Les actionnaires du groupe de chimie suisse Sika, réunis en assemblée générale, campent sur leurs positions : menés par Paul Hälg (président), ils refusent de passer sous le contrôle de Saint-Gobain à l'occasion d'une transaction menée directement entre les héritiers de la famille Burkard et le géant français. Rien de nouveau, en somme.

Le président de Sika, Paul Hälg, n'admet toujours pas l'idée d'une transaction entre les héritiers du groupe qu'il dirige et le groupe français Saint-Gobain. En ouvrant l'assemblée générale des actionnaires, ce mardi 12 avril 2016, il a déclaré : "Elle aide seulement à enrichir les héritiers de la famille Burkard et donne la possibilité à Saint-Gobain de gagner pleinement le contrôle de Sika, ce qu'il utilisera probablement à son propre avantage".

 

 

Retour sur les faits : en décembre 2014, le géant français des matériaux de construction propose 2,5 Mrds € aux héritiers du fondateur de Sika en contrepartie des 16,1 % du capital qu'ils détiennent et qui, surtout, sont attachés à 52,4 % des droits de vote. Une situation qui permettrait à Saint-Gobain de prendre effectivement le contrôle de l'entité suisse, sans passer par une coûteuse et risquée offre publique d'achat sur les marchés. Urs Burkard, un des héritiers, fait valoir : "Dans Saint-Gobain, nous avons trouvé le bon propriétaire pour notre participation familiale". Dans un courrier adressé aux actionnaires, Pierre-André de Chalendar, le p-dg du groupe français, détaille : "Notre détermination est sans faille car nous sommes convaincus de notre bon droit, mais aussi - et surtout - de l'intérêt de notre opération pour Sika comme pour Saint-Gobain".

 

Pas une histoire d'argent mais d'honneur, pour les actionnaires

 

 

Un argumentaire qui ne convainc pas les actionnaires, parmi lesquels des fonds d'investissements appartenant à des personnalités comme Bill Gates. Justin Howell, représentant de ces investisseurs internationaux, explique : "S'il s'agissait uniquement d'argent, nous aurions pu vendre nos actions et passer à autre chose. Mais il ne s'agit pas d'argent ; il s'agit de la primauté du droit sur l'avarice individuelle, et de s'assurer du respect des protections pour les actionnaires mises en place par les générations précédentes". Car la répartition inhabituelle des droits de vote avait précisément été mise en place pour… éviter une OPA hostile sur le groupe Sika. Cruelle ironie.

 

L'épilogue du dossier, encore lointaine semble-t-il, se jouera d'abord dans les tribunaux suisses, où une décision portant sur la limitation imposée aux droits de vote de la famille Burkard sera rendue après l'été. "La prochaine étape est la décision de la Cour, qui interviendra probablement dans la seconde moitié de l'année", a déclaré Paul Hälg. Le tenace président a été reconduit dans ses fonctions à une écrasante majorité (87,61 % des voix). Peut-être afin de mener la bataille finale ?

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