Alors que la ville affiche sa volonté de se tourner vers l'avenir avec un projet de ré-utilisation du site dévasté le 21 septembre 2001, les blessures sont encore profondes et de nombreux dossiers sont encore en suspend.

Trois ans après l’explosion de l’usine AZF de Toulouse, l’heure est au bilan. Les chiffres, terribles, parlent d’eux même : 30 morts, 3.000 blessés recensés, 800 hospitalisations, 12.808 déclarations de dommages corporels au total, 82.263 dossiers d'indemnisations matérielles, 192 bâtiments municipaux touchés et 35.000 logements endommagés, dont 12.800 dans le parc public, obligeant le relogement de près de 6.000 personnes par l'Etat...

Selon Total, 95% des dossiers matériels ont été réglés pour 1,67 milliard d'euros d'indemnités et 65% des dossiers corporels sont bouclés. Ces chiffres hérissent un des porte-parole du collectif de victimes et sinistrés "Plus jamais ça, ni ici ni ailleurs (PJCNina)", Marcel Leroux, pour lequel "des milliers se bagarrent encore au jour le jour, c'est inadmissible".
L’association des sinistrés du 21 septembre compte 800 dossier en attente selon Libération dont le correspondant local a pu constater que plusieurs chantiers restaient en panne à l’image du bâtiment B de la cité du Parc où flotte un calicot de 10 mètres sur 20 avec l’inscription "Trois ans après, ici, rien n’est réglé".

La mairie ne minimise pas des dossiers mais assure que la "quasi-totalité" des logement endommagés est réparée. Seuls deux bâtiments municipaux -une MJC et le Palais des sports- vont être reconstruits dans l'année.
Mais plus qu’une réparation, l'ancien maire de Toulouse, le ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy a souhaité une renaissance de la ville. Symboles de cette action, la création d'une zone franche urbaine dans les quartiers populaires du sud-ouest de la ville, les plus touchés, et surtout, le lancement d'un projet de "cancéropôle" sur le site d'AZF.
Annoncé le 31 mars, il pourrait réunir à terme un ensemble "unique en Europe": plus de 2.000 chercheurs du public et du privé (Pierre Fabre et Sanofi-Synthelabo) dont quelques centaines de créations d'emplois, et "un hôpital anti-cancéreux".

Le collectif s'inquiète cependant pour la dépollution du site, occupé par la défense et la chimie pendant près d'un siècle, alors que la préfecture "n'a pas d'information extraordinaire" et "soumettra le dossier au comité départemental d'hygiène d'octobre ou novembre, après les dernières propositions attendues de Total la semaine prochaine". On devrait alors savoir si le cancéropôle peut voir le jour en 2007 ou si la dépollution devient un combat affirme le collectif.

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