Le dernier né des plans pour le bâtiment, le "Plan de Recherche et Développement pour l'Amiante", présidé par Alain Maugard, lance trois appels à manifestation d'intérêt "express" destinés à identifier les solutions et procédés innovants dans les domaines de la détection, de la mesure, du confinement et du traitement des fibres. Détails.

"Il existe des entreprises et des organismes qui ont des idées innovantes ; nous allons les collecter puis sélectionner les plus prometteuses afin de déboucher sur des appels à projets", a déclaré, ce vendredi 16 octobre, Alain Maugard, l'animateur du Plan de Recherche et Développement pour l'Amiante (PRDA), troisième des plans du bâtiment. Lancé au mois de juillet 2015, il s'est mis au travail le plus rapidement possible. Celui qui est également président de Qualibat explique : "Le PRDA est le troisième des plans après le PACTE, pour les règles de l'art, et le Plan de Transition Numérique. Nous sommes les petits derniers mais nous voulons aller vite car l'amiante est un problème difficile (…) c'est un sujet important et il n'y a pas une minute à perdre". Face à l'urgence du traitement des bâtiments où le matériau est présent, trois appels à manifestation d'intérêt (AMI) sont aujourd'hui dévoilés. Leur but ? Mettre au jour des solutions techniques innovantes permettant de faire mieux pour moins cher.

 

Le premier de ces AMI, intitulé "Améliorer la détection et la mesure de l'amiante", portera sur l'expérimentation de tests plus rapides, voire de méthodes de détection en temps réel, à l'image de ce qui se pratique dans l'industrie nucléaire pour la protection des personnels. Outre la fiabilité et la vitesse de détection, les outils de mesure devront présenter une précision adéquate qui ne sera pas forcément la plus extrême. Second AMI : "Améliorer la gestion des opérations de travaux et des interventions en présence d'amiante". Il s'agira ici d'identifier, par exemple, des méthodes de confinement en champ proche, plus ponctuelles que les procédés actuels. "C'est un enjeu économique important", souligne Alain Maugard. Enfin, le troisième AMI, "Améliorer la gestion des déchets amiantés et les valoriser", s'intéressera à la question de la neutralisation de ces matériaux qui serait la plus simple possible. Pour répondre à l'urgence, les délais sont très courts : la date limite de dépôt des dossiers a été fixée au vendredi 18 décembre 2015 à 12 heures, soit dans deux mois. "Le but est que ces innovations viennent à être utilisées. Nous allons regarder pour trouver un système d'évaluation grâce à l'expertise d'une commission. Et nous miserons sur les techniques ayant le plus gros potentiel", annonce Alain Maugard qui espère que l'offre et la demande progresseront de concert. Il estime que certains transferts de technologie pourraient même venir du secteur de la défense où la lutte contre les agents pathogènes nécessite des équipements similaires à la protection contre l'amiante.

 

Des groupes de travail déjà à l'œuvre

 

Le PRDA met en place un premier groupe de travail, dont le rôle portera justement sur l'évaluation des solutions innovantes. C'est Christian Cochet (CSTB) qui en prend la tête. Deux autres groupes sont également à l'œuvre : ils s'intéressent aux travaux en milieu amianté, lorsque le matériau fibreux est parfaitement identifié et qu'il est pris en charge par des professionnels certifiés ("sous-section 3") ou lorsqu'il est découvert fortuitement par des entreprises générales ou des artisanales ("sous-section 4"). Ces deux groupes sont respectivement dirigés par François Brassens (Syntec) et José Faucheux (Capeb). "Grâce aux conclusions des groupes de travail, il sera possible de mieux orienter les choix des appels à manifestation d'intérêt et de déterminer les appels à projets", estime Alain Maugard. La sélection des premières idées novatrices sera prête au cours de 2016, et donnera peut-être lieu à des expérimentations ou à des chantiers tests dans la deuxième moitié de l'année. Dans le même temps, un "benchmarking" sera effectué au niveau européen et mondial (Amérique du Nord, Japon, Corée du Sud) afin de mieux situer la France et d'observer l'adéquation entre réglementation et outils. "La réglementation française n'est pas parmi les plus laxistes", fait-il observer, soulignant que le Plan n'a pas pour vocation première de la faire évoluer. "Le but est l'optimisation des coûts et des délais, à réglementation constante", ajoute-t-il.

 

Le dernier né des plans, doté de 20 M€ (comme le Plan de Transition Numérique mais moins que le PACTE qui dispose de 30 M€), entend s'articuler de façon intelligente avec ses deux aînés. Alain Maugard explique : "Le PACTE identifiera les bonnes pratiques actuelles, ce qui fera sortir des règles de l'art de l'amiante. Tandis que le Plan de Transition Numérique s'occupera des problématiques de mise à jour et de conservation des informations de la maquette numérique, dans le cas d'interventions sur de l'existant". Les vingt membres du comité technique du PRDA se réuniront au tout début du mois de novembre, tandis que le comité de pilotage, composé de 35 personnes (dont la direction de la Santé, la direction du Travail, l'INRS, l'OPPBTP ou les laboratoires de mesure) le fera le 17 novembre.

 

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