La trésorerie des entreprises de la filière bâtiment est plus que jamais malmenée depuis la crise et l'entrée en vigueur de la LME, qui a réduit les délais de paiement à 45 jours. Quelles sont les solutions qui pourraient sauver les acteurs du secteur ? Eléments de réponse avec les invités de la table ronde organisée sur ce sujet par la Fédération du négoce bois et matériaux.

Quarante pour cent des PME disent avoir rencontré des problèmes de trésorerie ces six derniers mois, tandis que 32% d'entre elles disent que ça ne s'arrange pas ! Des chiffres édifiants énoncés par Sabine Basili, vice-présidente de la Capeb et présidente de la commission nationale des affaires économiques, qui était présente, mercredi 29 mai, aux Rendez-vous du Négoce organisés par la FNBM. Et de constater donc une dégradation très nette des carnets de commandes, qui, d'après les chiffres de l'institut partenaire de la Capeb, I+C, indiquent qu'il y a un an, 25% des entreprises avaient des difficultés de trésorerie, contre 60% actuellement. "Les solutions restent difficiles à trouver car les banques ne nous accompagnent pas", se plaint Sabine Basili.

 

Le CICE, un outil dont il faut se servir
La députée des Hautes-Alpes et membre de la commission des Finances, Karine Berger, prend alors la parole : "Il y a au sein du gouvernement une réelle prise de conscience que la question de la trésorerie est primordiale pour les PME et TPE du bâtiment". Faisant référence au rapport Charpin et Lorenzi publié en février dernier, elle estime désormais que le sujet n'est plus ignoré des législateurs. Mais, pour rebondir sur la remarque de la représentante de la Capeb, Karine Berger explique que les banques, même si elles le voulaient, peuvent financer, mais "ce dont ont besoin les entreprises, c'est de la trésorerie". Pour elle, les solutions existent déjà : "Il y a la ligne de crédit de 500 M€ mise à disposition par la Banque publique d'investissement (BPI), mais aussi une arme plus structurelle qui est le Crédit d'impôt compétitivité et emploi (CICE)". Et de déclarer : "Aujourd'hui, on peut demander une avance de trésorerie de la somme qui sera touchée dès l'an prochain pour le CICE, les entreprises doivent le faire !".

 

TVA et médiation, autres solutions
"Oui, rétorque Sabine Basili, mais le CICE fait partie d'un pacte qui comprend aussi la TVA. Et avec un passage à 10% annoncé pour la rénovation, c'est une pénalité supplémentaire pour nos entreprises". Et la vice-présidente d'ajouter : "En outre, la moitié de nos entreprises artisanales n'ont pas de salariés, donc elles ne peuvent pas bénéficier du CICE !". Karine Berger réagit à propos de la TVA : "On est plusieurs à réclamer que la TVA sur la rénovation repasse à 5%, et j'en fais partie. Et je crois aussi comprendre que les choses vont dans ce sens", a-t-elle confié.
Autre solution abordée par les participants de cette table ronde, la médiation. En effet, était présente Jeanne-Marie Prost, médiatrice
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Fnbm © De gauche à droite : Karine Berger, Sabine Basili et Jeanne-Marie Prost
nationale du crédit aux entreprises. "La médiation peut permettre aux entreprises confrontées à des difficultés avec leurs banques d'obtenir un financement. Là encore, j'invite toutes les entreprises dans ce cas à saisir le médiateur !", a-t-elle lancé. Depuis la création de cette instance en 2008, le bâtiment représente 17% des dossiers reçus. Notamment des petites entreprises, précise Jeanne-Marie Prost. Ainsi, la médiation reçoit quelque 4.000 dossiers chaque année, la grande majorité est traitée par les médiateurs départementaux. Et la médiatrice d'asséner : "Le CICE, c'est du cash de suite. Il est important d'y faire appel".

 

Les artisans plombés par les particuliers
Pour conclure, Sabine Basili a rappelé un obstacle essentiel pour lutter contre ces difficultés de trésorerie. "Il faut impérativement que les délais de paiement soient aussi réduits pour notre clientèle de particuliers", a-t-elle insisté. Leitmotiv de la Capeb, le sujet des délais appliqués aux particuliers, principaux clients des entreprises artisanales, avait déjà été évoqué par la vice-présidente à l'occasion de la présentation du rapport Lorenzi. Mais, souligne le dernier participant à la table ronde, Bruno Blanchet (Credit Manager et membre du Codinf) : "Théoriquement, il n'y pas de délai pour le particulier, donc il n'est pas besoin de le réduire !"…

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