En marge de l'annonce de l'augmentation de 5% du prix du gaz, Eric Besson a également présenté deux mesures d'aide à destination des ménages les plus touchés par la précarité énergétique. Détails et réactions.

Alors qu'à l'occasion du lancement de l'Observatoire de la précarité énergétique, Nathalie Kosciusko-Morizet indiquait que « 6.5 millions de Français avaient souffert du froid en janvier car ils étaient mal chauffés », son homologue au ministère de l'Industrie et de l'Energie, Eric Besson, confirmait une hausse de 5% du prix du gaz.

 

Une mauvaise nouvelle pour nombre de consommateurs, que le ministre a aussitôt tempéré en présentant deux nouvelles aides. D'une part, la hausse de 20% du rabais social dont bénéficient les foyers les plus modestes. « Pour un foyer de 4 personnes qui se chauffe au gaz, la réduction annuelle passera ainsi de 118 € à 142 €, soit un rabais supplémentaire de 24 € », a ainsi indiqué Eric Besson, dans un communiqué. A ce jour, seuls 300.000 ménages profitent de ce tarif social, alors qu'ils sont 800.000 éligibles au total. Le ministre a donc souhaité que « l'attribution de ce tarif social soit automatique, sur la base des fichiers dont disposent les organismes sociaux ». Un arrêté devrait paraître avant fin juillet 2011. D'autre part, le ministre a proposé la mise en place, avec GDF Suez, d'une prime à la casse sur les chaudières anciennes pouvant aller jusqu'à 250 €, qui « aidera à installer des équipements plus économes en gaz ». Cette mesure ne devait pas coûter un centime à l'Etat, GDF Suez prenant en charge le financement de la prime. Parallèlement, « j'ai demandé à GDF Suez de proposer, à partir du 1er avril prochain, un bilan énergétique gratuit pour tous les consommateurs qui en font la demande », a ajouté Eric Besson. Concrètement, des conseillers de l'opérateur gazier auront pour mission d'aider les clients abonnés à mieux comprendre leur consommation et à identifier les principales sources d'économie.

 

Un énième effet d'annonce ?
Cependant, ces annonces ne semblent pas susciter l'émoi chez les professionnels du secteur du chauffage. « La prime à la casse est une excellente idée pour les… voitures. Mais nous avons plus de doute concernant les chaudières », commente Jean-Paul Ouin, Délégué général du Syndicat des industries thermiques, aérauliques et frigorifiques (Uniclima). « Il ne s'agit pas d'un achat passion, comme peut l'être celui d'une automobile. L'achat d'une chaudière serait plutôt un achat corvée, au mieux un achat planifié pour certains consommateurs qui se préoccupent désormais de la performance énergétique de leur habitat », poursuit-il. Quant à savoir si cette prime va « booster » les ventes de chaudières, là encore, le Délégué général d'Uniclima reste mesuré. « Nous n'escomptons pas un boom des ventes car on est dans de l'investissement lourd », rappelle-t-il. « Il faut de la continuité dans l'effort, que cette prime s'inscrive dans la durée, peu importe le montant », renchérit-il. « C'est un bel effort », a-t-il salué, mais un effort sur le long terme, en sorte, car comme l'a affirmé la ministre de l'Ecologie, le mouvement de croissance du prix de l'énergie est inexorable et va se prolonger.

 

Si l'idée d'une nouvelle prime - en plus des crédits d'impôt et autres éco-PTZ - peut réjouir les professionnels, la balle est désormais dans leur camp. « Il devrait se vendre quelques dizaines de milliers de chaudières en plus, ajoutés aux 600.000 équipements vendus chaque année », conclut Jean-Paul Ouin.

 


En chiffres

 

L'âge minimum d'une chaudière en France se situe entre 10 et 15 ans.
Quelque 3 millions de chaudières à gaz de plus de 20 ans seraient concernées par la prime (source : Viessmann)
Prix moyen d'une chaudière basse température : 2.000 à 3.500 €
Prix moyen d'une chaudière à condensation : 3.000 à 4.500 €

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