Activité et rentabilité basses, retards de paiement et problèmes de trésorerie… Le climat économiquement difficile accroît la fragilité des entreprises du BTP, analyse la septième étude sur la santé financière des sociétés du secteur.

"Le climat conjoncturel morose dans le bâtiment renforce la fragilité des entreprises du secteur", annonce l'étude 2008-2014 de BTP Banque, une filiale du Crédit Coopératif, qui livre là la septième édition de son analyse annuelle. En se fondant sur les bilans de 5.500 de ses clients (voir encadré), l'établissement dresse un état des lieux de la situation financière des sociétés du monde de la construction en France. Et cette dernière continue de se dégrader…

 

Les indicateurs d'activité et de rentabilité, tout d'abord, affichent des niveaux particulièrement faibles, entraînant une faible valeur ajoutée. BTP Banque explique : "En cause, l'augmentation significative du prix des matières premières, la difficulté d'adapter les outils de production, la baisse en volume de l'activité et un contexte de concurrence vive et agressive. A cela, s'ajoute le poids des charges de personnel, qui représente entre 80,8 et 87,5 % de cette valeur ajoutée". La rentabilité des entreprises, qui était stable en 2013, est restée basse en 2014 : si elle a légèrement augmenté pour les entreprises de gros œuvre et de second œuvre (+0,2-0,3 %), elle s'est en revanche érodée dans les TP (-0,2 %). La part des entreprises déficitaires reste également inchangée : elle est de 16 % dans le gros œuvre, de 19 % dans le second œuvre et de 12,5 % dans les TP.

 

L'indispensable recours aux crédits de trésorerie

 

Les délais de paiement, toujours élevés, ont toutefois diminué (-1,5 jours). "Cette réduction des délais fournisseurs s'explique notamment par l'application de la loi de Modernisation de l'économie du 4 août 2008, qui encadre et plafonne les délais de paiements entre les professionnels", font valoir les auteurs de l'étude. Toutefois, les problèmes de trésorerie restent très présents : elle a chuté en 2014 dans les trois secteurs de la construction (-5 % dans le gros œuvre, -4 % dans le second œuvre et -3 % dans les travaux publics). "Une baisse très significative qui s'explique par la structure financière des entreprises qui s'érode, par des comptes clients trop lourds, des difficultés à encaisser les créances et des délais fournisseurs de plus en plus courts", analyse BTP Banque. Le recours aux crédits de trésorerie est donc de plus en plus nécessaire pour financer l'activité.

 

Claude Lavisse, le président du directoire de BTP Banque, déclare : "D'une manière générale, l'exercice 2014 confirme bien la fragilité des entreprises du BTP. Le niveau de défaillance reste toujours élevé et, malgré une stabilisation, les indicateurs d'activité et de rentabilité sont en détérioration sur les six dernières années". Des données corroborées par les chiffres de la FFB et de la FNTP : la première note des mises en chantier de logements neufs et des demandes de permis à des niveaux très bas, tandis que la seconde enregistre une activité historiquement basse en 2015.

 


Echantillon de l'étude :
L'étude a porté sur 5.500 entreprises ayant un chiffre d'affaires compris entre 0,5 et 150 M€ : 1.500 entreprises de gros œuvre (CA cumulé de 9 Mrds €) ; 3.000 entreprises de second œuvre (13 Mrds €) et 1.000 entreprises de travaux publics (9 Mrds €).
Plus finement, le secteur du second œuvre est divisé en 350 entreprises de menuiserie (1 Mrd €) ; 450 entreprises de métallerie (3 Mrds €) ; 500 entreprises de charpente couverture isolation (2 Mrds €) ; 900 entreprises de corps d'état techniques (4 Mrds €) et 800 entreprises de finitions (3 Mrds €).

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