Cinq des sept candidats à l'élection primaire de la gauche ont répondu, ce mercredi, aux interrogations des chefs d'entreprise. Au menu : marchés publics, concurrence déloyale, RSI, pénibilité, travail détaché et apprentissage.

Cinq candidats sur sept* à la primaire de gauche pour l'élection présidentielle, ont exposé, leur feuille de route, le 11 janvier 2017, au siège de la CPME, la Confédération des PME à Puteaux, devant une centaine de patrons d'entreprises -PME et TPE- membres adhérents de l'organisation patronale.

 

 

20 minutes d'échanges avec les dirigeants de PME et TPE

 

Trois mois après l'organisation d'une rencontre avec les candidats de la droite et du centre, le format de ce second rendez-vous, concocté par François Asselin, président de la CPME était clair : pour chaque prise de parole, chacun des candidats avaient deux à trois minutes pour présenter leur programme, suivi dans la foulée de questions-réponses d'une vingtaine de minutes avec les chefs d'entreprise.

 

Au menu des questions des dirigeants d'entreprises : la concurrence déloyale, les marchés publics, le RSI, le compte pénibilité, la fraude au détachement et enfin l'apprentissage.

 

Le premier candidat du grand oral de la CPME, Arnaud Montebourg, a tout d'abord rappelé que les PME, qu'il qualifie de "trésors vivants", sont au cœur de la politique de reconstruction industrielle du pays. Parmi ses projets, il propose de confier "les marchés publics des 132.000 structures publiques isolées (Ndlr : hôpitaux, collectivités) à l'Union des groupements d'achats publics (UGAP) et que cette dernière soit "désormais être placée sous la tutelle du ministère de l'Economie et non plus sous la tutelle du Budget".

 

"Le RSI, un scandale", Arnaud Montebourg

 

A une question posée par une chef d'entreprise sur le RSI, Arnaud Montebourg réagit vivement : "On ne peut faire un pas dans la rue sans que l'on ne parle du RSI, c'est un scandale". L'ancien ministre du Redressement productif a également annoncé qu'il souhaitait "la baisse de la CSG de sept points pour les artisans et indépendants d'entreprises." Très à l'aise en public, Arnaud Montebourg a par ailleurs fait éclater de rire les chefs d'entreprises lorsqu'il a raconté son souvenir d'enfance : "J'ai toujours cru à l'artisanat, ma famille avait une boucherie à Autun en Saône-et-Loire reconnue pour son slogan ''A la Boucherie Montebourg, le régal de toujours". Une ambiance qui a bien changé quelques minutes plus tard lorsqu'il a assimilé l'UPA à la CPME, ce qui lui a valu quelques sifflets.

 

C'était ensuite au tour de Sylvia Pinel de présenter son projet. L'ancienne ministre du Logement propose, quant à elle, que "l'Etat apporte clairement sa confiance auprès des entreprises françaises" et suggère, au lieu du CICE, de supprimer la branche famille de la cotisation sociale. "Mon programme économique porte aussi sur le logement en maintenant le plan de relance et en relançant le dispositif de rénovation du parc locatif", a-t-elle indiqué.

 

"Pénibilité : Trop de branches n'ont pas transmis les référentiels", Sylvia Pinel

 

Sur l'inquiétude de la mise en place du compte de prévention de pénibilité, Sylvia Pinel regrette que "trop de branches (Ndlr : en l'occurrence le bâtiment) n'aient pas transmis les référentiels". "Le compte pénibilité ne concerne pas seulement la retraite, il y a aussi cette capacité pour se former et de réduire son temps", a-t-elle ajoutée. Sur la proposition de la CPME d'instaurer un baccalauréat en trois ans, la candidate est restée évasive : "Il est important qu'un chantier réforme le bac professionnel et favorise l'apprentissage sur tous les territoires".

 

"Le revenu universel est une aide à la création d'entreprise", Jean-Luc Bennahmias

 

 

De son côté, Jean-Luc Bennahmias défend la mise en place d'un socle social, environnemental, fiscal dans l'Union européenne, notamment pour les pays du Sud. "Si nous continuons dans l'Union sans rien toucher, l'UE va se casser la figure", a-t-il prévenu. "Tant qu'il y aura des distorsions de concurrence, cela ne marchera pas !", a-t-il ajouté.

 

Concernant le revenu universel, le député européen le perçoit comme "une aide à la création d'entreprise, à la capacité entrepreneuriale".

 

"Le ras-le-bol de l'Uberisation", pour François de Rugy

Quatrième candidat à se présenter, François de Rugy a dit souhaiter "réguler l'économie collaborative pour éviter les excès en matière fiscale notamment". Le candidat écologiste compte aussi transformer le CICE en une baisse des cotisations sociales pour baisser le coût du travail. Il en a déclaré en avoir "ras-le-bol de l'ubérisation de l'économie" et a conclu son intervention en expliquant : "si on veut développer le tissu des entreprises, les collectivités doivent avant tout passer des lots de marchés avec les entreprises".

 

"Ce pays ne s'en sortira sans le soutien irremplaçable des PME". Manuel Valls

Enfin, l'ex-Premier ministre, Manuel Valls, dernier candidat à s'exprimer devant l'auditoire de la CPME a rappelé que "ce pays ne s'en sortira sans le soutien irremplaçable des PME".

 

En détails, il souhaite préserver le Pacte de responsabilité tout en demandant la sanctuarisation du crédit d'impôt recherche (CIR). A noter aussi qu'il refuse "d'entendre dire que le CICE a profité qu'aux grandes boites". Avant d'admettre que "l'Etat peut faire mieux sur les marchés publics dans le cadre de la transition écologique, du logement et du bâtiment".

 

Enfin, Manuel Valls a déclaré qu'il croyait en la possibilité de solutions pragmatiques : "C'est le meilleur moyen pour lutter par exemple contre le travail détaché". Sur la loi Travail, "il faudra davantage de syndicalisation et de dialogue à condition qu'il soit réfléchi et muri", a-t-il insisté sous une salve d'applaudissements.

 

* Cinq candidats sur les sept de la primaire de la gauche se sont exprimés au grand oral organisé par la CPME le 11 juillet 2017 : Arnaud Montebourg, Sylvia Pinel, Jean-Luc Bennahmias, François de Rugy, Manuel Valls. Etaient absents : Benoît Hamon, en déplacement à Montpellier et Vincent Peillon ne souhaitant pas venir.

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