Les travaux d'André Potvin l'ont amené à s'intéresser aux mécanismes de liaison entre les poteaux et les poutres en bois, afin d'obtenir des structures à la fois légères et résistantes. "Les assemblages 'dougong' en Chine ou 'chidori' au Japon permettent de concevoir des nœuds rigides mais élastiques", explique-t-il. D'après le chercheur québécois, la préfabrication de tels assemblages en usine serait hautement profitable à la construction bois, grâce à la précision des découpes et des percements. Le "laminated veneer lumber" (LVL) - ou lamibois en français - serait même le matériau le plus adapté pour la production d'éléments de base. Avec ses étudiants de l'université Laval, trois jours seulement ont été nécessaires à l'assemblage d'une structure éphémère en bois de trois niveaux, dans un parc de la ville. Entièrement démontable et grandement modulaire grâce à l'insertion de panneaux amovibles et coulissants, elle préfigurerait la construction d'immeubles à structure bois.

 

 

La R&D à l'œuvre

 

Koichiro Hirata, le président de Nice Corporation, géant japonais de la construction en bois et partenaire de l'Institut technologique FCBA, a présenté à l'auditoire la technologie "Suteki", développée par son entreprise. Cet assemblage particulier utilise des connecteurs en métal à montage rapide, sans vis, qui a permis de construire près de 1.100 maisons d'hébergement temporaires en quelques semaines, à la suite de la catastrophe de Fukushima. Convaincu de l'intérêt pour la construction durable, l'entreprise devrait créer une co-entreprise avec Pavatex, qui fournit des panneaux isolants en fibre de bois, afin de proposer des maisons à empreinte écologique minimale. Autre exemple industriel, celui des Suédois de Moelven Töreboda AB, qui ont développé le concept Trä8 ("Bois 8") exploitant au mieux les performances de résistance des matériaux. Johan Ahlen explique : "Il faut utiliser la résistance dans le sens des fibres verticales, ce que font les arbres eux-mêmes, et qui permet de réaliser des structures élevées". Les éléments, assemblés en usine, atteignent de grandes dimensions et permettent d'assembler rapidement la structure, afin de la mettre le plus vite possible sous la protection d'une toiture. L'eau est, en effet, l'ennemi numéro un de la construction bois, bien plus que le feu. Impliquée dans la construction de la tour Mjosa de Brumunddal (Norvège), l'entreprise est certaine de l'avenir des immeubles de grande hauteur en bois.

 

 

Une étape qui semble également logique pour Erol Karacabeyli, spécialiste canadien, qui estime que les progrès de la préfabrication associée aux capacités du BIM, et ceux des systèmes de fixation vont permettre de réaliser des immeubles toujours plus grands et plus élevés. Il anticipe même l'étape suivante, celle de technologies futuristes comme les poutres et panneaux composites verre-bois, le bois polymérisé ou les nanotechnologies et la biomimétique. La tendance sera alors à utiliser des ressources avec parcimonie, en construisant de façon optimisée, toujours plus léger, en ne renforçant que le nécessaire. Pas de doute, le 21e siècle sera celui des gratte-ciel biosourcés.

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