L'énergie photovoltaïque, victime de son succès ? Peut-être… Pour faire face à l'évolution fulgurante du secteur, le gouvernement vient d'annoncer que le tarif de rachat de l'électricité produite à partir de panneaux solaires allait baisser de 12% dès le 1er septembre. Si les particuliers ne sont pas concernés, les professionnels sont inquiets. Réactions et explications.

Les tarifs de rachat de l'électricité photovoltaïques ont la vie dure. C'est la deuxième fois en huit mois qu'ils vont baisser, et ce dès le 1er septembre. En effet, le gouvernement a décidé de diminuer les prix de rachat par EDF de l'électricité produite à partir de panneaux solaires de 12% : «Cet ajustement permet d'éviter les effets d'aubaine spéculatifs et résulte de la diminution des coûts des équipements photovoltaïques, qui représente environ la moitié du coût des projets», se justifient les ministères de l'Energie et de l'Economie, dans un communiqué commun.

 

Toutefois, cette réduction ne touchera pas les particuliers et le gouvernement indique que «le projet d'arrêté tarifaire assure une transition équitable avec les régimes précédents. Ainsi, tout projet ayant déjà fait l'objet d'une demande complète de raccordement du gestionnaire de réseau bénéficiera de la grille tarifaire du 12 janvier 2010. L'ancien tarif de rachat sera en particulier maintenu pour les projets sur bâtiment agricole, en cours d'examen dans les préfectures au titre de l'arrêté du 16 mars 2010, si ceux-ci ne peuvent obtenir l'attestation requise leur accordant le bénéfice de l'arrêté du 10 juillet 2006».

 

Réactions
A la suite de cette annonce, les professionnels du secteur ont montré quelques signes d'inquiétudes, notamment pour l'activité du secteur. Si tous acceptent le principe de baisse, ils souhaitent quelques améliorations et ajustements. Ainsi, SER-SOLER, regroupant le Syndicat des énergies renouvelables et les professionnels du solaire photovoltaïque, «rappelle que la révision des tarifs intervenue au début de l'année 2010 s'est d'ores et déjà traduite par une baisse allant jusqu'à 30% du tarif d'achat sur certains segments du marché. En l'espace de huit mois, la baisse cumulée du tarif s'élève ainsi pour les grandes installations de toiture intégrée à près de 40%, ce qui remet en cause de nombreux projets». En conséquence, ils réclament une «visibilité sur les volumes du marché allant au-delà de 500 MW par an et tenant notamment compte de la baisse des coûts de revient intervenue depuis la fixation en 2007 des objectifs du Grenelle». De son côté, Enerplan (association professionnelle de l'énergie solaire) souligne «le risque de privilégier le développement des centrales au sol, tout en étouffant d'incertitudes l'émergence du photovoltaïque intégré au bâti. Ce qui n'est pas bon pour les PMI et PME d'un secteur à fort potentiel de valeur ajoutée économique, sociale et environnementale».

 

Un succès croissant
Depuis 2008, l'énergie photovoltaïque enregistre une forte croissance, avec d'ici à fin 2010 une puissance multipliée par 10 en deux ans. La puissance cumulée du parc photovoltaïque installé en France est passé de 81 MW fin 2008 et sera de 850 MW à fin 2010. Et l'engouement ne devrait pas faiblir puisque «les projets déposés à ce jour représentent par ailleurs plus de 3 000 MW», souligne les ministères. Avant de préciser : «La France est donc très largement en avance sur la mise en œuvre des objectifs du Grenelle Environnement (1 100 MW installés fin 2012 et 5 400 MW en 2020)».
La filière n'est donc pas prête de s'essouffler et devrait connaître encore de nouveau changements. D'autant plus, que des discussions sont programmées pour cet automne afin de réguler et pérenniser le secteur.

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