ETUDE. Les énergies renouvelables et systèmes de stockage de l'électricité devraient faire exploser la demande de nombreux métaux et terres rares dans les années qui viennent. Un phénomène qui aura des conséquences sur l'extraction des ressources dans les pays miniers, et sur leur tarif, dans les pays consommateurs.

Aluminium, argent, cuivre, plomb, lithium, manganèse, nickel, zinc, molybdène, indium, néodyme, cobalt… La liste est sans fin. Pourtant, toutes ces ressources ne sont pas infinies, elles. Et la Banque mondiale l'affirme, la demande ne va cesser de croître en raison de la transition énergétique en cours. Elle vient de publier un rapport intitulé "The growing role of minerals and metals for a low-carbon future" et qui étudie l'impact de la croissance prévue de trois technologies d'énergies renouvelables en cours de déploiement dans tous les pays du globe : éolien, solaire photovoltaïque et stockage par batteries. Et, paradoxalement, plus les nations seront ambitieuses dans la lutte contre le réchauffement planétaire… plus elles auront un impact environnemental en exploitant des gisements et en raffinant des métaux.

 

Selon les chiffres avancés par la Banque mondiale, la hausse de la demande pourrait être particulièrement marquée dans le segment des accumulateurs électriques, où certains métaux comme l'aluminium, le cobalt, le fer, le plomb, le lithium, le manganèse ou le nickel, pourraient voir leur demande multipliée par 10. Un avenir sobre en énergie ne le sera donc pas en termes de ressources. Ce qui pourrait toutefois avoir un impact positif pour les pays qui disposent de gisements, "à condition toutefois que ceux-ci adoptent des stratégies de long terme leur permettant de prendre des décisions d'investissement judicieuses", préviennent les auteurs du rapport. Ils estiment nécessaire d'instaurer des mécanismes appropriés de préservation des populations locales et des écosystèmes impactés. Riccardo Puliti, directeur principal du pôle mondial d'expertise en énergie et industries extractives à la Banque mondiale, relate : "S'ils développent leur secteur minier de façon durable, les pays qui disposent des capacités et des infrastructures pour fournir les minéraux et métaux nécessaires aux technologies propres auront une occasion unique de dynamiser leur économie". Mais pour être bien positionnés sur leurs marchés, les pays devront disposer de données économiques fiables.

 

Toujours l'exploitation des pays du Sud par ceux du Nord ?

 

 

Il ressort des grandes tendances actuelles que le Chili, par exemple, et dans une moindre mesure le Pérou et la Bolivie, joueront un rôle de premier plan dans l'approvisionnement du cuivre et du lithium. Le Brésil, lui, disposera d'importantes capacités en bauxite (minerai dont on tire l'aluminium) et en fer. En Afrique, le Congo Kinshasa s'imposera sur le marché du cobalt, et l'Afrique du Sud, sur celui du chrome. Du côté du traitement de ces matières premières brutes, c'est vers la Chine qu'il faudra continuer à se tourner, et ce pour quasiment tous les métaux essentiels dans les différentes technologies menant à une réduction des émissions de gaz carbonique. Son voisin indien occupera une place dominante pour le fer et l'acier, ainsi que pour le rare titane, tandis que tous les archipels du sud-est asiatique seront bien placés pour la bauxite et le nickel. On remarque immédiatement que, si certains pays miniers comme le Canada et l'Australie disposent également de fortes capacités, ces classements ne font apparaître aucune puissance européenne (ni même occidentale), démontrant une nouvelle fois la dépendance des économies développées. Une lueur d'espoir subsiste toutefois : le rapport de la Banque mondiale ne prend pas en compte le recyclage possible des métaux. Des progrès dans ce domaine pourraient permettre d'économiser les ressources et d'en extraire moins du sous-sol.

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