Ursula et Nicolas Perrier, deux architectes DPLG, ont entièrement réhabilité eux-mêmes leur maison après en avoir dessiné les plans. Construite dans les années 60, l'habitation est désormais méconnaissable. Reportage.

Dans leur projet, Ursula et Nicolas avaient tout prévu... Ou presque ! Ils avaient acheté la maison et le terrain, conçu un projet de réhabilitation, obtenu un permis de construire et sélectionné les différents intervenants pour effectuer les travaux. Un projet bien ficelé qui ne s'est pourtant pas du tout déroulé comme prévu ! Le maçon qui devait intervenir en premier sur le chantier s'est désisté au dernier moment. Du coup, plus personne pour s'occuper de la partie terrassement et, à quelques semaines du coup d'envoi du chantier, impossible de lui trouver un remplaçant au pied levé. Reporter et attendre ? Hors de question pour Ursula et Nicolas qui décident d'attaquer les travaux... En couple ! Une solution de repli pas si extravagante pour deux architectes DPLG, mais qui a tout de même représenté, comme l'explique Nicolas, un véritable défi, même pour eux : "Le fait d'être architectes est une chose mais passer de l'autre côté de la barrière en est une autre, commente-t-il. Ni l'un ni l'autre n'avions de compétences particulières pour ce qui est de la mise en œuvre".

 

Réhabiliter et agrandir
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Reportage autoconstruction © DR

Sans réfléchir plus longtemps, Ursula et Nicolas se lancent dans les travaux de terrassement. Une fois terminés, des professionnels auraient dû prendre le relais mais, après avoir reçu leurs devis, le couple change d'avis et décide de poursuivre le chantier en s'attelant à la démolition de la maison existante, une modeste habitation construite dans les années 60. Nicolas se souvient avoir aussitôt pris la direction des magasins de bricolage pour faire "le gros plein" : marteau-piqueur, sacs à gravats, scie circulaire et même un utilitaire pour faire les allers et retours à la déchetterie.

 

Dès lors, Ursula et Nicolas passent tout leur temps libre sur le chantier. Des efforts payants puisqu'ils parviennent rapidement à mettre à nu le plateau habitable de la maison. "La démolition s'étant bien passée, cela nous a donné envie de continuer l'aventure", commente Nicolas. Le couple a pourtant encore fort à faire car le projet qu'il a imaginé est ambitieux. Il s'agit non seulement de réhabiliter la maison existante mais également de l'agrandir en réalisant une surélévation bois. "Notre idée était d'accroître la surface habitable tout en créant une rupture stylistique entre le neuf et l'ancien", explique l'autoconstructeur. L'extension est atypique : elle se fera grâce au rajout sur le bâti existant d'un bloc recouvert de bardage rouge que les voisins auront d'ailleurs, au départ, du mal à accepter.

 

Bilan positif
Au fil du chantier, Ursula et Nicolas ont été amenés à endosser plusieurs casquettes. Il leur a fallu tour à tour déposer la couverture en tuiles et la charpente existante, découper et mettre en place les éléments de l'ossature bois, installer les planchers, poser le bardage, installer le réseau électrique... Au final, à leur plus grande satisfaction, seule une poignée d'artisans n'aura eu à intervenir sur le chantier que pour les étapes les plus techniques :
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Reportage autoconstruction © DR
un charpentier pour réaliser l'ossature bois, un menuisier pour fabriquer et poser les ouvertures en acier, un plombier pour effectuer le branchement de la chaudière gaz à condensation et, enfin, un maçon pour couler la chape "anhydrite" sur le plancher chauffant.

 

De cette expérience, qui leur a demandé beaucoup de sacrifices, Ursula et Nicolas ne retiennent "que du positif". L'avantage qu'ils en retirent est d'abord financier, puisqu'ils n'ont eu à débourser que 50.000 euros pour effectuer les travaux sur les 150.000 initialement prévus. Une somme économisée notamment grâce à l'utilisation de matériaux de récupération : l'ancien carrelage, par exemple, a été concassé et réutilisé pour le drainage du terrain. Sur le plan technique, Ursula et Nicolas disent également avoir apprécié le fait "de pouvoir gérer tous les détails de la construction" : "Notre jugement va obligatoirement s'en trouver modifié sur les chantiers de nos clients car nous avons vraiment pu nous rendre compte de la complexité de certaines mises en œuvre". Le bilan est d'autant plus positif qu'au bout d'un an de travail "non-stop", leur motivation reste intacte. Prochaine étape ? Les finitions dans l'extension bois et les abords extérieurs de la maison.

 


Pour découvrir le chantier d'Ursula et Nicolas étape par étape, cliquez sur suivant.

 

A noter que ce projet, conçu par So What Architecture, a concouru aux Trophées Batiactu Construction & Innovation 2010, dont les résultats seront dévoilés le 21 septembre prochain et qui compte Maison à part parmi les membres de son jury ! Pour retrouver l'ensemble des dossiers participants, cliquez ici.

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Maison existante

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Reportage autoconstruction © DR
Ursula et Nicolas Perrier, deux architectes DPLG, ont fait en 2008 l'acquisition d'une maison située dans la proche couronne de Montpellier avec l'objectif de la réhabiliter et de l'agrandir.

Terrassement

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Reportage autoconstruction © DR
Face au désistement de leur maçon, Ursula et Nicolas ont décidé de commencer seuls les travaux. Première étape : le terrassement pour isoler le socle de maison.

Drain de fondation

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Reportage auto-construction © DR
Mise en place du drain de fondation, devant permettre le refoulement des eaux de pluie.

Cuve eaux de pluie

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Reportage autoconstruction © DR
Une cuve est enterrée pour récupérer les eaux de pluie.

Dépose de la toiture

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La couverture en tuiles terre cuite de la maison existante est entièrement retirée.

Démolition

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Après le terrassement, place à la démolition. Sans avoir d'expérience particulière ni de matériel, le couple décide de continuer les travaux. "On avait l'impression que la maison avait explosé", commente Nicolas.

Charpente

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Dans le projet imaginé par Ursula et Nicolas, l'extension de la maison se fait grâce à un bloc en ossature bois qui vient se greffer sur la maison existante. Les éléments de la charpente ont été fabriqués par un charpentier. À charge pour Ursula et Nicolas de les mettre en place.

Solivage

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Après avoir été découpées aux bonnes dimensions, les solives sont mises en place et assemblées.

Pose du pare-pluie

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L'ensemble de l'ossature bois est recouverte par Nicolas lui-même d'un pare-pluie. "Nos équipements d'escalade nous ont été d'une aide précieuse", se rappelle-t-il.

Pose des oriels

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Reportage auto-construction © DR

Pose bac acier

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Les tuiles en terre cuite qui couvraient à l'origine le toit de la maison existante sont remplacées par un bac en acier.

Pose plaques de plâtre

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Les bâtiments étant complètement sortis de terre, Nicolas et Ursula poursuivent le chantier avec l'installation des plaques de plâtre dans la maison existante.

Electricité

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Reportage auto-construction © DR
Il faut installer le réseau électrique. Encore une fois, Nicolas et Ursula se débrouillent seuls, sans aide extérieure.

Fabrication escalier

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Nicolas a fabriqué lui-même l'escalier qui permet d'accéder à la partie surrélevée de l'habitation. Pour la découpe, il a investi la rue !

Mise en place escalier

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Pour le mettre en place, il a tout de même eu besoin d'un coup de main !

Pose plancher chauffant

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Un plancher chauffant est posé.

Chape liquide

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Ursula et Nicolas ont fait appel à un maçon pour couler la chape "anhydrite" sur le plancher chauffant.

Peinture

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Après plusieurs mois d'efforts, Nicolas et Ursula peuvent enfin passer aux finitions dans la maison existante remise à neuf.

Pose isolant

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Un isolant vient couvrir la chappe "anhydrite".

Pose bardage

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L'extension en bois est recouverte d'un bardage de couleur rouge. Difficile à accepter au départ pour les voisins.

Maison rénovée

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De cette expérience, qui leur a demandé beaucoup de sacrifices, Ursula et Nicolas ne retiennent "que du positif". A présent, ils ne leur restent plus qu'à faire les finitions dans l'extension bois et à aménager les abords extérieurs de la maison.

N°7

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Reportage auto-construction © DR
Clin d'oeil discret en façade : le n° 7, l'adresse où ils habitent et sont fiers d'habiter.