Le Conseil régional d'Ile-de-France a voté le Sdrif, un document qui trace l'avenir de la région à l'horizon 2030. Mais le gouvernement doit encore transmettre au Conseil d'Etat ce document avec lequel il est en désaccord, et qui vient contredire les projets du «Grand Paris» voulu par Nicolas Sarkozy. Détail des principaux volets du Sdrif.

Le Schéma directeur de la région Ile-de-France (Sdrif) a été adopté jeudi par le Conseil régional, par 148 voix contre 58. Ce document d'urbanisme prévoit les grands aménagements de la région, à l'horizon 2030. Si les enjeux du Sdrif sont importants - car ils tracent la carte des zones urbaines et des transports de demain - ils sont quelque peu effacés par les querelles politiques, son application n'est pas encore certaine.

En effet, si le Conseil régional d'Ile-de-France (majoritairement à gauche) soutient le Sdrif, le programme doit encore être transmis par le gouvernement au Conseil d'Etat. La balle est donc désormais dans le camp du gouvernement, très hostile au Sdrif. En tête de file, Christian Blanc, le secrétaire d'Etat au développement de la région-capitale - un poste créé par Nicolas Sarkozy en mars 2008 - dont le rôle est alors de proposer «une vision globale du périmètre et de l'organisation de l'agglomération parisienne à l'horizon 2030».

Le Sdrif prévoit l'avenir de la région Ile-de-France selon cinq volets : logement et urbanisme, transports, développement économique, fiscalité et environnement. Le volet transports pèse à lui seul quelque 17 milliards d'euros. Il comprend notamment le prolongement de plusieurs lignes de métro et de RER vers les communes voisines de Paris, une liaison directe entre la gare de l'Est et l'aéroport de Roissy, le bouclage de la Francilienne (A104) et de nombreuses connexions entre les différentes banlieues. Concernant le développement urbanistique, le Sdrif prévoir la création de 60.000 logements d'ici à 2030. Il veut pour cela ouvrir 34.000 hectares à l'urbanisation, en densifiant les bassins de vie et d'emploi existant. Le programme veut aussi fixer un objectif de 30% de logements sociaux, et 5% d'accession sociale à la propriété. Sur le plan économique, il s'agit notamment de développer 32 zones d'activités économiques, ce à quoi la droite oppose l'idée de créer un gros quartier d'affaires comme celui de La Défense (92), à l'Est de Paris.

Sdrif contre Grand Paris
Parmi les critiques lancées contre ce programme par ses opposants, il y a le fait que ce plan d'aménagement table sur une croissance économique de 2% par an au cours des trente années à venir, et la création de 40.000 emplois par an jusqu'en 2012, et 30.000 par la suite. Selon Christian Blanc, la région devrait viser une croissance de 4 à 5% par an. La droite estime également qu'il n'y a pas assez d'espaces ouverts à l'urbanisation pour atteindre l'objectif des 60.000 logements et veut la création de deux «écopolis», des villes nouvelles et écologiques. Mais le Sdrif veut préserver les 626.000 hectares agricoles existant, et définir des fronts urbains au-delà desquels il sera interdit de construire. Enfin, les deux visions s'affrontent sur le plan de la fiscalité, la droite étant opposée à l'idée d'instaurer une taxe professionnelle régionale unique.

Les objectifs de la dernière version du Sdrif, en 1994, n'ont pas été atteints. «Cet échec a été constaté en commun par la région et l'Etat, donc par ce gouvernement», a souligné Jean-Paul Huchon, président (PS) de la région Ile-de-France, dans un entretien au Monde. «Il a échoué car il n'a été accepté par aucune des collectivités locales concernées. Il a été imposé par l'Etat et le premier ministre, sans aucune concertation. Le Sdrif doit entrainer l'adhésion des populations, des élus et des opérateurs privés pour pouvoir engendrer une dynamique constructive».

Reste à savoir en quand le gouvernement transmettra le document au Conseil d'Etat. En effet, Christian Blanc doit présenter, fin 2009, un éventail de propositions juridiques et de projets pour réorganiser la zone que le président de la République appelle le «Grand Paris» ou «Paris Métropole». De plus, Roger Karoutchi et Valérie Pécresse visent la tête de liste UMP à l'approche des élections régionales de 2010, afin de prendre la place de Jean-Paul Huchon.

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