Rénover des bâtiments historiques se révèle une opération bien souvent complexe… Sécurité, accessibilité, efficacité énergétique, sans oublier préservation du patrimoine sont autant de défis à relever. Dans ce contexte, quelle est la place de l'innovation ? Quelles sont les solutions appropriées avec les nouvelles normes en vigueur ? Elements de réponses.

Exigences sociales, économiques et environnementales… Les défis sont nombreux lors d'une rénovation de patrimoine. Et plus particulièrement en termes de normes.

 

Adapter un bâtiment historique à des performances énergétiques sans que celui-ci perde son "âme" est sujet à de nombreuses questions. "Il ne faut jamais oublier ce qu'ont été ces constructions, et leur parcours de vie", souligne Nicolas Regnier, président Fondateur de Green Soluce, cabinet de conseils associant ingénierie, management, et analyse du marché de la performance énergétique. Une évolution des usages dont il faut tenir compte. Parmi les exemples les plus connus, on peut citer la grande Halle de Villette qui abritait auparavant un marché aux bœufs ou le musée d'Orsay qui était autrefois une gare. Des réalisations qui ont conservé des traces de leur passé que cela soit par leur structure ou des éléments symboliques. "La transmission est notre préoccupation. Elle guide notre action et nos concertations", développe Laurence Magnus, architecte des bâtiments de France.

Conformité aux normes thermiques et sociales

Si, bien sûr, l'esthétique, l'intégration au paysage et la cohérence d'un projet orientent les choix d'un chantier, l'enjeu de rénovation porte aussi l'amélioration de la qualité de vie dans ces bâtiments. Les travaux, souvent fastidieux et complexes, visent la conformité avec les nouvelles normes en vigueur, notamment thermiques. Ici, priment la perméabilité à l'air, les matériaux respirants ou encore le coefficient de transmission thermique non quantifiable. Si les normes sont là, bon nombre d'experts s'accordent à dire que le bon sens doit prévaloir : "Certains de ces bâtiments ont traversé le temps, ils ont donc en quelque sorte créé un écosystème (protecteur). Il faut donc en tenir compte même si cela ne correspond pas aux normes actuelles", précise Denis Thélot, architecte de sécurité en chef de la préfecture de police de Paris. Un bon sens qui s'appuie sur des facteurs simples à prendre en compte comme les apports (solaires, vents etc.) et les pertes à réduire. "Il faut comprendre le bâtiment, puis s'adapter et adapter les technologies", glisse Nicolas Regnier. Autres normes à respecter qui peuvent également poser des problèmes : la stabilité au feu et l'accessibilité. Concernant la première, c'est l'activité qui définit la règle. Seulement voilà, aujourd'hui, les bâtiments sont modulables et peuvent accueillir une exposition un jour et une compétition sportive un autre. "Un paramètre à prendre en compte", souligne Denis Thélot. Même constat pour l'accessibilité qui nécessite parfois des demandes de dérogations, ou de trouver des solutions alternatives et astucieuses.

Innovation et ingéniosité

Il faut donc être ingénieux, analyser, se concerter. Et le résultat est là. On peut voir des façades revêtir des murs végétaux lors de travaux de ravalement, des doubles peaux ornées des enveloppes haussmanniennes, etc. "Il faut être innovant en la matière", souligne Laurence Magnus, donnant l'exemple " d'un immeuble des années 80 qui a subi une réhabilitation grâce à un système d'isolation intérieur créer dans le marbre". Et ainsi de compléter : "Il faut parfois refuser l'isolation thermique par l'extérieur et tout simplement isoler au bon endroit (fenêtre, porte, toit etc.)". Un discours qui fait écho au débat actuel puisque certaines dispositions de la loi sur la transition énergétique mettent en avant l'obligation d'isolation par l'extérieur en cas de travaux en façade ou en toiture. Plusieurs amendements ont été déposés par les architectes qui espèrent bien obtenir gain de cause. Réponses dans les prochaines semaines…

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