INDUSTRIE. Le Syndicat national des polyuréthanes (SNPU) a confirmé ce vendredi 30 juin que la pénurie de MDI, composant indispensable à la fabrication de ce isolant, était toujours d'actualité mais que la situation était en passe de s'améliorer. Détails.

Après un premier trimestre 2017 "bien parti" pour l'industrie du polyuréthane, cet élan a été "brisé", a déclaré Hervé Fellmann, président du Syndicat national des polyuréthanes (SNPU), ce vendredi 30 juin 2017 lors d'une conférence de presse. En cause : la pénurie de MDI, cette matière première indispensable à la fabrication du polyuréthane. Deux mois après, la situation est-elle revenue à la normale ? "C'est toujours d'actualité mais on commence à voir le bout du tunnel", a annoncé à Batiactu le président du syndicat. "Concrètement, sauf nouvel incident industriel, on espère une amélioration de la disponibilité après l'été et un retour à la normal progressif pour le dernier trimestre 2017, début 2018", nous a-t-il confié.

 

Pour gérer cette pénurie, le syndicat rappelle qu'il a choisi de communiquer et d'être transparent pour ne rien cacher car "nous pensons qu'en temps de crise, il faut informer le marché et nos clients", explique Hervé Fellmann. Il ajoute : "Tout au long de nos avancées, nous avons expliqué et fait preuve de pédagogie. Cela a permis d'élever le niveau d'acceptation du marché par rapport à cette situation qui est inédite aussi bien dans son ampleur que dans sa brutalité".

 

Des délais de livraison allongés

 

Aujourd'hui, cette pénurie a des conséquences "principalement sur les délais de livraison qui ont continué à augmenter depuis le début de cette crise", précise le Président du SNPU. Deux raisons à cela. Tout d'abord parce qu'"il y a une reprise dans le bâtiment et donc la demande est forte". Ensuite "parce que nos clients ont été informés et qu'ils ont passé leurs commandes avec beaucoup d'anticipation. Donc aujourd'hui on a souvent des carnets de commandes qui sont très remplis, des délais longs, ce qui engendre des retards de chantier", explique-t-il. Une situation "qui est difficile pour certains d'entre eux". Il donne un exemple : "il y a cet été beaucoup de chantiers de rénovation d'établissements scolaires qui étaient prévus et qui devront être décalés".

 

Il ajoute que certains clients "ont décidé de mettre leur chantier hors d'eau en posant un pare-vapeur et en reportant l'installation de l'isolant et de l'étanchéité finale à plus tard".

 

Autre conséquence de cette pénurie, certains clients ont choisi de changer de matériaux d'isolation et "c'est souvent compliqué pour eux car le PU ne se remplace pas comme ça, compte tenu de sa performance, de son encombrement et de sa légèreté", explique-t-il soulignant toutefois que "ces cas-là restent marginaux". Il insiste : "Ce n'est pas une pénurie générale". "Il y a encore beaucoup de chantiers qui se font", rassure Hervé Fellmann.

 

Il pense qu'il y a eu un effet d'anticipation. "Certes il y a une situation de pénurie mais la communication a peut-être ajouté une certaine anxiété qui fait que les clients ont passé des commandes, peut-être, de précaution. On retrouve souvent le même phénomène de réaction lors des alertes de pénurie de carburant", compare-t-il. Et il tient à ajouter : "Nous n'avons pas refusé de commande mais nous avons eu des délais de commande non compatibles avec ceux de leurs chantiers".

 

L'incident dans l'usine fabriquant le MDI est-il résolu ?

 

Si le cas de force majeur a été levé pour l'usine de Covestro en Allemagne, "pour autant nous ne sommes pas assurés que la production soit revenue à son niveau d'origine", nous a confié Hervé Fellmann. "Ce que nous constatons, c'est qu'il est toujours aussi difficile de couvrir l'ensemble de nos besoins en MDI dans nos usines. Il y a un déficit sur le marché parce que l'ensemble de la filière est toujours extrêmement tendu et qu'il nous manque toujours du mdi pour faire tourner nos usines à pleine capacité et pour répondre à la demande".

 

Mais Hervé Fellmann est confiant : "l'industrie du MDI s'organise pour augmenter la production". Il nous informe d'ailleurs que deux usines devraient être ouvertes courant 2018. De quoi faire de cette pénurie un mauvais souvenir.

 


 

 

Le polyuréthane et Label E+C-, est-ce compatible ?
Le SNPU a annoncé également s'être lancé dans l'expérimentation E+C- et a confié une étude au bureau d'étude Bastide Bondoux afin d'analyser le positionnement des solutions d'isolation en panneau polyuréthane dans le référentiel E+C-. La conclusion est que le PU se positionne "comme une solution bas carbone pour le bâtiment dans son ensemble", a expliqué le SNPU. "Ce matériau n'est pas un handicap et est donc compatible avec le Label", estime Yannick Gaillard, membre du syndicat.

 

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