"Rebsaminade", "boulette"… Voilà comment des proches de Matignon et du ministère du Travail qualifient les propos enflammés prononcés, ce jeudi, par François Rebsamen à l'occasion de l'Assemblée générale de la Capeb. Fin des fiches individuelles ou suppression de critères de pénibilité, le ministre aurait-il vendu la mèche trop tôt, alors que les conclusions du rapport Sirugue/Huot devraient être présentées en juin prochain ? Explications.

Les artisans n'en croyaient pas leurs oreilles, ce jeudi 9 avril 2015, lorsque le ministre du Travail a pris la parole à l'occasion de l'AG de la Confédération artisanale des petites entreprises du bâtiment ! François Rebsamen, dans un élan (in)contrôlé a lancé : "Il n'y aura pas de fiche individuelle à remplir pour les petites entreprises à partir du mois de juin. Et s'il faut supprimer des critères inapplicables, on les supprimera !".

 

Victoire ? Certainement, mais trop anticipée peut-être, au goût de Matignon, qui confirmait quelques heures plus tard que "rien ne change". Même son de cloche au ministère du Travail, qui évoque une "interprétation abusive" des propos du ministre, son cabinet expliquant qu'il a seulement réaffirmé son souhait d'une simplification du dispositif. D'ailleurs, ce vendredi matin, sur le site du ministère, le discours mis en ligne est épuré de ces déclarations, tandis que le compte twitter de François Rebsamen lui-même se voit amputé de cette désormais célèbre tirade.

Maintenir la pression

Reculade en bonne et due forme, mais que vont en penser les centaines d'artisans présents dans la salle ? Les applaudissements nourris ne faisaient pas de doute, entendre que ce dispositif pouvait être remis en cause leur avait redonné du baume au cœur. L'heure est-elle à la gueule de bois ce vendredi du côté de la Capeb. "Je comprends Matignon qui essaie de calmer le jeu, mais j'ai confiance en François Rebsamen. Les choses qui ont été publiées ont bien été dites. Maintenant, je maintiens la pression : s'il n'y a pas de marche arrière, ça peut se passer très mal, je n'aurai pas grand-chose à faire pour motiver nos entreprises", nous confie Patrick Liébus.

 

Halte au double discours, plaide, pour sa part, la Fédération du négoce bois-matériaux. Pour Géraud Spire, son président : "Le ministre du Travail a su prendre la mesure des menaces pour la stabilité des entreprises que constitue le compte pénibilité, (…) et il n'est pas concevable que le gouvernement se livre à des atermoiements sur un tel sujet".

 

Réponses en juin prochain.

 

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