Les inondations exceptionnelles de ces derniers jours viennent fortement perturber les entreprises du BTP dans plusieurs régions de France. Qui est impacté ? Comment réagissent les professionnels du secteur à cette situation ? Quelles sont les conséquences ? Que font les pouvoirs publics ? Tour d'horizon et réactions.

C'est un nouveau coup dur pour les entreprises du BTP, notamment pour celles des régions Centre et Ile-de-France. Pénurie de carburant, grèves, et maintenant inondations, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

 

Qui est impacté ?

 

Dans le Loiret, "toutes les entreprises du bâtiment sont impactées", nous confie Marc Jourdren, secrétaire général de la FFB dans le département, "à différents degrés selon les cas". Dans cette zone particulièrement touchée par les crues, les entreprises "sont soit sinistrées, soit paralysées parce que leurs salariés ne peuvent se rendre au travail ou que les livraisons ne peuvent se faire", explique Marc Jourdren. "C'est donc toute l'activité du secteur qui tourne au ralenti depuis lundi", note-t-il.

 

Même constat en Ile-de-France, où les cimentiers ont les pieds dans l'eau, à l'instar de Lafarge dont des sites de production ont été fermés. "On comptabilise sept sites impactés sur les 50 installés le long de la Seine", nous explique une porte-parole de l'entreprise. Face à ces crues, "nous avons commencé par sécuriser les sites", indique-t-elle. Pour cela, l'entreprise s'est notamment assurée de bien fermer les systèmes électriques. "Plus aucun salarié ne travaille sur ces sites", a-t-elle souligné. Cependant, aucun n'est au chômage technique puisqu'ils ont été "soit redéployés sur d'autres sites pour aider à la production, soit ils travaillent aux plans de réouverture des sites". En effet, "nous travaillons à minimiser l'impact de ces fermetures sur nos clients" annonce cette représentante de Lafarge.

 

Quelles sont les conséquences ?

 

Pour les entreprises et organisations professionnelles que nous avons contactées, il est encore trop tôt pour connaître l'ampleur des dommages de ces crues exceptionnelles. Cependant, dès lundi (30 mai 2016), la FFB Loiret s'est mobilisée pour soutenir ses entreprises partenaires et a immédiatement pris contact avec les organismes (ursaff, RSI,…) afin "d'obtenir une bienveillance de leur part". La fédération a ainsi réclamé "des mesures pour soutenir les professionnels impactés", notamment concernant les délais de paiement pour les charges", précise Marc Jourdren. "L'objectif est avant tout de permettre la continuité de l'activité", ajoute-t-il.

 

Pour l'heure, le groupe Lafarge n'est pas non plus en mesure d'évaluer les dommages et les coûts que cela engendrera. Certes, s'il est encore trop tôt pour estimer l'étendue des dégâts, la porte-parole du cimentier nous a confié que l'entreprise était déjà "en train d'étudier les recours auprès des assurances".

 

Le soutien des fédérations professionnelles

 

Depuis le début de la semaine, la FFB communique régulièrement auprès de ses partenaires pour les aider dans leur démarche mais également pour leur donner des conseils pour faire face aux conséquences de ces crues. Une note a également été envoyée à l'ensemble des entreprises partenaires de la FFB leur expliquant comment faire face aux conséquences de ces intempéries.

 

Dans la matinée de ce vendredi 3 juin, alors que le ministère de l'Environnement prédit que le niveau de la Seine va atteindre son niveau maximal (autour de 6,30 ou 6,50 mètres) en fin de journée, la FNTP a adressé un courrier à l'ensemble des dirigeants du secteur dans lequel elle leur donne des recommandations afin de préserver leurs droits et contacter leur assureur en cas de dommages.

 

La réponse des pouvoirs publics

 

Dans un communiqué, publié vendredi 3 juin 2016, la préfecture de Paris explique aux entreprises pourquoi et comment elles peuvent recourir au travail partiel. En effet, la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi d'Île-de-France (Direccte) rappelle la possibilité de "recourir à l'activité partielle pour les entreprises connaissant des difficultés liées à la conjoncture économique, à des problèmes d'approvisionnement ou à des intempéries exceptionnelles". Ce dispositif permet de compenser la perte de revenu de salariés dont le temps de travail se trouve réduit ou l'établissement est obligé d'être fermé.

 

La Direccte précise aussi que ce dispositif permet à l'employeur de percevoir une allocation financée conjointement par l'État et l'organisme gestionnaire du régime d'assurance chômage. Et toutes les entreprises, quels que soient leur effectif et leur secteur d'activité, peuvent recourir au dispositif légal d'activité partielle ouvrant droit à l'allocation d'activité partielle. Cependant, avant de placer ses salariés en activité partielle, l'entreprise doit consulter ses représentants du personnel puis déposer une demande d'autorisation via le site internet dédié : https://activitepartielle.gouv.fr. Par ailleurs, Le Direccte indique que d'autres dispositifs publics de soutien peuvent être mobilisés selon les situations. Pour cela, les entreprises doivent se renseigner auprès des Unités départementales de la Direccte.

 

Comment se faire indemniser ?
Un correspondant de la SMABTP (société de mutuelle d'assistance dédiée aux acteurs de la construction) livre quelques précieux conseils pour les sinistrés.
1. Attendre l'arrêté de catastrophe naturelle
Généralement en cas de catastrophe naturelle, il est conseillé aux sinistrés d'attendre la publication de l'arrêté de catastrophe naturelle. Mais, compte tenu de l'ampleur de la situation, SMABTP va assouplir les procédures de déclaration de sinistre dans le cadre des intempéries pour aider les entreprises à reprendre au plus vite leur activité. François Hollande a annoncé qu'il serait publié mercredi prochain (le 8 juin, ndlr).
2. Formuler par écrit sa demande d'indemnisation.
Si beaucoup d'assurances prennent les demandes par téléphone, le correspondant de la SMABTP conseille toutefois de formuler sa demande par écrit en recommandé afin "de garder trace de la date de la démarche".
3. Préparer la visite de l'expert et formaliser sa demande par écrit
En attendant la visite des experts en assurances, les sinistrés doivent préparer tous les documents qui pourraient être utiles pour les indemnisations, lister l'ensemble des dégâts, faire des photos. Bref, tout ce qui facilitera la visite de l'expert.

 

Les précisions de la FNTP à ses entreprises
Dans son document, la FNTP précise que les dommages en cours de chantier, conséquences d'événements extérieurs, peuvent être couverts si l'entreprise a souscrit une garantie tous dommages en cours de travaux, ou si une police tous risques chantier a été souscrite pour un chantier déterminé par le maître d'ouvrage ou l'entreprise. Par ailleurs, elle indique également qu'en assurant leurs biens (locaux, engins, …) notamment contre les dégâts des eaux, les dommages dus aux catastrophes naturelles sont automatiquement couverts.

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