A 32 ans seulement, Samuel Jacquemin a déjà 12 ans d’expérience dans la menuiserie et la ferronnerie. Cet artisan, passionné par les matières et plus particulièrement par le bois et le fer, n’a pas un parcours banal. Aux hasards des rencontres, il a développé de réelles qualités créatives et manuelles. Portrait.

C’est à 20 ans que Samuel Jacquemin abandonne la fac pour se lancer dans la menuiserie. Tout a commencé par une rencontre : «le grand père d’une de mes anciennes copines était passionné de sculpture sur bois. Il m’a fait découvrir son atelier et j’ai tout de suite été attiré par les odeurs de copeaux, de rouilles, de poussière. Il m’a alors offert quelques outils et je m’y suis mis».

Le jeune homme n’oubliera jamais sa première réalisation, le premier objet sculpté de ses propres mains pendant des heures : «j’ai crée un rond de serviette orné d’un poisson que j’ai offert à ma maman. Elle était vraiment fière. D’ailleurs, elle l’utilise encore tous les jours».

La décision est prise, Samuel quitte les bancs de l’université pour effectuer un CAP en menuiserie. Le jeune apprenti suit alors une formation en alternance dans une petite entreprise familiale. Peu nombreux dans la société, il doit tout savoir faire : fabriquer, poser, restaurer mais surtout jongler entre le travail d’atelier et celui de chantier. «Sur un chantier, on voit l’acheminement de la création et surtout la création dans son lieu de vie alors que dans l’atelier, on travaille avec la matière, on la transforme, on l’assemble, on crée», explique le jeune homme.

Menuisier à l’armée
Une fois son CAP en poche, le jeune artisan décide d’approfondir ses connaissances en se dirigeant dans l’ameublement et plus particulièrement dans l’ébénisterie : «j’ai donc essayé d’intégrer des entreprises, j’en ai fait plus de 54 mais je me suis heurté à des refus à cause de mon âge. J’avais 22 ans à l’époque, ce qui est âgé pour un apprenti. Je suis donc parti à l’armée».

Persévérant, le jeune militaire trouve alors un poste de menuisier dans sa caserne. Toutefois, il est confronté à un obstacle et pas des moindres puisqu’il doit tout fabriquer à la main pour éviter toutes blessures graves. Au final, cette exigence s’avère être une opportunité car il apprend à tout faire avec peu d’outils. Il effectue des petits travaux comme réparer l’escalier de la caserne, fabriquer un meuble pour le capitaine…

Plus confiant et plus tenace à sa sortie, il s’inscrit dans un Greta de sauvegarde des métiers de l’art en Ile de France et n’a qu’une idée en tête chercher un maître de stage en sculpture sur bois. Il réussit à trouver une petite entreprise dont la femme du patron est peintre verrier : «cette rencontre m’a permis d’appréhender le verre mais surtout de comprendre que le patrimoine religieux me permettrait d’allier mes connaissances en verrerie et en sculpture sur bois. C’est à partir de là que j’ai commencé des chantiers de rénovation d’églises».

«J’ai posé un dôme pour le palais d’un prince arabe»
Pendant deux ans, Samuel Jacquemin travaille pour l’entreprise de vitrail de Michel Durand : «je restaurais des châssis de fenêtres dans lesquels se logeaient les vitraux que je fabriquais. Et je faisais aussi des caisses d’emballage pour les vitraux… c’était passionnant». Malheureusement, la société met la clé sous la porte mais le jeune homme souhaite poursuivre son apprentissage par une formation dans la ferronnerie grâce à l’Afpa (Association nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes). «Après le verre et le bois, j’entrais dans la domaine du feu. La ferronnerie m’offrait l’occasion de tout fabriquer de A à Z y compris mes outils. Par la suite, j’ai été embauché par l’atelier De Pirey comme monteur, coupeur, poseur. Ce poste était intéressant car j’utilisais mes acquis en bois, en fer et en verre». Autre nouveauté pour le jeune homme : il participe à ses premiers grands chantiers à l'international. Parmi eux, figurent la fabrication et la pose d’un dôme en acier de 12 mètres de long, 7 mètres de large et 3 mètres de haut dans lequel il y a 120 m2 de vitrail, pour le palais d’un prince arabe à Londres, «un vrai défi» souligne le jeune artisan.

Artisam, son entreprise
Le jeune homme enchaîne d’autres gros chantiers et se crée une clientèle. En 2006, il lance son entreprise Artisam : «quel plaisir de pouvoir enfin créer mais surtout d’être reconnu pour mes qualités personnelles et non plus à travers une entreprise», indique le jeune homme. Après seulement six mois d’activité, une opportunité mais surtout un nouveau défi se présente à lui puisqu’on vient le chercher pour faire un remplacement d’un professeur de métallerie dans un établissement régional : «j’accepte ce challenge tout en continuant mon activité», déclare Samuel Jacquemin avant d’ajouter : «je n’avais pas prévu ça mais c’est agréable de transmettre son savoir d’autant plus que j’étais dans la situation de ces gamins il n’y a pas si longtemps». Et même si le jeune artisan est aujourd’hui professeur, il garde toujours dans un coin de sa tête l’idée «de faire perdurer les métiers d’arts en créant pourquoi pas une association».




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