Après le scandale Parmalat, la justice italienne a ouvert une enquête pour faux bilan sur les comptes d'Impregilo, numéro un italien de la construction, et de sa filiale Imprepar, mise en liquidation l'an dernier.

Le spectre d'un nouveau scandale financier hantait mercredi le monde des affaires italien, ébranlé par l'affaire Parmalat, après l'ouverture de cette enquête pour faux bilan ouverte par le parquet de Monza (nord).

Elle concerne les comptes 2003 du groupe et de sa filiale Imprepar, mise en liquidation l'an dernier.
Les deux plus hauts dirigeants du groupe sont visés par les juges, à savoir le président Paolo Savona, et l'administrateur délégué Pier Giorgio Romiti.
Des documents ont été saisis au siège du groupe ainsi que dans les locaux du cabinet Deloitte et Touche, qui vérifie les comptes.

Le premier groupe italien de construction est détenu à 24,8% par l'influente famille Romiti, via leur holding financière Gemina. Cette famille s'est récemment désengagée du groupe de presse et d'édition RCS MediaGroup, éditeur du Corriere della Sera, le principal quotidien italien, pour soutenir sa filiale de BTP.

Impregilo a tenté de rassurer les marchés dès que l'annonce d'une enquête a été rendue publique mardi, en affirmant avoir adopté "des critères de valorisation corrects dans la rédaction de ses bilans et en avoir fait mention".
Mais les investisseurs, échaudés par les scandales des groupes agroalimentaires Parmalat et Cirio qui ont secoué le marché italien, ont joué la prudence en tentant de vendre leurs titres.

L'action Impregilo, suspendue depuis mardi, était incotable mercredi en début d'après-midi après plusieurs tentatives, le cours dépassant la variation autorisée. Le titre Gemina plongeait de son côté de 6,77% à 0,83 euro à 14H20, après avoir chuté de 9,66% mardi.

Selon les premières explications fournies par le groupe italien, la justice enquête sur un crédit accordé par Impregilo à sa filiale Imprepar.
Ce crédit, inscrit pour un montant de 296 millions d'euros dans les comptes 2003, n'a pas été actualisé en dépit de la mise en liquidation de la filiale en février 2003. Or la société ne devrait probablement pas récupérer la totalité de sa créance.
C'est le manque de clarté de l'affaire qui incite en outre le marché à être prudent. "La situation n'est pas claire et l'exposition est assez importante", relève un courtier milanais.

Cette affaire survient à un très mauvais moment pour Impregilo puisqu'elle complique l'augmentation de capital de 400 millions d'euros prévue au premier trimestre 2005 destinée à rembourser une série d'obligations arrivant à échéance en 2005 pour 550 M EUR. La société a aussi fait part de son intention en juin d'emprunter 500 M EUR aux banques.

Impregilo a indiqué que les banques chargées de piloter l'augmentation de capital ont demandé une révision extraordinaire des comptes qui n'a appelé aucune remarque de leur part ni de la part du cabinet Deloitte, auteur de cet audit supplémentaire.

Impregilo a réalisé un chiffre d'affaires de 2,9 milliards d'euros en 2003, aux deux tiers en Italie où elle réalise notamment plusieurs chantiers de liaisons de train à grande vitesse.
Elle est aussi candidate au projet pharaonique de construction du pont sur le détroit de Messine, devant relier la péninsule à la Sicile, et qui doit devenir le plus grand pont suspendu du monde.

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