A moins de quatre semaines du premier tour de la primaire de la droite, quatre des sept candidats ont dévoilé ce mardi leur programme devant les chefs d'entreprises de la FFB. Au menu des sujets évoqués durant la phase question-réponse avec l'un des candidats : le compte pénibilité, la fraude au détachement, l'apprentissage, les normes, le RSI et enfin la fracture territoriale.

Après Jean-François Copé et Bruno Lemaire reçus jeudi et vendredi derniers, rue La Pérouse, au siège de la FFB, quatre candidats sur sept* à la primaire de la droite à l'élection présidentielle ont exposé, le 25 octobre 2016, dans la matinée, leurs propositions devant un auditorium comble.

 

Près de 350 patrons d'entreprises et salariés, membres adhérents de la FFB venus de toute la France ont donc écouté les arguments de François Fillon, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy puis Nathalie Kosciusko-Morizet. Quant au candidat Jean-Frédéric Poisson, "il n'a pas répondu à l'invitation", nous a signalé l'entourage de Jacques Chanut, président de la FFB.

 

20 minutes de présentation de programme et 40 minutes d'échanges

 

Le format de ce nouveau rendez-vous concocté par la FFB, était clair : les uns après les autres, chacun avait une heure pour prononcer un discours d'une vingtaine de minutes sur leur programme pour le secteur du bâtiment suivi d'une mini-table ronde, animée par Jacques Chanut, les quarante minutes restantes. Nous avons pu ainsi écouter les interrogations de quatre chefs d'entreprises, de 2 à 300 salariés de tous secteurs confondus : plomberie, métallerie, menuiserie, couverture zinguerie voire même travaux publics.

 

Les sujets évoqués durant la phase question-réponse avec le candidat étaient les mêmes à chaque fois : le compte pénibilité, la fraude au détachement, l'apprentissage, les normes, le Régime social des indépendants (RSI) et enfin la fracture territoriale.

 

Questionnés par les professionnels du bâtiment, ces quatre candidats, très au fait des questions techniques du secteur, ont des points communs : la volonté de lancer les réformes "dès l'été 2017", comme la suppression définitive de la "fiche pénibilité", la baisse des charges ou de l'impôt sur les sociétés, la suppression des normes supérieures à la moyenne européenne ou l'aménagement du temps de travail hebdomadaire. Sans compter la remise à plat du RSI.

 

Justement, François Fillon, interrogé par Olivier Noblesse, chef d'entreprise de menuiserie à Yvetot (Seine-Maritime) propose "la création du statut d'indépendant et donc la remise à plat du régime."

 

"Il y a plusieurs raisons à l'échec du RSI, on a gardé les deux systèmes pour qu'il n'y ait pas de crise avec l'Urssaf !", renchérit l'ex Premier ministre sous les applaudissements des professionnels du BTP.

 

Election présidentielle 2017 : les candidats à la primaire de la droite et du centre reçus à la FFB
Devant un auditorium comble, 350 patrons d'entreprises et salariés membres adhérents de la FFB venus de toute la France ont écouté ce mardi chacun à leur tour, François Fillon, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy et enfin Nathalie Kosciusko-Morizet. © Harald Gottschalk

"Comment accéder au BIM pour les TPE ?", Une chef d'entreprise de plomberie

 

Et sur la question du BIM posée par Laurence Bourgeois, chef d'une entreprise de plomberie de 10 salariés dans les Yvelines, deux candidats ne se dérobent pas, en l'occurrence François Fillon et Nathalie Kosciusko-Morizet. "Comment accéder au BIM pour les TPE ?", demande Laurence Bourgeois, pour qui cela représente un investissement (Ndlr : logiciel et formation de 10.000 à 15.000 euros par an) et 2.000 euros de mises à jour par ! "Je suis embarrassé par votre question, souffle François Fillon. Car, il faut y aller à fond dans le BIM, j'ai mis en place un commissariat d'investissement d'avenir. Il faut faire pareil avec le BIM."

 


De son côté, Nathalie Kosciusko-Morizet qui s'est rendue dans une salle "BIM" ce mois-ci à Valenciennes (Nord), estime qu'il s'agit d'un "enjeu gagnant/gagnant !". La candidate a aussi plaidé pour "une politique d'État en matière d'infrastructure numérique".

 

"Aucune loi ne portera plus le nom d'un ministre !", Alain Juppé

 

Par la suite, Alain Juppé a insisté sur le développement de l'apprentissage, une ''grosse lacune'' en France comme "meilleure réponse au problème du chômage". "Arrêtons l'inflation législative", a lancé le maire de Bordeaux. "Aucune loi ne portera plus le nom d'un ministre", a-t-il promis. Et M. Juppé rejoint l'avis d'une chef d'entreprise de génie électrique, Sarl Etrelec, située à Blanquefort de multiplier les contrôles sur les chantiers face au fraude au détachement. "C'est un cancer qui ronge nos professions", s'est alarmée la dirigeante.

 

"Je ne serai pas la Martine Aubry de droite", Nicolas Sarkozy

 

De son côté, l'ancien chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, transformé en "show man", n'a pas hésité à utiliser l'humour et provoquer les rires de l'auditorium. "Je ne serai pas la Martine Aubry de droite", a-t-il affirmé dénonçant aussi bien "les obsédés des 35 heures que ceux des 39". "Pour moi, 37 heures seront payées 37 !", a-t-il ajouté. Ce sera "la liberté pour chaque entreprise de fixer la durée de travail hebdomadaire" et "les heures supplémentaires défiscalisées" seront remises en place.

 

L'ex-président de la République a annoncé une nouvelle proposition dans son programme : "Pour tout primo-accédant (à la propriété), l'État garantira 10% du prix d'achat du logement", le prêt à taux zéro, qu'il avait mis en place lors de son quinquennat, ayant 'perdu de son efficacité'".

 

Autre nouvelle proposition: les droits de transmission d'une entreprise seront supprimés jusqu'à 85%, "quel que soit le repreneur, à une seule condition : la garantie du maintien de l'activité sur le site pendant cinq ans" au minimum, a indiqué Nicolas Sarkozy.

 

Dernière candidate à se présenter devant les professionnels du BTP, Nathalie Kosciusko-Morizet propose de "refonder complètement les aides au logement". Un sujet très en marge de ce rendez-vous. Son objectif ? Favoriser "l'accession à la propriété" du logement social et intermédiaire. Elle a aussi qualifié le compte pénibilité, mis en place par les socialistes, d'"exemple de maltraitance auquel on soumet les entrepreneurs."

 

Mais "les bêtises, c'est comme les impôts, on finit toujours par les payer", a lancé l'élue parisienne en citant Audiard, auteur de cette formule qui a déclenché les rires du public.

 

Après le succès de ces rendez-vous, auprès de ses adhérents et des professionnels du secteur, la FFB envisage dès janvier 2017 d'en organiser d'autres avec les candidats à la primaire de gauche mais aussi avec la candidate du Front National, Marine Le Pen. Tout un travail…

 

*Sept candidats à la primaire de droite pour l'élection présidentielle 2017: François Fillon, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-François Copé, Bruno Lemaire et Jean-Frédéric Poisson.

 

 

 

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