Entre une commande privée en berne, un marché tiré par le neuf, des coûts de construction en augmentation et le marché singulier qu'est la maison individuelle, comment se positionnent les maîtres d'œuvre. Eléments de réponse avec la récente étude du Cnoa.

Quelle place pour les architectes dans la construction ? C'est la question que s'est posée la dernière étude publiée par l'Ordre des Architectes, dont les données sont issues de la Mutuelle des Architectes de France (MAF) et arrêtées pour l'année 2013*.

 

Principal constat : la crise a stoppé la croissance de l'activité des architectes. Alors que le taux de pénétration dans le marché de la construction affichait une progression annuelle depuis l'année 2000 (26.1 Md€ de montant de travaux MAF) jusqu'à 2008 (58.7 Md€), dès 2009, il entame une régression pour s'établir à 56.6 Md€ en 2012. "Cette inflexion de la courbe traduit le ralentissement des constructions neuves, domaine où les architectes sont fortement impliqués, et qui représente 75% de leur activité", note l'étude.

Baisse de la commande privée

Mais ce taux de pénétration diffère selon le type de construction, notamment s'il s'agit de logement ou pas. De fait, la pénétration des travaux MAF dans les travaux de logements apparaît en retrait par rapport à son taux de pénétration pour les autres travaux. Les architectes interviennent moitié moins dans les réalisations de logements par rapport aux réalisations hors logements. Explication ? "Cela peut être en partie lié à l'importance des constructions de maisons individuelles sans intervention des architectes", constate l'enquête.

 

Autre constat : si la commande privée a baissé, elle a néanmoins été compensée par la commande publique qui a joué un rôle d'amortisseur, notamment en 2009 et 2010. La reprise est en effet plus franche à partir de 2011, avec une commande privée qui croît de 10% par rapport à 2010, tandis que la commande publique n'augmente que de 3.2% sur cette même période. A noter que cette dernière pèse pour un tiers du montant total des travaux, contre deux-tiers pour la commande privée.

Le marché de la rénovation en retrait

Par ailleurs, c'est le marché du neuf qui tire l'activité des architectes. Les montants des travaux neuf représentaient 69% des montants de travaux MAF en 2000 ; ils en représentent 73% en 2011. A l'inverse, les montants des travaux d'entretien-amélioration qui représentent 31% des montants de travaux MAF en 2000, en constituent 27% en 2011. "Ces chiffres traduisent une pénétration faible et en recul des architectes dans le secteur de la rénovation ou de la réhabilitation de bâtiments existants à un moment de crise où ce sont bien les travaux neufs qui marquent le pas", constate l'étude.

 

Globalement, il y a une nette prédominance des logements parmi les ouvrages confiés aux architectes, qu'ils soient individuels ou collectifs, ils représentent plus de la moitié des travaux engagés. Or, la chute de la construction neuve (56% de l'activité des architectes) impacte directement les résultats des agences. Suivent les bureaux, commerces et autres constructions, l'industrie et le stockage.

La maison individuelle : une activité non marginale

Sans surprise, les architectes ont peu d'emprise sur le marché de la maison individuelle. En 2011, la maîtrise d'œuvre ne représente que 4% de l'ensemble du marché, en mission complète de conception et suivi de travaux. En cause, le fameux seuil des 170 m2, qui a un réel effet sur le rôle des acteurs et pas seulement des architectes, note l'étude. En détail, le pourcentage de missions complètes augmente de 10% pour les architectes, de 11% pour les auto-constructeurs, les constructeurs perdant 21% de parts de marché au-delà du seuil légal.
Cependant, "même si la part des architectes intervenant dans la construction de maisons individuelles est faible au regard du total construit en France, il n'en demeure pas moins que l'activité de maisons individuelles en mission de conception ou en mission complète avec suivi de travaux pour les architectes n'est pas négligeable", conclut l'étude.

 

 

*Entre 80 et 90% des architectes en activité sont enregistrés à la MAF

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