GDF Suez, l'Ademe et la ville de Dunkerque ont signé, lors des 15es Assises de l'Energie, un partenariat visant à développer et déployer deux démonstrateurs utilisant du gaz hydrogène. Le projet "Grhyd" ambitionne de valoriser l'électricité produite par les éoliennes et de participer à la décarbonation de l'énergie.

En signant l'accord de partenariat entre GDF Suez, l'Ademe, et la ville de Dunkerque, Gérard Mestrallet, le président-directeur général du groupe gazier a exprimé sa satisfaction : "Le projet Grhyd est un bel exemple de coopération entre collectivité, agences d'état et entreprises". Techniquement, la "Gestion des Réseaux par injection d'Hydrogène pour Décarboner les énergies", utilisera l'électricité excédentaire, produite par des éoliennes terrestres, afin de générer par électrolyse de l'hydrogène (H2). Ce dernier sera ensuite injecté dans le réseau de distribution classique, mélangé à du gaz naturel ou sera alternativement utilisé indirectement comme carburant ("Hythane") par des bus adaptés qui circuleront en ville. Pour les consommateurs, rien ne changera : à l'arrivée au robinet, la combustion du gaz sera la même. Un quartier de 200 logements sera d'ailleurs alimenté par ce mélange dans le cadre de l'expérimentation.

 

Amortir l'intermittence des EnR
"Les bus de Dunkerque fonctionneront donc avec le vent !", s'est réjoui le président de GDF-Suez, en présence du sénateur-maire du port nordiste, Michel Delebarre. Tous deux ont salué un projet "puissant", répondant aux enjeux du développement des énergies renouvelables intermittentes. Le projet Grhyd testera donc de nouveaux modes de valorisation de l'hydrogène. Bruno Lechevin, autre signataire de l'accord, explique : "Le vecteur hydrogène permet de relier dynamiquement le réseau électrique et le réseau gazier. C'est un atout énergétique pour un territoire local où sont produites les EnR. L'Ademe a lancé un appel à projet TITEC sur l'hydrogène et les piles à combustible. Les solutions techniques sont connues, il faut maintenant les déployer en milieu réel, car la maîtrise de l'énergie reste un enjeu majeur". Selon lui, la production de carburant à partir d'électricité d'origine renouvelable n'est pas incompatible avec la réduction des consommations actuellement recherchées : "Moins de consommation, c'est aussi utiliser moins les équipements de haute technologie comme les électrolyseurs". Et donc augmenter leur durée de vie.

 

Les stockage d'énergie en ligne de mire
Le projet devra, dans les cinq années qui viennent, valider la pertinence technico-économique de la filière comprenant la combinaison hydrogène et gaz naturel sur plusieurs marchés énergétiques : la conversion des EnR et leur stockage, et la production et la commercialisation du mélange combustible "hythane" afin de répondre aux questions de réduction des émissions de particules. Différentes étapes sont prévues, dont des études de dimensionnement des équipements, la préparation et réalisation des démonstrateurs, et le recueil ainsi que l'analyse des premiers résultats. L'investissement global est évalué à 15 M€, dont 4,5 M€ de subventions, le reste étant apporté par les partenaires industriels (différentes filiales de GDF-Suez). Le président-directeur général de l'énergéticien français déclare beaucoup croire à la complémentarité entre le gaz et les renouvelables : "Le nouveau concept ouvre quatre possibilités : stocker de grandes quantités d'énergie, la transporter via le réseau de gaz existant, arbitrer entre l'électricité et le gaz et amortir l'intermittence des EnR". Pour le stockage, l'hydrogène étant très volatil et hautement inflammable, le gaz sera solidifié dans une forme métallique (hydrure de magnésium) grâce à un procédé développé par McPhy Energy, une entreprise du Rhône. L'hydrogène sera donc bien un des vecteurs de la transition énergétique.

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