Le Chef de l'Etat s'est invité ce lundi dans les colonnes du magazine L'Architecture d'Aujourd'hui, célèbre revue fondée, entre autres, par Le Corbusier. A quelques semaines des élections régionales, il s'exprime sans retenue sur le Grand Paris et confie sa vision et sa conception du projet. Des propos qui en ont fait réagir certains…

Nicolas Sarkozy a accordé une longue interview à la revue L'Architecture d'Aujourd'hui, où il y dialogue principalement sur le Grand Paris.
Le Président de la République rêve ainsi Paris comme « une grande métropole mondiale », à l'instar de Londres ou New York, une ville où « les principes de notre démocratie - liberté, égalité, fraternité - doivent s'appliquer dans le Grand Paris autant qu'ailleurs », a-t-il déclaré. Dans son élan, il explique « qu'il faut inventer des conditions permettant plus de liberté ». Celle de construire, de circuler, de créer, affirme-t-il. Dans ce climat pré-électoral, il ne manque pas non plus d'insister sur le fait « d'oublier les clivages droite/gauche pour construire le Grand Paris ». Des propos qui ont immédiatement fait réagir le Maire de Paris, Bertrand Delanoë, regrettant que le chef de l'Etat choisisse de s'exprimer sur ce thème « à deux semaines du 1er tour des élections régionales et au moment où l'Elysée convoque les têtes de listes franciliennes de l'UMP pour recadrer leur campagne ». Dans un communiqué, il dénonce également « l'immixtion » de Nicolas Sarkozy dans la campagne électorale et « l'instrumentalisation de la question majeure du Grand Paris ».

 

Ville de l'après-Kyoto
En outre, Nicolas Sarkozy évoque, au cours de son entretien, vouloir une « capitale durable, post-Kyoto » où les espaces privés et publics seraient réunis de façon harmonieuse. Il veut également bannir « une ville préfabriquée », une « ville franchisée avec ses enseignes publicitaires », une ville « livrée en tranches aux promoteurs ». Plus terre à terre, Bertrand Delanoë prévient que « s'il est essentiel de se projeter vers la civilisation urbaine de l'après-Kyoto, nous avons aussi le devoir de répondre maintenant aux difficultés de nos concitoyens en Ile-de-France ». Revenir aux préoccupations de la vie quotidienne des Franciliens, tel est le message du Maire de Paris, qui précise cependant que « les deux problématiques ne s'opposent pas », mais que « notre ambition collective ne saurait se limiter à des discours un peu déconnectés de la réalité quotidienne (…) ».
A ce titre, la question des transports est au centre des débats. Nicolas Sarkozy a assuré « qu'on fera en sorte de construire les voies et les gares à l'air libre partout où ce sera possible », selon la dépêche de l'AFP. Le Maire de Paris riposte en disant que la Région Ile-de-France, pilotée par Jean-Paul Huchon, a d'ores et déjà impulsé une dynamique aux transports, avec les chantiers prioritaires comme le RER A, B et D ou la ligne de métro 13. Il s'insurge contre « le Grand 8 de Christian Blanc qui crée l'illusion de répondre à ce besoin », et prétend que ce projet « privilégie la desserte de quelques zones de développement éloignées et ne relient pas entre eux (…) les zones d'habitation où vivent et travaillent aujourd'hui les Franciliens (…) ». Enfin, il a rappelé que le Grand 8 est un « projet de 25 à 30 milliards d'euros (…) sans calendrier, sans contenu identifié et surtout sans plan de financement ». De son côté, Jean-Paul Huchon a indiqué que Nicolas Sarkozy « ne répond pas à la question essentielle du projet de métro automatique de Christian Blanc, alors même que les services du gouvernement étudieraient les modalités d'une taxe supplémentaire et injuste pour les Franciliens ».

 

« Le fait du prince »
Enfin, le Président de la République a évoqué les instances qui pourraient être à la tête du Grand Paris. Et selon lui, « Paris Métropole pourrait figurer une future assemblée métropolitaine. Car il faudra bien, à terme, aboutir à une entité métropolitaine, comme c'est le cas du Grand Londres ou de New York ». Toutefois, il a ajouté que Paris Métropole « est nécessairement provisoire (…) elle ne devra pas dépasser 10 ans. Nous devrons ensuite trouver un nouvel équilibre entre l'Etat et les collectivités locales ». Réaction immédiate de Jean-Paul Huchon, Président du Conseil régional d'IDF : « En mettant de côté toute démarche partenariale avec les collectivités locales, ce projet se résume de plus en plus au fait du prince ». Il a dénoncé aussi la reprise en main autoritaire du [Grand Paris] « par des instances non élues (Société du Grand Paris et Atelier International du Grand Paris) ». Bertrand Delanoë a renchéri : « Il est souhaitable qu'un vrai partenariat puisse s'établir entre tous les acteurs concernés, Etat, Paris, Région et toutes les collectivités ». Le Maire de Paris a clamé que « nul ne peut accepter que la métropole parisienne échappe à la légitimité de ses élus locaux et devienne la seule en Europe à être gouvernée par l'Etat central ». Le projet du Grand Paris n'a pas fini de faire couler encore beaucoup d'encre…

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