Alors que le Salon de l'agriculture bat son plein, une initiative écologique revient à la mode : la méthanisation des bouses de vache et leur transformation en énergie. Dans le même temps, ce sont les flatulences du bovin qui sont régulées par une société avec le concours de l'ONU afin de limiter l'effet de serre. Explications.

La méthode n'est pas nouvelle, elle a même été encouragée il y a plusieurs années lors du premier Grenelle de l'Environnement. La méthanisation refait parler d'elle avec une conférence du Salon de l'Agriculture présentée par Philippe Duchène, directeur du département Ecotechnologies à l'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture (Irstea).

 

Lors de cet atelier nommé "Méthanisation : les déjections animales, une ressource énergétique d'avenir", l'on apprend par exemple que la méthanisation de toutes les bouses des vaches présentes pendant le Salon permettrait de fournir de l'électricité à cinq familles françaises pendant un an. Pour rappel, ce procédé consiste en une dégradation chimique des déjections de l'animal afin de récupérer un gaz spécifique, le biogaz, source d'énergie écologique composée à 60% de méthane et à 60% de CO2.

 

Ce biogaz peut avoir de multiples utilisations. Il peut tout d'abord être transformé en électricité. La conversion électrique produit ainsi 2 kWh/m3 et une chaleur importante qui peut, elle aussi, être récupérée. Il est possible également de l'utiliser en tant que gaz naturel pour chauffer des petites ou des grandes installations ou en tant que biocarburant après transformation.

 

Le méthane : outil ou danger ?
L'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (l'Ademe) estimait dans son rapport de novembre 2010 que d'ici à 2020, 600 installations de méthanisation devraient être en service. Marc Cheverry, chef du service Prévention et gestion des déchets de l'Ademe, y expliquait que "le cours de l'énergie évolue à la hausse, tout comme le prix de la mise en décharge. La filière méthanisation a donc de belles perspectives de développement."

 

Si l'exploitation du méthane remonte à plusieurs siècles et n'est pas propre à la France (en Asie, nombre de familles paysannes chauffent leurs aliments sur un réchaud au biogaz), la technologie de ces dernières années a permis d'augmenter la productivité de ce gaz. Elle a même donné naissance à des initiatives originales comme la transformation du jus de choucroute en électricité.

 

Pourtant, le méthane peut aussi être très dangereux pour l'environnement. En effet, il est 20 fois plus nocif pour la couche d'ozone que le C02. C'est pourquoi la société Valorex a conclu un partenariat en début de mois avec l'Etat et l'ONU. Cette firme spécialisée dans la nutrition s'est engagée à donner aux vaches des éleveurs qu'elle soutient une alimentation plus équilibrée, à base d'herbe, luzerne et du lin. Un régime qui a des effets sur l'organisme de l'animal qui relâchera par conséquent beaucoup moins de méthane à la fin de sa digestion à travers ses flatulences.

 

Pour récompenser l'éleveur, un calcul est donc fait entre le méthane qui aurait dû être dégagé normalement et le méthane obtenu avec cette alimentation particulière. La différence finale est ainsi payée en bon d'achats pour des produits écologiques (par exemple, des luminaires LED) chez les différents partenaires de l'opération. 500 producteurs de lait français sur 72.000 utiliseraient déjà ce système. Une initiative intéressante qui confirme le rôle croissant du méthane dans le futur. Une idée qui a certainement dû inspirer Delphine Batho, qui a annoncé un dispositif de soutien à la méthanisation ce jeudi 28 février...

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