Avec sa visite à Lens et Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), François Hollande a donné mardi 16 décembre le coup d'envoi de la deuxième vague du programme de rénovation urbaine, un immense chantier doté de 5 milliards d'euros et ventilé sur dix ans (2014-2024). Au final, l'Etat compte bien que ce deuxième acte génèrera près de 20 milliards d'euros de travaux, et qu'il créera "près de 240.000 emplois" dans la filière du BTP.

Accompagné par Patrick Kanner et Myriam El Khomri, son ministre et sa secrétaire d'Etat en charge de la politique de la Ville, le chef de l'Etat a donné, mardi 16 décembre, le coup d'envoi de la deuxième vague du Nouveau programme national de rénovation urbaine (NPNRU), succédant ainsi au plan de rénovation lancé en 2003 par Jean-Louis Borloo. Cet immense plan sera doté, cette fois-ci, de 5 milliards d'euros sur 10 ans (2014-2024). En détails, sur cette enveloppe, un milliard d'euros sera consacré aux opérations de démolition, deux milliards d'euros au logement en général, et deux milliards d'euros au redéploiement des services publics dans les quartiers, souligne le ministère de la Ville.

 

 

D'autres mesures doivent appuyer cet investissement financier, par exemple la TVA à 5,5% pour les acheteurs d'un premier logement neuf dans, ou à moins de 300 mètres d'un quartier prioritaire, l'exonération d'impôts fonciers pour les petits commerces, ou la mise en place des "territoires entrepreneurs", pour remplacer les Zones franches urbaines, avec des exigences renforcées en matière d'embauches locales pour bénéficier d'exonérations fiscales.

200 quartiers sélectionnés

Qui est donc concerné par cette nouvelle vague de rénovation urbaine ? Ce sont 200 quartiers sélectionnés lundi 15 décembre par l'Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU) et qui sont considérés au plan national comme ultra-prioritaires. Et près de la moitié sont concentrés dans les quatre régions les plus peuplées en France : l'Ile-de-France (58), Nord-Pas-de-Calais (17), Paca (16) et Rhône-Alpes (15). Par ailleurs, 200 autres sites "d'intérêt régional" repérés par les préfets de région dont 50 mis en avant par l'Anru sont également dans le viseur. Au final, ce sont 400 morceaux de ville qui sont touchés par cette transformation urbaine de grande ampleur.

Quartiers qui se paupérisent

La politique de rénovation veut toujours traiter les quartiers historiques des grands ensembles, mais elle prendra aussi en compte des villes moyennes ou des centres villes qui ont pu se paupériser. "On s'attaque à l'habitat privé, qui reste comme des verrues au milieu des quartiers rénovés", a signalé le ministère en charge de la politique de la Ville. "Le message n'est pas de dire : il y aura une intervention massive sur les copropriétés, mais juste que ce n'est pas exclu." L'Etat peut en effet intervenir sur ce volet depuis la loi Alur, note-t-on au ministère, en relevant que "certains copropriétaires paient 300 ou 400 euros par mois alors qu'il n'y a pas de poubelles, pas d'ascenseur". Elle cite, par exemple, le Chêne Pointu et Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) ou Grigny 2 (Essonne). Pour la première fois, la rénovation urbaine s'attaque aussi à l'habitat social horizontal, notamment dans les bassins miniers à l'image de Lens, ajoute le ministère. Sans compter des centres-villes dégradés : Thiers (Puy-de-Dôme), Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine) ou Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

Ne pas oublier l'outre-mer

Par ailleurs, l'Outre-mer n'est pas oublié par le nouveau plan de rénovation urbaine. Près 22 opérations leur ont été réservées pour un montant de 450 millions d'euros, le même que dans le plan précédent. Justement, quatre quartiers de Fort-de-France, en Martinique, et trois secteurs de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) sont ainsi retenus, ainsi que Saint-Laurent-du-Maroni, deuxième commune de Guyane.

Créer de l'emploi dans le BTP

Au final, l'Etat compte bien que ce deuxième acte de la rénovation urbaine génèrera près de 20 milliards d'euros de travaux, et qu'il créera "près de 240.000 emplois" dans la filière du BTP, et 300.000 au total, complète-t-il dans un communiqué. Au-delà, il s'agit de casser l'effet ghetto, en rénovant les immeubles selon de meilleures normes environnementales, voire en détruisant les plus vétustes, en aménageant des espaces verts et des équipements sportifs ou culturels, ou encore en "désenclavant" les quartiers grâce à une meilleure offre de transports. "Ces quartiers étaient des quartiers à vivre il y a 20 ou 30 ans, il n'y a pas de raison que cela ne redevienne pas le cas", souligne le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports.

 

 

A noter que le premier programme a permis la rénovation de 340.000 logements et la construction de 141.000 autres. Toutefois, la Cour des comptes avait dressé en 2012 un bilan sévère de la politique de la Ville, jugeant qu'elle n'avait "pas atteint ses objectifs". La deuxième mouture élargit son ambition, en passant de la "rénovation urbaine" au "renouvellement urbain" est donc attendue de pied ferme par les professionnels du secteur.

L'USH réagit

L'Union sociale pour l'habitat (USH) se réjouit dans un communiqué du lancement officiel du nouveau programme national de rénovation urbaine. "Les organismes Hlm ont fortement mobilisé leur capacité financière dans le cadre du PNRU 1 pour mettre en œuvre le volet habitat des projets de rénovation urbaine, souligne Jean-Louis Dumont, président de l'USH. On le voit bien : dans les quartiers qui ont bénéficié de ce premier programme, les habitants retrouvent la fierté de leur cadre de vie. Il est absolument essentiel de stopper la spirale de la ségrégation spatiale des quartiers. Le Mouvement Hlm est prêt à continuer à se mobiliser dans une démarche partenariale de qualité."

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