La start-up aixoise SunPartner, qui a signé un accord dans l'aéronautique avec une société américaine, entend devenir le leader mondial du vitrage (quasi) transparent et producteur d'électricité. Sa technologie Wysips de film photovoltaïque translucide pourrait trouver de très nombreuses applications y compris dans les bâtiments intelligents et la signalétique. Il y a quelques mois, nous nous entretenions avec le dynamique fondateur et président de SunPartner, Ludovic Deblois, sur les développements envisagés.

La société SunPartner, spécialiste des nouvelles technologies de l'énergie solaire, poursuit sa croissance. Elle vient de boucler un tour de table de 4 M€, initié voilà un an, et compte maintenant, parmi ses investisseurs, le Crédit Agricole, la Société photovoltaïque de l'Est, Starquest Capital, PACA Investissement (Turenne Capital), CPG Finance ou Jean-Pierre Gloton, co-fondateur de Gemplus. Car, en seulement cinq ans d'existence, la PME a su trouver de nombreux soutiens et partenaires pour développer ses deux technologies distinctes : un film photovoltaïque transparent d'une part, et un capteur solaire à concentration d'autre part. Dans les trois dernières années, l'entreprise a opéré cinq levées de fonds successives pour un montant total de plus de 9 M€ et elle ne compte pas s'arrêter en si bon chemin : afin d'accompagner la croissance envisagée, liée à la fois à son innovation propre (SunPartner dispose d'un portefeuille de 33 brevets à ce jour) et à ses accords de licence dans divers secteurs, le groupe augmentera son capital de 8 M€ d'ici au mois de mars 2014 (dont 2 M€ d'ici à la fin de l'année). Dans le même temps, il doublera ses effectifs, les portant de 40 à 80 personnes.

 

De très nombreuses applications
L'entreprise a par ailleurs annoncé la signature de deux accords de collaboration dans le domaine de la téléphonie cellulaire, avec le chinois TCL Communication, et dans celui du vitrage pour l'aéronautique, avec Vision Systems. "Avec cet accord sur le vitrage nous abordons les applications locales", nous explique Ludovic Deblois, président de SunPartner. "Il n'y a pas de mise sur le réseau de l'électricité produite. Notre société, en pleine croissance, se concentre sur les marchés de niche plutôt que sur les grands marchés à trop forte concurrence. Avec Vision Systems nous allons développer un hublot équipé d'un système opacifiant électrochimique qui produira lui-même l'énergie dont il aura besoin". Une élégante solution technique qui permettrait de s'affranchir de câbles d'alimentation électrique grâce à la production locale d'électricité, par le hublot lui-même, et grâce à un stockage d'énergie permettant de faire fonctionner l'équipement opacifiant à n'importe quel moment, même en l'absence de lumière. "Un avion contient des dizaines de kilomètres de câbles qui induisent un coût d'installation et de maintenance", précise le co-fondateur de SunPartner, qui imagine des applications également dans l'automobile, pour un toit ouvrant pouvant s'opacifier par exemple.

 

Dans le domaine du bâtiment, les déclinaisons pourraient également être nombreuses : les vitres opacifiantes pourraient remplacer les systèmes de stores et le film "Wysips" (acronyme de "What you see is PV surface") apporterait l'énergie nécessaire à leur fonctionnement. "Ou à l'alimentation d'équipements comme des capteurs. Nous travaillons sur la smarthouse", poursuit Ludovic Deblois. "Les acteurs du secteur nous demandent des solutions 'add on' pour améliorer l'existant sans avoir à recréer une fenêtre. Ces solutions seront développées à l'avenir". SunPartner est notamment sur le point de signer un contrat de co-développement avec Schneider Electric pour des équipements domotiques autonomes en énergie qui seront alimentés par le film photovoltaïque transparent. Outre le bâtiment, la technologie Wysips pourrait également trouver un débouché dans le mobilier urbain. Un démonstrateur de panneau d'affichage de 2 m² entièrement autonome a été développé en collaboration avec Prismaflex qui vise une mise sur le marché dès le début de 2014. "Cette première application de Wysips Cameleon nous ouvre des marchés importants dans le secteur de la signalétique et des façades de bâtiments. Esthétisme et énergie solaire vont désormais de pair", conclut le président de SunPartner Group.

 

Le film solaire translucide :
Schéma de principe
Schéma de principe © Wysips
La technologie consiste à ajouter à une surface vitrée des cellules photovoltaïques non transparentes. Par un effet de prisme et de polarisation, les rayons lumineux qui parviennent à l'œil humain sont détournés et donnent l'illusion d'une excellente transparence. La barre des 60 % de transparence est aujourd'hui dépassée mais SunPartner vise les 90 % pour pouvoir répondre aux exigences de toutes les applications. La quantité d'énergie produite, forcément très inférieure à celle des panneaux solaires opaques, oscille entre 10 et 30 W/m². Là encore, la start up souhaite progresser et atteindre les 50 W/m², soit la moitié d'un capteur classique. Quant au surcoût, par rapport à un vitrage standard, il est évalué entre 15 et 35 %.

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