Alors que Bruxelles ne relâche pas ses efforts et souhaite désormais la mise en place d'une durée maximale de détachement, la "victimisation autour du plombier polonais" refait surface par la voix d'une députée polonaise au Parlement européen. D'après elle, "les travailleurs détachés sont plutôt une source de compétitivité." Un argument qui est loin d'être partagé à Bruxelles. Décryptage et témoignages.

Le plombier polonais, vous vous souvenez ? Celui que l'on accuse "de pousser au nivellement par le bas des salaires et des standards sociaux" ? Il refait surface cette fois-ci sur le terrain politique en Pologne, notamment à quelques jours des élections législatives dans ce pays, qui se tiendront le 25 octobre prochain. A l'occasion d'un colloque organisé en France par l'ambassade de Pologne, Danuta Jazlowiecka, députée polonaise au Parlement européen s'est exprimée vivement sur le sujet, rapporte, ce mercredi 14 octobre, le journal Les Echos.

 

La Pologne, bouc-émissaire ?

Et ses propos, plutôt directs, ne sont pas passés inaperçus. "La libre circulation est l'un des fondements du marché intérieur européen, argumente l'élue polonaise dans son discours. Pourtant, cette liberté est remise en cause en France, où l'on préfère parler de dumping social.Pour moi, les travailleurs détachés sont plutôt une source de compétitivité",assène-t-elle.

 

Et à la députée européenne d'enfoncer le clou devant son auditoire sur l'arsenal mis en place par les autorités françaises pour lutter contre le détachement illégal : "Le montant des sanctions est trop important même pour les faits mineurs !".

 


"Il faut aller plus loin", la ministre du Travail, Myriam El Khomri

 

La ministre du Travail, Myriam El Khomri, présente à ce colloque, a immédiatement répliqué : "Il faut aller plus loin. Les pratiques de contournement des règles nationales et européennes se sophistiquent et se multiplient. C'est pourquoi la France souhaite une révision de la directive européenne, jugée beaucoup trop floue en l'état." Rappelons qu'en France, l'arsenal de la lutte contre le travail illégal est exemplaire. Le nombre de contrôles et d'interventions sur les chantiers a doublé : 1.650 en juillet 2015 contre 858 en juin dernier.

 

 

Cette directive européenne d'exécution 2014/67/UE, censée clarifier la mise en œuvre des règles de 1996, a été entérinée le 16 avril 2014 au Parlement européen, la France en tête, aux côtés de la Belgique, des Pays-Bas, de la Suède, du Luxembourg, du Danemark et de l'Autriche, réclament davantage de garanties. "La Pologne ne fait pas partie des pays les plus actifs dans ce sens", nous avait-on glissé en juin dernier au sein du cabinet de Marianne Thyssen, commissaire responsable pour l'Emploi, Affaires sociales, Compétences et Mobilités professionnelles. Rappelons que les 28 Etats membres disposent de deux ans pour la transposer. D'ailleurs, à ce jour, Bruxelles ne relâche pas d'efforts et souhaite désormais la mise en place d'une durée maximale de détachement, nous avait-on également confirmé à Bruxelles.

 


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