PATRIMOINE. La serre de la Gobinière du parc Michel Baudry (Orvault, Loire-Atlantique) qui était attaquée par la rouille a failli disparaître, remplacée par un facsimilé moderne. Mais, contre toute attente, une entreprise de serrurerie-ferronnerie a entrepris de la restaurer en employant des techniques de pointe, permettant de rendre vie à cette structure plus que centenaire.

Le parc Michel Baudry appartenait autrefois au château de la Gobinière, aux portes de Nantes. Bel espace de 7 hectares, racheté aux Sœurs de la Retraite en 1976, il accueille aujourd'hui dans des dépendances le service culture et sport de la ville d'Orvault ainsi que différents ateliers de loisirs pédagogiques et artistiques. Adossé à un bâtiment se trouvait une serre, construite dans la seconde moitié du 19e siècle, dont l'avenir était incertain : rongée par la rouille, l'intégrité même de la structure était menacée au point que la mairie la considérait comme irrécupérable et prévoyait d'en faire reconstruire une, à l'identique, perdant donc l'authenticité des lieux.

 

 

Mais la société Crézé a eu une toute autre idée : pour le même budget, l'entreprise de serrurerie-ferronnerie a déployé des trésors de patience et de savoir-faire pour conserver la structure historique en la renforçant, sans détériorer l'esthétique originelle. Les intervenants ont même collaboré avec le Centre technique des industries mécaniques de Nantes (Cetim) afin de valider un processus de soudure spécifique permettant d'assembler fer ancien et fer neuf, au moyen d'éprouvettes du matériau et de radiographies.

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Serre de la Gobinière : un diagnostic sans appel

Serre de la Gobinière
Serre de la Gobinière © Crézé
Les ferronniers détaillent : "La serre, avant dépose, était dans un état moyen. La rouille était bien présente et menaçait sérieusement la cornière basse servant à la fixation de l'ensemble sur le muret en pierre". Structurellement, la serre est un ensemble de cornières et de fers à té, assemblés par vissage, recouvert de vitrages posés sur solin mastic. Diverses restaurations ont eu lieu au cours du temps, plus ou moins réussies selon les professionnels qui notent l'ajout d'éléments de renfort par soudure : "Une tôle galvanisée a été ajoutée en partie basse pour tenir les fers à té corrodés". Les ouvrants étaient encore fonctionnels mais présentaient, eux aussi, une dégradation avancée.

 

Serre de la Gobinière : un démontage total

Serre de la Gobinière
Serre de la Gobinière © Crézé
Forte de ce constat, la société Crézé s'est lancée : "Pour la restauration, la serre a dû être entièrement démontée. Pour ce faire, des bandes d'étanchéité ont été décollées des fers et les joints mastic ont été grattés afin de pouvoir retirer les verres". Une fois allégée des vitrages, la structure métallique a été découpée en plusieurs tronçons afin de pouvoir la transporter à l'atelier pour un sablage complet. Débarrassée de la rouille, la serre est ensuite passée par l'étape renfort.

 

Serre de la Gobinière : la pose des discrets renforts

Serre de la Gobinière
Serre de la Gobinière © Crézé
Des plats cintrés ont été rajoutés au dos des fers à té existants, afin de consolider l'ensemble sans modifier les clairs de vue. De même, les demi-ronds qui faisaient la liaison entre ces fers ont été remplacés par des tiges filetées, boulonnées aux extrémités, et habillées d'un tube rond. Différents profilés trop abîmés par la corrosion ont également été remplacés.

 

Serre de la Gobinière : thermolaquage intégral

Serre de la Gobinière
Serre de la Gobinière © Crézé
Une fois renforcée, la structure a été pré-montée en atelier, avant que ses éléments ne soient envoyés en thermolaquage. La totalité a été traitée par métallisation (120 microns) puis thermolaquée dans une teinte gris-blanc.

 

Serre de la Gobinière : des consoles refaites à neuf

Serre de la Gobinière
Serre de la Gobinière © Crézé
Côté liaison avec le bâtiment en pierre, la note de calcul imposait de fixer les consoles en fer par des goujons Epomax, nécessitant la création d'un empochement de béton. Des renforts supplémentaires en profilé ont été mis en place, afin d'assurer le maintien de la serre et de servir de support à une passerelle en toiture. Cette dernière a nécessité la pose d'un garde-corps d'une douzaine de mètres de longueur avec main courante et poteaux, tout en acier, en remplacement d'une structure en bois.

 

Serre de la Gobinière :

Serre de la Gobinière
Serre de la Gobinière © Crézé
Une fois remise en place, la serre restaurée a été habillée de vitrages de 4 mm d'épaisseur en écailles de poisson, avec mastic d'étanchéité. Des claies d'ombrage en lattes de pin ont été fixées dans la partie supérieure de la verrière, afin de limiter les apports solaires dans la serre.

 

Serre de la Gobinière :

Serre de la Gobinière
Serre de la Gobinière © Crézé
Résultat : le maître d'ouvrage (et maître d'œuvre) a récupéré une serre du 19e siècle flambant neuve, et remise aux normes. Le chantier n'aura duré que six mois (entre juin et décembre 2016) et aura nécessité 178 k€ d'investissements. Mais comment évaluer la prolongation de vie du patrimoine ?

 

Serre de la Gobinière : la fiche technique

Serre de la Gobinière
Serre de la Gobinière © Crézé
Localisation : parc Michel Baudry
Type : serre du 19e siècle recevant du public
Maître d'ouvrage/maître d'œuvre : mairie d'Orvault (44706)
Surface : 75 m²
Entreprises intervenantes : Crézé SAS (serrurerie-ferronnerie), FL Construction (maçonnerie)
Calendrier : juin-décembre 2016
Budget : 178.000 € HT