Dans un contexte économique incertain, les promoteurs immobiliers, toujours pénalisés par le manque de terrains disponibles, adoptent depuis quelque mois une attitude prudente et réduisent leurs offres de logements à vendre en freinant les lancements de programmes.

Selon les chiffres fournis mardi par le ministère de l'Equipement, le marché de la construction et de l'immobilier est en train de se préparer à une moindre activité économique: le rythme de mises en chantier est resté quasi stable (-0,1%) en mai, juin et juillet par rapport aux trois mois équivalents de l'an dernier et celui des autorisations de construire a diminué de 1,2% sur la même période.

Au niveau des ventes de logements neufs, le marché, toujours soutenu par le faible niveau des taux d'intérêt, reste en revanche encore actif comme en témoigne l'augmentation des ventes sur les six premiers mois de l'année par rapport à la période équivalente de 2001 (+4,5%). Un fléchissement de 4,3% a toutefois commencé à apparaître entre les commercialisations réalisées au deuxième trimestre 2002 et celles du premier trimestre 2002.

L'autre indicateur de la santé du marché de l'immobilier est celui des mises en vente (offre disponible). L'offre diminue depuis près d'un an mais cette tendance s'est encore confirmée au deuxième trimestre 2002 avec un recul de 7,8% par rapport au trimestre équivalent 2001.

Pour Henri Guitelmacher, président de la FNPC (Fédération nationale des promoteurs constructeurs), le décalage entre ventes effectives et mises en vente (logements disponibles à la vente) est la conséquence de la pénurie de matière première à savoir de terrains constructibles.

"Les promoteurs subissent de plein fouet les conséquences de la rareté du foncier et l'explosion des prix (triplement sur trois ans). Même dans les villes de taille moyenne, les constructeurs s'éloignent de plus en plus du centre pour éviter une surenchère sur les rares terrains disponibles", a-t-il ajouté.

Autre responsable de cette raréfaction de nouveaux programmes: les recours exercés par les riverains contre les permis de construire, qui allongent le délai d'ouverture des chantiers.

Au ministère de l'Equipement on explique plutôt cette baisse de l'offre par la "prudence" des constructeurs qui cherchent à "sécuriser" au maximum les ventes en cours avant de se lancer dans de nouvelles opérations et éviter toute mauvaise surprise.

Le début des années 90, période au cours de laquelle les constructeurs se sont retrouvés avec des stocks d'invendus sur les bras suite à une crise dans l'immobilier, est encore présent dans les esprits et incite à la prudence.

La deuxième partie de 2002 devrait se révéler moins satisfaisante en terme de ventes de logements que le premier semestre, estime-t-on à la FNPC car les stocks de logements diminuent et un tassement des ventes est en train de s'opérer du fait du prix élevé du mètre carré.

"Aujourd'hui, on atteint 2.289 euros le mètre carré (France entière et tous biens confondus) soit un niveau très élevé et qui risque à terme de devenir dissuasif", indique la FNPC.

Ce risque a été maintes fois dénoncé ces derniers temps par les professionnels du secteur qui demandent aux pouvoirs publics d'agir pour mieux gérer la commercialisation des terrains disponibles.

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