Le procès de l'ancien pdg du groupe français Schneider, Didier Pineau-Valencienne, et de 15 autres inculpés, accusés de faux, d'escroquerie et de blanchiment, s'est ouvert mardi devant le tribunal correctionnel de Bruxelles. L’ancien «grand patron» vise l’acquittement.

«Je vais plaider pour mon acquittement. Je suis serein», a déclaré à la presse, juste avant l'ouverture de l'audience, l'ancien numéro 2 du patronat français. L'ancien grand patron, âgé de 73 ans, a assuré qu'il assisterait «le plus souvent possible» à son procès.
Douze ans après les faits, la justice belge va examiner, durant plusieurs semaines, un dossier extrêmement complexe qui combine OPA controversées, sociétés off-shore et soupçons de blanchiment d'argent sale.

Tout est parti du rachat en 1992 par Schneider des actions qu'elle ne possédait pas encore dans Cofibel et Cofimines à un prix qui aurait été sous-évalué, ce qui aurait lésé les actionnaires minoritaires des sociétés belges. Selon l'accusation, M. Pineau-Valencienne aurait usé de procédés illégaux pour «tromper les actionnaires» et les autorités boursières belges «sur la valeur intrinsèque des actions de Cofimines et Cofibel». La mise en place d'un «groupe occulte de sociétés off-shore» et le recours à des «montages financiers» ont en outre privé ces actionnaires «d'une partie importante des dividendes qui auraient dû leur revenir et d'une valorisation équitable de leur portefeuille», selon le réquisitoire de renvoi devant le tribunal. L'ancien patron de Schneider et plusieurs de ses co-inculpés sont aussi accusés d'avoir détourné des fonds «d'une valeur totale de près de 250 millions d'euros au préjudice des actionnaires et des filiale belges du groupe Schneider».
Le volet le plus sulfureux de l'affaire concerne la société PB Finance, détenue à 25% par Cofibel et qui pourrait avoir servi à recycler de l'argent sale provenant d'une société suisse, Fimo, dirigée par l'homme d'affaire italien Valentino Foti. Celui-ci, «dans l'incapacité de se déplacer», selon son avocat, était absent. L'ancien directeur financier du groupe Schneider, Jean Chodron de Courcel, cousin de Bernadette Chirac, l'épouse du président français, était pour sa part présent au palais de justice de Bruxelles. Le procès devra notamment déterminer si les dirigeants du groupe français étaient à l'origine des irrégularités relevées par l'enquête ou si celles-ci étaient le fait de l'administrateur délégué des filiales belges, Jean Verdoot, décédé en 1993.

Le procès, qui devrait durer deux ou trois mois, est l'épilogue d'une affaire qui avait valu à M. Pineau-Valencienne d'être écroué pendant 12 jours dans une prison bruxelloise à la mi-1994. Cette incarcération avait soulevé un tollé dans le monde patronal français et créé une forte tension des relations diplomatiques entre la France et la Belgique. Les infractions jugées sont passibles de peines de 5 années de prison.

actionclactionfp