INTERVIEW. La startup Confluens, qui souffle cette année sa deuxième bougie, s'attache à développer un langage commun à tous les acteurs de la domotique, afin que les équipements puissent interagir. Marcel Torrents, président de la coentreprise, dévoile à Batiactu les dessous de cette initiative.

Batiactu : La création de Confluens a été annoncée voilà deux ans, lors de la clôture du colloque Smart Home de la Fédération des industries électriques, électroniques et de communication. Où en est-on aujourd'hui ?
Marcel Torrents : Confluens a été créée par six industriels de la domotique (CDVI, Delta Dore, Hager, Legrand, Schneider Electric et Somfy), mais elle est ouverte à tous ceux qui veulent s'y impliquer. Le but est de parvenir à ce que les produits existants ou ceux du futur puissent communiquer entre eux. Il y a, actuellement, un foisonnement de solutions et de "standards". Il nous a semblé qu'il fallait leur permettre une certaine interopérabilité, tout en respectant les écosystèmes des différents constructeurs. D'où l'idée d'un "métalangage" qui servirait de passerelle entre les systèmes. Nous allons présenter un prototype fonctionnel ce jeudi 25 juin 2015, qui a été développé et testé pendant deux ans. L'objectif est désormais de s'ouvrir à un maximum de partenaires pour que le lancement commercial - espéré pour le premier semestre de 2016 - soit le plus large possible.

 

Batiactu : En quoi consiste exactement cette solution ?
M.T. : Le métalangage est un logiciel intégré à la box des différents constructeurs partenaires. Il est destiné au marché mondial de la domotique et intègre un lexique et des scénarios communs. Sécurisé, il permet, par exemple, à une alarme Delta Dore de contrôler des volets Somfy et des éclairages Legrand. L'enjeu est de s'assurer que tout est compris, que les ordres sont corrects et qu'on a toujours une garantie de fonctionnement. Le métalangage est certes moins fin que chacun des langages mais il est suffisant pour assurer le service. Ainsi, le consommateur n'est pas prisonnier d'un langage, car aucun des constructeurs n'a toutes les solutions. Et tout est automatique, il n'y a pas de manipulation à faire. La difficulté a été de se mettre d'accord à six sur les principes du langage : à partir des spécificités de chaque société nous avons fait développer, en externe, le métalangage, et les propriétés attachées telles que les droits d'usage de chacun, etc.

 

Batiactu : S'adressant à un marché mondial comme celui de la domotique, y a-t-il d'autres projets comparables au vôtre ?
M.T. : Pas à notre connaissance. Des géants mondiaux comme Samsung, Google ou Apple ont chacun voulu imposer des langages standards, mais aucun ne s'est imposé. Nous nous sommes donc placés au-dessus pour faire cohabiter les langages déjà existants. L'initiative Confluens rentre dans le cadre "Industrie du Futur" qui a succédé aux Plans de la Nouvelle France Industrielle. Nous avons déjà créé sept scénarios différents et nous devrions atteindre les onze. Puis nous espérons que de nouveaux constructeurs arriveront, ce qui amènera des évolutions. Nous souhaitons une ouverture aux acteurs de la domotique et des objets connectés, pour faire en sorte de vendre ce système et de l'enrichir. Nous visons des grandes marques, comme l'allemand Siemens qui n'en fait pas encore partie, ou d'autres acteurs de l'éclairage, des thermostats… Nous sommes ouverts aux fabricants de produits électroménager blanc ou brun : l'idéal serait d'avoir un maximum d'acteurs différents et internationaux. Confluens ne se conçoit pas comme un nouveau standard, mais comme un outil indépendant permettant de développer des fonctionnalités, une solution au-delà des standards pour que tout communique.

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