juge par ailleurs « plus confortables » les situations des « casernes soutenues par les collectivités locales ». Il préconise, avant de se lancer dans d'importants programmes de rénovation, une réflexion sur l'organisation globale de la gendarmerie. Et précisément la suppression « en accord avec les collectivités locales » des casernes de quatre gendarmeries jugées « totalement inefficaces ».

 

Caserne et loi de mobilisation sur le logement social
Enfin, il compte sur le produit de la vente des biens immobiliers de la gendarmerie, estimé à 120 millions d'euros pour 2012-2014. « Une manne non négligeable, dont on ne pourrait se passer pour rénover les casernes », assure Daniel Boisserie, qui, pointant la loi Duflot, juge « tout de même paradoxal de financer le logement social en récupérant cet argent des cessions », car « cela aggraverait encore la situation d'un autre logement social, celui des gendarmes ».

actionclactionfp