Les technologies qui transforment le rayonnement solaire en chaleur puis en énergie, sont adaptées aux pays à fort ensoleillement. Si la France ne bénéficie que de quelques sites exploitables, le pays dispose en revanche d'entreprises présentes sur toute la chaîne de valeur. Selon une étude d'Ernst & Young, la filière pourrait capter jusqu'à 10 % d'un marché mondial en pleine expansion avec des milliards d'euros et des milliers d'emplois à la clé.

Toute la filière du solaire thermodynamique s'est réunie à Paris sous l'égide du Syndicat des Energies Renouvelables et de l'Ademe, afin d'évoquer les débouchés possibles pour cette industrie en plein essor. "Le thermodynamique hybride permet d'avoir une production garantie 24 heures sur 24. Et le développement de capacités de stockage grâce à des sels fondus par exemple permet un fonctionnement stabilisé et décalé par rapport aux phases de production", explique Jean-Louis Bal, le président du SER. Grâce à cette capacité à lisser cette production, ignorant donc les passages nuageux et le coucher du soleil, les applications seraient donc nombreuses pour les technologies transformant le rayonnement solaire en chaleur puis en énergie mécanique, électrique ou chimique. Les développements, tardifs par rapport au photovoltaïque, sont toutefois maintenant rapides. "A la fin de 2012, une puissance de 2.500 MW étaient installés dans le monde, dont 1.000 MW installés au cours de la dernière année, et plus de 13.000 MW sont annoncés", précise Jean-Louis Bal.

 

Un marché à fort potentiel
Selon l'Agence Internationale de l'Energie, le solaire thermodynamique produira 11 % de l'électricité mondiale en 2050, soit environ 5.000 TWh ce qui correspond à… la consommation des Etats-Unis ! Le marché potentiel serait donc considérable, avec des investissements attendus de plusieurs dizaines de milliards d'euros. "La France peut jouer un rôle de premier plan !", scande le président du SER, qui souhaite que la filière se tourne vers l'exportation, le marché français restant limité pour ces technologies. "Nous avons été pionniers avec la centrale Themis en 1983, valorisation de travaux du CNRS menés à Odeillo", raconte Roger Pujol, le président de la commission Solaire thermodynamique au SER. "Mais il y a eu moins de constance dans l'industrialisation des procédés. La filière a été relancée en 2005, grâce à l'Ademe. Puis il y a eu un appel à manifestation d'intérêt lancé en 2011, qui a conduit à retenir quatre projets réunissant PME, ETI et grands groupes", poursuit-il. Car si le territoire français ne dispose que de quelques sites exploitables, il faut particulièrement en profiter pour réaliser des démonstrateurs du savoir-faire technique national.

 

20.000 emplois pour 1 Mrd € de valeur ajoutée en 2020 ?
Alexis Gazzo, du cabinet de conseil Ernst & Young, a ainsi présenté les résultats d'une étude portant sur les retombées économiques attendues pour la France, de cette filière résolument tournée vers l'international. "La plupart des projets seront construits à l'étranger, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, en Inde, Chine, Australie, et aux Amériques. Mais il existe finalement peu d'acteurs au niveau mondial. Et la France dispose d'acteurs sur toute la chaîne de valeur : développement, ingénierie, construction, génie civil, fabricant de miroirs et concentrateurs, producteurs de moteurs et turbines, industrie chimique pour le fluide caloporteur…", précise-t-il. De quoi alimenter de nombreux espoirs. "En captant 10 % du marché mondial, ce serait plus d'un milliard d'euros de valeur ajoutée qui serait généré pour 20.000 équivalents temps plein (ETP) en 2020, puis 2 Mrds € et 50.000 ETP en 2050", explique Alexis Gazzo. Des emplois maintenus ou créés qui auraient évidemment des retombées fiscales intéressantes.

 

"Le solaire thermodynamique a déjà été identifié comme enjeu clé pour la France", déclare Jean-Guillaume Peladan, polytechnicien et directeur des Investissements d'Avenir pour l'Ademe. Pour lui, l'impact de l'appel à manifestation d'intérêt a été significatif, avec plus de 200 acteurs mobilisés au total à travers le pays. Toutefois, s'il remarque un grand nombre de projets en lien avec la technologie Fresnel ou avec les miroirs cylindro-paraboliques, le responsable note que les centrales à concentration munies de tour sont encore absentes. De grands acteurs comme Alstom (grâce au rachat de BrightSource) auraient toutefois les compétences et capacités pour en développer.

 

Le SER demande aux pouvoirs publics d'amplifier encore le soutien à la filière, notamment en réservant une tranche de 100 MW au solaire thermodynamique dans le prochain appel d'offres pour les installations solaires d'une puissance supérieure à 250 kWc. Le syndicat espère également que les industriels français seront épaulés, à la fois dans leurs démarches de R&D et dans leurs campagnes de conquête de marchés étrangers.

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