Nouveau régime fiscal, résistance du marché de l'immobilier, baisse des taux d'intérêt: dans un climat économique difficile, les sociétés foncières continuent d'afficher de bons résultats et dressent des perspectives très favorables pour 2004.

Bénéfice net part du groupe en hausse de 21,9% au premier semestre pour Sophia, chiffre d'affaires qui progresse de 14,8% pour Klépierre... alors que l'activité économique tourne au ralenti et que les entreprises ont nettement réduit leurs investissements, les comptes de ces sociétés ont de quoi rendre jalouses bien des entreprises d'autres secteurs.

Unibail, numéro un français de l'immobilier commercial avec un patrimoine évalué à 7,6 milliards d'euros, a carrément présenté mercredi un bénéfice net en hausse de 72,2%. Une hausse exceptionnelle qui s'explique par l'adoption du nouveau régime des Sociétés d'investissement immobilier cotées (SIIC).

Ce statut fiscal, inspiré des pratiques en vigueur dans d'autres pays européens, exonère d'impôt l'activité des SIIC, à condition que l'essentiel de leurs bénéfices soit reversé aux actionnaires.
Unibail est la première foncière à l'adopter avec effet rétroactif au 1er janvier 2003 et ses concurrentes devraient prendre leur décision d'ici à la fin de l'année.

Mais même sans l'effet de ce nouveau régime, l'activité d'Unibail a crû au premier semestre. Son indice de référence, le cash-flow courant avant impôt, a dépassé ses prévisions avec une hausse de 14,2% au premier semestre.
Les foncières font donc preuve de résistance, alors qu'une partie de leur activité, l'immobilier de bureau, montre des signes de déprime.

"Si les loyers de bureaux dans Paris et sa périphérie ont continué de baisser au 1er semestre, il n'y a pas eu d'effondrement, contrairement à ce que certains analystes annonçaient", explique Jean-Michel Gault, directeur financier de Klépierre.

Pour s'en sortir, les groupes ont une stratégie simple: se concentrer sur des niches extrêmement rentables. Unibail mise sur "des immeubles de bureaux de premier emplacement, comme Coeur Défense, pour lesquels il existe une forte demande", explique Léon Bressler, son PDG.

"Nos résultats progressent dans une dynamique de croissance à long terme très favorable", martèle-t-il. "Les quartiers d'affaires attirent beaucoup d'investisseurs, notamment d'Allemagne ou du Moyen-Orient, ou encore des investisseurs institutionnels français attirés par la régularité de nos résultats."

Autre activité dynamique: les centres commerciaux. La foncière Klépierre en a fait sa spécialité. Comme l'explique Jean-Michel Gault, "ce secteur a l'avantage d'être encadré en Europe par une réglementation qui évite la saturation du marché".

En plus des résultats, les perspectives sont aussi au beau fixe et la plupart des foncières comme Sophia ou Unibail prévoient une hausse annuelle de 10% de leur cash-flow. "Les bons résultats du 1er semestre 2003 permettent d'envisager l'avenir avec sérénité", a déclaré Rémy Gancel, PDG de Sophia, dans un communiqué.
Outre les avantages fiscaux, l'adoption du régime d'exonération des SIIC devrait par ailleurs donner une bouffée d'oxygène au marché, en accélérant la rotation des immeubles.

"Les foncières n'étant plus taxées sur les cessions, elles vont pouvoir multiplier les transactions, ce qui va contribuer à fluidifier le marché", assure Jean-Michel Gault. "Cela va aider la place de Paris à renforcer sa position de deuxième grand marché immobilier en Europe après Londres."

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