INNOVATION. Le numéro un de la construction et la startup aixoise, spécialisée dans les technologies du photovoltaïque transparent, lancent une co-entreprise dédiée à la commercialisation de "façades intelligentes, autonomes et connectées". Ludovic Deblois, fondateur de SunPartner, et Jérôme Stubler, directeur général de Vinci Construction, dévoilent leurs plans.

C'est un partenariat entre un géant et une jeune pousse, entre un spécialiste du bâtiment et un expert des technologies photovoltaïques. Vinci et SunPartner ont créé Horizon, une co-entreprise dédié au développement et à la commercialisation de fenêtres intelligentes, autonomes et connectées. Jérôme Stubler, le directeur général de Vinci Construction, explique : "Nous avons remarqué une obsolescence rapide des bâtiments de bureaux, depuis 5 ans, et nous nous sommes dits que l'ensemble des surfaces d'un bâtiment devraient devenir productrices d'énergie". Ludovic Deblois, le fondateur et président de SunPartner, renchérit : "Mais sans impacter l'esthétisme du bâtiment, grâce à des vitrages photovoltaïques transparents et intelligents".

 

 

D'où la fenêtre Horizon, qui est à la fois opacifiante (électrochromie) et productrice d'énergie de façon à la rendre, a minima, auto-suffisante. Grâce à l'énergie produite par le vitrage solaire Wysips et un petit système de stockage, il est ainsi possible de la piloter grâce à un boitier ou une application sur smartphone. Trois modes de contrôle existent : via la GTB/GTC du bâtiment qui gérera l'ensemble des façades en fonction de la luminosité et de la température, en mode autonome pour les plus petites constructions qui ne disposent pas forcément de gestion technique dédiée, ou enfin en local, par l'usager lui-même. Le résultat ? Des économies d'énergie sur la climatisation et de ressources, puisque aucun câble n'est nécessaire pour relier cette fenêtre intelligente au réseau électrique.

 

Mieux contrôler les apports solaires dans un bâtiment

 

Les partenaires visent tout d'abord le marché du tertiaire : ils estiment le marché des vitres opacifiantes classiques - qui nécessitent donc une source d'énergie pour fonctionner - à 10 millions de mètres carrés. Leur produit viendrait habilement répondre à la problématique de gestion des apports solaires, en permettant des économies de l'ordre de -30 % dans des bâtiments en zone tempérée (et même de -60 % au Moyen-Orient).

 

Jérôme Stubler relate : "A la Défense, en raison de la présence des occupants et de la chaleur dégagée par les équipements, les besoins de refroidissement des tours commencent dès que la température extérieure dépasse les 8 °C, autant dire tout le temps… Il est donc important de bien gérer ces apports solaires". Toutes les tailles de vitrages photovoltaïques et opacifiants devraient être réalisables, grâce à une méthode de production par laminage qui masque les jonctions entre les éléments photovoltaïques.

 

Objectif : 150.000m² produits en 2018

 

"Les première commandes seront prises au début de 2017 pour un démarrage de production à l'été", annonce Ludovic Deblois, qui précise que SunPartner (et donc maintenant Horizon) travaille avec de nombreux architectes sur des projets intégrant la solution de façade.

 

 

La société, qui a investi 8 M€ dans son outil industriel, espère produire 30.000 m² dès l'an prochain, puis atteindre les 150.000 m² de vitrages photovoltaïques transparents en 2018. Il est d'ores et déjà prévu que le futur siège de Vinci à Nanterre, dont le permis de construire sera déposé dans quelques jours, intègre des fenêtres Horizon. Elles y seront conjuguées au système Greenfloor de "gestion de la chaleur perçue par l'occupant" qui permet, grâce à un plafond rayonnant (vecteur air), d'abaisser la température ressentie dans un local.

 

Côté prix, les partenaires se montrent évasifs mais ils assurent que la fenêtre intelligente est équivalente aux coûts additionnés d'une menuiserie, d'un système de stores et d'un brise soleil, "alors que le coût d'exploitation sera inférieur, puisque sans maintenance". Ludovic Deblois précise que le prix, au mètre carré du seul vitrage photovoltaïque est compris entre 200 et 700 € pour une puissance oscillant entre 10 et 110 W/m² (selon l'opacité). Jérôme Stubler est sûr de lui : "Le marché du vitrage photovoltaïque est incroyable : il passera de 3 Mrds de dollars en 2015 à 26 Mrds en 2022 ! Car les énergies renouvelables prennent de la place, qui se fait rare. Or, les surfaces des bâtiments est encore inexploitée". Outre le tertiaire neuf, Horizon se tournera donc, un jour, vers le marché de la rénovation.

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