Après avoir parcouru en mer 1.500 km en douze jours, la digue en béton de 160.000 tonnes construite à Algesiras, en Espagne, par un consortium dirigé par Bec Frères a atteint sans encombre le port de Monaco où elle sera rattachée à la terre ferme.

Immense bloc de béton de 160.000 tonnes, 352 m de long, 28 m de large et 19 m de haut, la digue doit être rattachée à la terre ferme au cours de différentes opérations prévues pour durer une dizaine de jours.

Les premières consistent à incorporer 10.000 m3 d'eau douce à l'intérieur de la double paroi de la digue, à l'amarrer, côté terre, à une rotule en acier de 8 m de diamètre pesant environ 700 tonnes (voir illustration), et à la fixer, à l'autre extrémité, côté mer, à huit chaînes métalliques composées de 9.000 maillons de métal de 100 kg chacun, posées par 55 m de profondeur.

L'opération la plus délicate est certainement l'amarrage à la terre ferme les 160.000 tonnes de béton à une rotule en acier de 8 m de diamètre d'environ 700 tonnes. Il s'agira là, selon les experts, d'une première mondiale.

"L'union de ces deux éléments mâle et femelle n'est possible que par mer très calme car la tolérance ne dépasse pas le diamètre d'une pièce de 50 cts d'euro", a affirmé Daniel Realini, conseiller au département monégasque des travaux publics.

"Compte tenu de cette tolérance et du déplacement de la digue de 164 000 T, les efforts mis en jeu peuvent être considérables et l'opération doit donc se dérouler avec très peu de mer et une couverture météo totale et sûre définie à 48 h " confirme-t-on chez Bec Frères. " Devant être entièrement réversible, l'opération de mise en place des deux cônes doit être réalisée en 24 heures maximum " explique le groupe français.

Le transport de la digue a lui aussi constitué un exploit technique. Sur les 1.480 kms entre Algesiras et Monaco, la digue a été tractée pendant douze jours, à la vitesse de 5 km/h, par un remorqueur de la société hollandaise Smith, spécialisée dans le transport des plates-formes pétrolières et qui a participé à la remontée du sous-marin russe, le Koursk

J-P Defawe


150 millions d'euros pour doubler la capacité du port

Face à l'impossibilité d'étendre son territoire, la principauté de Monaco, coincée entre terre et mer, a été contrainte de faire construire cette digue semi-flottante, la plus grande du monde.

Conçue pour durer cent ans, la digue permettra de doubler la capacité d'accueil du port de la Condamine. Celui-ci disposera de 700 points d'amarrage et pourra recevoir simultanément, pour la première fois, trois paquebots de croisière.

Fixée au pied du Fort Antoine, en prolongement du quai Antoine 1er, la digue offrira aussi, sur quatre niveaux, à l'intérieur de sa structure de béton, un garage pour bateaux, un parking pour 400 voitures, deux gares maritimes, des restaurants, des commerces et des bureaux administratifs.

Le coût de la digue s'élève à 150 millions d'euros. Sa construction s'inscrit dans un programme évalué à 334 millions d'euros pour le réaménagement définitif, à l'horizon 2005, du port de la Condamine incluant une contre-jetée de 145 m de long et de 32.000 tonnes, la construction d'immeubles de bureaux, etc.

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