Dans la Sarthe, une espèce de scarabée protégée par la législation européenne, le pique-prune, empêche depuis quatre ans l'achèvement de l'autoroute Alençon-Tours. L'affaire n'a rien d'unique.

A l'extrême sud des Pays-Bas, un rongeur en voie de disparition, le grand hamster, retarde pour la même raison la construction de l'autoroute Venlo-Maastricht. A l'autre bout de la planète, le Conseil régional d'Auckland a ajourné les travaux d'une autoroute de sortie de la capitale en raison de la présence d'un oiseau rare, le tuturiwhatu, selon le ministère néo-zélandais de l'Environnement.

Et à 60 km de Johannesburg, où la disparition des ressources naturelles sous l'effet des activités humaines est un thème prioritaire du 2ème sommet de la Terre, un papillon protégé, le Chrysoritis Aureus, a retardé la construction d'un lotissement à Heidelberg.

"La conservation globale de la nature a un intérêt économique évident", relève l'écologiste français Christophe Beurois. "En boulottant les vieux chataîgniers dans lesquels il niche, le pique-prune contribue à la formation de l'humus qui retient l'eau et enrichit les sols. Et donc à la fertilité de l'agriculture".

L'immense richesse des ressources naturelles (14 à 30 millions d'espèces estimées) constitue la "biodiversité". Elle englobe animaux, plantes, microorganismes, gènes (chromosomes, gènes et ADN) et habitats (forêts, prairies permanentes, sols agricoles, montagnes, déserts, zones humides, fleuves et mers).

Sa défense part de l'idée que les diverses formes de vie, dont l'homme, interagissent les unes avec les autres et constituent un tout avec l'espace où elles se développent. En détruisant les autres êtres vivants et leurs habitats, l'homme menace sa propre survie.

La nature fournit à l'homme nourriture, vêtements, médicaments et des services comme la pollinisation des plantes par les insectes et les oiseaux.

"La médecine occidentale tire 50% de ses produits de 119 principes actifs de plantes ou de la synthèse de ces substances", indique un Atlas mondial du développement durable de l'écologiste française Anne-Marie Sacquet.

"Au rythme actuel de disparition des plantes et des animaux, la planète perd un médicament essentiel tous les deux ans", calcule l'ONU dans un Atlas mondial de la biodiversité sorti le 1er août.

D'après l'Union mondiale pour la nature (UICN), l'homme accélère de 1.000 à 10.000 fois l'évolution (disparition naturelle) des 1,8 million d'espèces actuellement recensées. 11.000 espèces sont menacées d'extinction à court terme dont 5.400 animaux, selon l'ONG spécialisée.

Les forêts tropicales hébergent la moitié des 1,8 million d'espèces répertoriées et 80% des espèces d'arbres. Situées principalement au Brésil, en République démocratique du Congo (RDC) et en Indonésie (50% de la superficie totale), elles régressent dramatiquement (9-10 millions d'hectares/an, selon l'ONU) sous l'effet de la déforestation et de la surexploitation.

A Johannesburg, les Européens souhaiteraient que l'on s'engage à "renverser la tendance actuelle de perte des ressources naturelles d'ici 2015". Des pays nordiques plaident même pour un engagement à "stopper" d'ici 2010 les pertes de biodiversité.

Les Etats-Unis comme les pays émergents producteurs de bois (Brésil, Indonésie et Malaisie) rejettent toute date.

A défaut d'engagement politique concret, Américains, Japonais et Européens présenteront un projet commun de coopération Nord-Sud et avec le secteur privé pour protéger les forêts du bassin du Congo. Un projet similaire pour la forêt indonésienne est également en discussion.

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