De nouvelles règles du jeu vont entrer en vigueur pour les installations solaires de plus de 1.000 m2, a annoncé la ministre de l'Ecologie dans les colonnes du Figaro de lundi. Objectif : relancer la filière, l'innovation et le « made in France ». Explications.

Nouveau rebondissement sur le marché du photovoltaïque ! Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM) vient d'annoncer les changements à venir pour les grandes installations. Des dispositions que les professionnels attendent toutefois depuis le début de l'année…

 

Dans une interview accordée au quotidien Le Figaro, la ministre de l'Ecologie plante le décor des futures installations de grande taille. Ainsi, sont visés les projets de plus de 100 kWc, soit plus de 1.000 m2, qui seront bientôt soumis à une série d'appels d'offres. En effet, selon NKM, l'objectif principal des nouvelles dispositions est de « stimuler l'essor d'une technologie photovoltaïque made in France ». Désormais, place aussi aux technologies innovantes à haut rendement, sur lesquelles « les entreprises françaises sont bien positionnées », indique la ministre.

 

Deux années et demie de volumes lancées en une seule fois
Dans le détail, Nathalie Kosciusko-Morizet annonce deux catégories d'appels d'offres. D'une part, pour les installations de 1.000 à 2.500 m2, dont le critère principal de sélection restera le prix : un premier lot de 120 MWc devrait être publié le 1er août prochain, après l'avis de la Commission de régulation de l'énergie attendu le 26 juillet. Il sera suivi par 6 autres lots trimestriels portant sur 30 MWc chacun. D'autre part, un autre appel d'offres portera sur les projets supérieurs à 2.500 m2, soit une capacité totale de 450 MWc. La sélection se fera sur le prix, mais pas seulement, a insisté la ministre, qui précise que le projet industriel, la contribution à la R&D, ainsi que les garanties en matière de recyclage et de démantèlement pèseront dans la balance. Les candidats seront sélectionnés en mars ou avril 2012, « avant l'élection présidentielle », selon NKM, dont l'objectif est « de passer un nouveau contrat de confiance avec l'industrie solaire en France ».

 

Côté emplois, la ministre estime attendre, avec le nouveau dispositif, « plusieurs milliers d'emplois industriels », sans toutefois donner volontairement de chiffres précis. Pour autant, « il y aura à la fois des emplois d'installation et des emplois industriels », précise-t-elle à l'AFP. « Nous n'avons pas développé d'industrie de masse sur les premières séries de panneaux, mais nous n'essayons pas de courir après la Chine et l'Allemagne. Nous préparons le coup d'après », résume-t-elle dans les colonnes du Figaro.

 


Enerplan réagit

 

« Rien de neuf sous le soleil !», clame d'emblée Richard Loyen, Délégué général d'Enerplan. Sauf que cet appel à projet simplifié, et ultra-faible en volumes, « va de nouveau jouer en défaveur des PME et PMI françaises, qui n'auront pas les reins solides pour concourir et investir lourdement », poursuit-il. Alors que Nathalie Kosciusko-Morizet prône le retour des industries nationales, Richard Loyen les voit, de facto, écartées de ce même système, notamment parce que le seul critère qui entre en ligne de compte et le prix. « Ce qui va favoriser la fabrication de modules exotiques à moindre coût », se lamente-t-il.
De plus, alors que la pondération de l'ensoleillement n'est pas non plus envisagée, « seules les entreprises du sud-est de la France seront concernées ». En revanche, l'appel multi-critère qui touche les projets supérieurs à 250 kWc, peut être favorable aux PMI et aux grands groupes français déjà actifs dans le secteur, explique Richard Loyen.
Enfin, en ce qui concerne les emplois, qui soi-disant seront « réajustés », le Délégué général d'Enerplan s'indigne : « On assiste à une véritable hécatombe, et ce n'est pas prêt de s'arrêter ! ».

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