Le parc de bâtiments français - logements, établissements recevant du public, hôpitaux - est largement touché par le développement de moisissures. Afin de lutter contre l'exposition à des contaminants invisibles, qui ont des effets sur les structures ou la santé des occupants, le CSTB a mis au point un bio-détecteur fongique connecté, qui avertit dès que certains composés volatils sont repérés. Découverte.

Les champignons provoquent diverses pathologies, qu'il s'agisse de celles du bâtiment - en dégradant les matériaux - ou de maladies humaines, telles les allergies qui touchent 7 millions de Français, mais également toxi-infections ou aspergilloses. Le docteur Enric Robine, responsable du pôle Microbiologie et Environnement intérieur au CSTB, explique : "Dix pourcent de la population générale est allergique aux microchampignons dont les mycotoxines peuvent être cancérigènes. Dans les établissements de santé, ils posent des problèmes d'infections nosocomiales".

 

Il apparaît donc important d'évaluer le réservoir de ces champignons microscopiques, indécelables à l'œil nu, à l'intérieur des bâtiments. Afin de lutter contre ce fléau, et de diagnostiquer le plus tôt possible la présence de ces moisissures, le CSTB a développé un capteur spécifique. En tout, plus de 10 années de recherches ont été nécessaires dans le domaine de la microbiologie environnementale. "Nous nous sommes rendus compte qu'il était possible de détecter la présence dans l'air de composés organiques volatils émis par les micro-organismes (COVm) qui signalent donc la présence de ces champignons microscopiques", poursuit le spécialiste. Si des capteurs passifs, à positionner dans un environnement clos, existaient déjà, leur analyse nécessitait l'envoi des échantillons vers un laboratoire spécialisé. Un processus long.

 

Un boîtier de détection en temps réel

 

Capteur fongique
Le capteur se présente comme une grosse box Internet, au design très sobre. © Grégoire Noble

 

"Nous avons donc mis au point un capteur microélectronique en temps réel", annonce Enric Robine. Cette balise s'installe donc dans l'environnement à surveiller et elle analyse - en permanence - les informations collectées sur l'atmosphère et alerte, par voie informatique, dès que l'indice de contamination fongique (ICF) augmente. Ce qui permet de lancer une intervention dans les meilleurs délais afin de stopper immédiatement la prolifération des moisissures. L'Institut Carnot CSTB fait valoir : "Grâce au bio-détecteur fongique, les gestionnaires de parc, les conservateurs de patrimoine et même les particuliers pourront à l'avenir prévenir les risques sanitaires et les altérations de leur patrimoine". Le dispositif a été testé dans divers environnements aux conditions thermohydriques particulières : musées, châteaux, bibliothèques et archives, grottes… Et il a reçu le prix Techniques innovantes pour l'environnement au salon Pollutec en 2014.

 

"Une filiale spécifique sera montée à l'été pour le commercialiser", conclut Enric Robine. De quoi préserver de nombreuses collections d'art, des pièces archéologiques inestimables ou… éviter des réactions allergiques désagréables.

 

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