Un rapport technique, révélé par le Figaro, démontre que les gaines de désenfumage de la tour Montparnasse contiennent de l'amiante et constituent l'origine de la pollution en distribuant des fibres à travers tout l'édifice. Un coup dur pour les occupants du site et les copropriétaires du gratte-ciel qui voient se dessiner le spectre d'une évacuation totale. Mais pour aller où et pour combien de temps ?

Une première expertise, rendue au mois de janvier 2014, estimait que les travaux de désamiantage de la tour Montparnasse étaient à l'origine des pics de pollution observés, et pointait du doigt leur organisation, identifiant au passage les gaines de ventilation comme la "source de diffusion de la pollution dans les bâtiments". Mais, selon un second dossier technique, qui doit être remis à l'Inspection du Travail le 10 décembre prochain, et dont nos confrères du Figaro ont eu des échos, la vérité serait plus grave : l'amiante serait présente dans les gaines de désenfumage du gratte-ciel, distribuant ainsi le polluant à tous les étages. Une réalité qu'Icade, le syndic, connaîtrait déjà depuis le 17 novembre dernier et qui pose le problème de l'évacuation de l'immeuble.

 

Vider entièrement la tour pour la désamianter

De simple vecteur de la pollution, les gaines sont devenues des sources. Un changement de taille, car le retrait de l'amiante va poser d'énormes problèmes techniques, avec la dépose de tous les murs et cloisons qui cachent les conduites, installées avant le second œuvre dans les années 1970. Et l'évacuation, plusieurs fois évoquée mais rapidement écartée par l'assemblée des copropriétaires, concernerait 5.000 employés fréquentant quotidiennement l'Ensemble immobilier de la tour Maine-Montparnasse. Dans les colonnes du Figaro, Michel Parigot, le vice-président de l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva), déclare : "Ce rapport confirme ce que nous disons depuis le début : il faut évacuer la tour et la désamianter complètement". Une décision difficile à prendre pour les 300 copropriétaires qui estiment que plus de 90 % du travail est déjà fait, et que 250 M€ avaient déjà été dépensés pour mener ce chantier en site occupé… Le responsable de l'Andeva déclarait, au mois d'octobre dernier : "La tour Montparnasse est un lieu symbolique (…) l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire. Au lieu de désamianter tout le bâtiment, les copropriétaires ont fait des calculs de boutiquiers et du bricolage, en procédant morceau par morceau. Dans ces conditions, il est difficile de protéger les salariés". Une situation qui a encouragé certains locataires à délocaliser leurs bureaux vers d'autres locaux franciliens, à l'image d'Amundi (filiale du Crédit Agricole) ou de CNP Assurances.

 

Les travaux de désamiantage, aujourd'hui stoppés depuis fin 2013 et ne devant pas reprendre avant la mi-2015, avaient démarré en 2005. Prévus pour durer jusqu'en 2017, le calendrier pourrait être bouleversé par les conclusions du nouveau rapport technique.

 

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