POINTS DU VUE. Libération du foncier, simplification des normes, recentrage du PTZ et Pinel... Découvrez le point de vue des professionnels du bâtiment sur les mesures de la stratégie logement.

Ça y est, la Stratégie Logement du Gouvernement a été officiellement dévoilée le 20 septembre par les ministres de la Cohésion des Territoires, Jacques Mézard et Julien Denormandie. Batiactu a demandé à des acteurs de la filière ce qu'ils en pensaient. S'il y a bien eu une concertation, globalement tous s'accordent à dire qu'ils auraient préféré un grand rendez-vous entre les différentes acteurs du logement. Certains réclament même que ces assises ou ce grenelle du Logement, peu importe le terme employé, ait lieu. Voici leurs réactions :

 

Catherine Jacquot, Président du Conseil National de l'Ordre des Architectes


Foncier. "Ce que je trouve positif c'est l'inversion sur la fiscalité des fonciers. J'espère que cela va pouvoir faciliter les ventes". La présidente du CNOA rappelle à ce propos que l'ordre "était même partisan pour être plus radicales", c'est-à-dire "quand un terrain est constructible, si dans les 5 ou 10 ans il n'est pas construit alors la taxe augmente de façon significative".
Sur le logement social, "il y a de vraies réformes à faire", a-t-confié à Batiactu. "Il y a une rigidité dans le système qui doit être combattu, assoupli", ajoute-t-elle prônant "une articulation privé public qui soit plus profitable".

 

Catherine Jacquot se dit "pour une politique plus proche des territoires". Elle précise : "L'Etat peut faire beaucoup mais doit déléguer aux territoires une politique du logement d'investissement dans l'immobilier". Elle rappelle cependant l'importance pour que "les élus fassent confiance aux professionnels, car on va vers un urbanisme de projet". Elle ajoute : "les élus doivent donc s'entourer d'une ingénierie publique et privée compétente de concepteur, d'études, etc…". Pour la président de l'ordre des architectes, "un projet doit être étudié dans sa globalité".

 

Quant au code de la construction qui doit être transformé, elle déclare : "Sur le principe pourquoi pas". "Maintenant il faut trouver un équilibre. Certes les normes sont trop pesantes car elles vont trop loin dans la description", explique-t-elle donnant en exemple : "Quand on vous explique qu'une poignée doit être à 95 cm de hauteur et non pas 94 cm et qu'on vous fait refaire si ça n'est pas le cas. Là c'est trop. Avoir un objectif c'est bien mais il faut que les règles restent car il en va de la sécurité des personnes".

 

A l'annonce du passage du logement 100% adaptable au 100% évolutif, Catherine Jacquot estime que "c'est une formidable avancée, si les associations de personnes en situation de handicap sont d'accord". Elle insiste aussi pour dire : "arrêtez de nous décrire à nous architecte comment ça doit être fait. Dites-nous ce qu'il faut pour la salle de bain par exemple, ce dont les personnes en situation de handicap ont besoin, mais laissez-nous proposer des solutions". Il faut faire confiance aux professionnels, martèle Catherine Jacquot. J'espère que le projet de loi Logement proposera une vision plus globale. Il y a 3,5 millions de mal logés. Comment cette loi répond-elle au mal logement en France ? s'interroge la Présidente du CNOA. On attend des détails. Elle considère donc "cette stratégie comme un avant-goût mais pas comme une "vraie loi logement"".

 

Philippe Pelletier, Président du Plan Bâtiment Durable

 

Le président du Plan Bâtiment Durable a réagi dans un premier temps sur la méthode. "Nous avons probablement des voies d'amélioration du projet", nous a-t-il dit rappelant qu'il "y avait une forte demande de la filière immobilière pour être consultée ensemble et une volonté de dire très rapidement les orientations et cela n'a pas encore été possible".

 

Philippe Pelletier souhaiterait que les territoires aient davantage la main sur la politique du logement. "Les politiques centralisées dans le champ du logement ont montré qu'elles peinaient dans leur mise ne œuvre, et je sais la vitalité des territoires". Selon lui "il est indispensable que toute action politique sur le logement repose sur l'idée que c'est un secteur en pleine transformation. Que le bâtiment et l'immobilier sont en train de réaliser la mue de l'industrie immobilière". Il poursuit : "Les bâtiments que nous allons construire et rénover sont transformables, mutables, connectés les uns aux autres avec des matériaux bas carbonés et sobres en énergie. Il y là une véritable révolution qu'il faut mesurer".

 

Sur les normes, il tient à saluer "la qualité de notre administration qui a progressivement mis en place des règles, peut-être un peu contraignantes, mais qui assurent le respect et la sécurité". Toutefois, il ajoute : "ne rêvons pas d'un allègement considérable de nos normes qui répondent pour beaucoup à des exigences que veulent les citoyens". Mais il reconnait qu'il faut être "vigilant à ne pas créer de nouvelles normes qui viennent surcharger l'édifice".

 

Vidéo de l'interview de Philippe Pelletier

 

Jean-François Buet, Président de la FNAIM

 

 

"On attendait beaucoup plus que ce qui a été annoncé", a réagi d'emblée Jean-François Buet. "Ceci étant, il y a des choses intéressantes dans ce programme en particulier la fiscalité sur la vente des terrains à bâtir qui est vraiment une bonne idée".
Concernant le recadrage sur les dispositifs Pinel et PTZ, il nous a confié que cela lui semble "ne pas correspondre à la réalité des besoins du terrain". Selon lui, supprimer le dispositif en zone B2 et en C, c'est "réducteur". "Il y a dans ces zones des locataires en recherche de logement. Il faudrait réfléchir par bassin d'activité économique et non pas par zone". Pareil pour le PTZ. Il salue toutefois que le PTZ dans l'ancien demeure en B2 et en C, "ce qui est important pour les agents immobilier". Le soutien à la transition énergétique va dans le bon sens, estime-t-il.

 

Globalement, il n'est pas "insatisfait des propositions" même s'il aurait préféré "au-delà du bail mobilité de un à dix mois, que les bailleurs soient rassurés, alors qu'ils sont "mis à rude épreuve depuis quelques temps", estime Jean-François Buet. Enfin, il souhaite qu'il y ait, de la part du Gouvernement, "une vision plus globale". Pour cela, le président de la FNAIM rappelle qu'il aurait souhaité un grenelle ou des assises du logement avant que ces propositions ne soient faites et continue d'ailleurs de le réclamer.

 


Vidéo de l'interview de Jean-François Buet


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