Alors que les réglementations imposent aux bâtiments tertiaires d'être de moins en moins énergétivores, quel est le niveau réel de consommation une fois qu'ils sont occupés et utilisés ? L'IFPEB et le CSTB ont organisé une matinée de travail afin de répondre à cette question grâce à plusieurs retours d'expérience qui vont mener à l'élaboration d'une méthode partagée qui permettra de mieux anticiper la conception et l'exploitation des immeubles de bureaux.

L'Institut français pour la performance énergétique des bâtiments (Ifpeb) a travaillé avec le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) sur la consommation énergétique des bâtiments de bureaux neufs, en lien avec leur usage. Car, dans le contexte de la RT 2012, il existe une exigence de performance globale mais la "consommation réelle" s'écarte trop souvent de la "consommation conventionnelle".

 

La réglementation thermique impose à la fois des résultats, sur la performance globale, et des moyens en prévoyant une obligation de mesure ou au moins d'estimation des consommations d'énergie pour cinq usages. Le résultat des calculs est exprimé en énergie primaire qui diffère de l'énergie finale au compteur facturée au client. Car la méthode Th-BCE 2012 correspond à une consommation calculée dans des conditions climatiques, d'occupation et d'utilisation conventionnelles, arbitrairement définies. "Elle a pour vocation d'apprécier les performances énergétiques du bâtiment à climat et usage constants. Ce qui permet de comparer des bâtiments entre eux. Mais la méthode n'a pas pour vocation de prédire les futures consommations de l'immeuble de façon précise", explique Jean-Robert Millet, responsable de la division Energie au CSTB.

 

Consommation prévisionnelle
C'est pourquoi les acteurs du bâtiment utilisent également la "consommation prévisionnelle" qui se base sur un outil de simulation thermique dynamique (STD). Evaluée au plus près de l'environnement climatique du bâtiment et de son mode d'occupation projeté (telle la densité des postes de travail, ignorée dans la RT 2012), elle constitue donc un outil plus fin. Mais cette méthode présente des limites liées au modèle physique, encore perfectible, et d'une connaissance imparfaite au stade de la conception du bâtiment de paramètres qui modifieront sa consommation : "Les composants utilisés, l'usage futur du bâtiment par les occupants et la gestion, la méconnaissance des équipements mobiliers également…", précise l'ingénieur.

 

Mais les consommations réelles dépendent de multiples facteurs : les conditions climatiques varient d'une année sur l'autre avec des phénomènes de canicule ou d'hiver rigoureux, les conditions d'occupation évoluent fortement durant la vie du bâtiment, le comportement des occupants et la gestion qui est faite des équipements peuvent être différents de ceux prévus… "Et des défauts de mise en œuvre ou des non conformités peuvent être constatées sur des composants", renchérit Jean-Robert Millet. La solution pourrait donc consister à rejouer le calcul de simulation, au fur et à mesure de la progression de la connaissance du bâtiment, lors de sa construction puis de son exploitation. Un autre axe pourrait comprendre la modélisation d'unités fonctionnelles comme le "poste de travail" qui constituerait une donnée intégrée à multiplier par son temps d'utilisation et qui correspondrait à environ 1 MWh/an.

 

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