La Fédération nationale des travaux publics (FNTP) lance le 6 octobre prochain les rendez-vous des travaux publics dont l'objectif est de valoriser l'image du secteur. Au programme : exposition photos, visites de chantiers, opération collèges… Cet événement est pour le président de la FNTP, Patrick Bernasconi, l'occasion de réaffirmer ses priorités en matière de formation et d'insertion professionnelle. Interview.

Batiactu : Alors que l'Espagne vient d'annoncer qu'elle stoppait certains de ses programmes de travaux publics, quelle est votre réaction sur un marché plutôt morose ?
Patrick Bernasconi : L'Espagne a fait le forcing sur la construction ces dernières années. Elle a développé un mélange entre les banques et les entreprises de la construction. En France, nous ne sommes pas dans le même contexte puisque nos banques ne sont pas formatées comme des banques anglo-saxonnes. Nous devrions donc moins ressentir l'impact de la crise tout de suite.

Batiactu : Comment envisagez-vous 2009 ?
P.B : L'année 2009 pourrait être une année difficile en raison des conditions économiques actuelles. Toutefois, je n'ai actuellement aucun signe, aucune visibilité qui me dit que nous aurons une rupture de l'activité. On aura sûrement un peu de décroissance à gérer. Mais si l'on regarde la démographie de l'Europe, on constate un manque de bras. C'est pourquoi nous souhaitons garder le cap en matière d'emploi et de formation.

Batiactu : La FNTP défend l'emploi et la formation depuis quelques années déjà, quelles sont les retombées de cette politique ?
P. B : En l'espace de 5 ans, le taux de remplissage de nos filières de formation est passé de 50 à 100%. On a énormément de demandes. De plus, le nombre de tuteurs dans les entreprises a progressé. Ainsi, en 2005, on en comptait 1.700 et, actuellement, le chiffre s'élève à 3.750. Aujourd'hui, nous voulons sensibiliser l'éducation nationale aux formations courtes qui sont toujours laissées de côté. Il faut qu'on donne envie aux jeunes de venir dans notre secteur en revalorisant nos professions et en accentuant notre discours sur une promesse d'emploi et de métier.

Batiactu : Comment se porte la marché de l'emploi dans le secteur des Travaux Publics ?
P.B : Ces dernières années, nous étions sur un rythme de 15.000 créations nettes d'emplois par an. De nombreux contrats d'intérim ont été transformés en CDI. L'intérim évolue actuellement et évoluera encore. Toutefois, on constate un léger repli qui s'explique, entre autres, par le transfert vers les heures supplémentaires développées par le gouvernement.

Batiactu : Toujours dans le secteur de l'emploi… Le secteur des Travaux Publics est-il touché par le travail au noir ?
P.B : Très peu car 75% de notre travail dépend de la commande publique où de nombreux contrôles sont effectués. De plus, les TP ont très peu recours à la sous-traitance. Toutefois, des entreprises sont parfois confrontées aux problèmes de faux papiers et se trouvent alors démunies face à la situation.

Batiactu : Autre problème : l'augmentation du prix des matières premières…
P.B : Nous défendons la révision des prix du marché auprès de Bercy. Il faut que nous collions à la réalité économique et à la réalité politique.

Bataictu : la réalité politique, c'est aussi le Grenelle de l'environnement. Où en sont vos projets à ce sujet ?
P. B : Il faut d'abord voir de quel financement l'on va disposer pour porter ce message. L'Etat va être obligé d'apporter un certain nombre de réponse. Quant aux collectivités locales, elles ont un rôle important à jouer. De notre côté, nous sommes également en train de développer des projets d'éco-quartiers pilotes où nous montrerons à travers des réalisations ce que l'on peut faire pour améliorer le développement durable : récupération des eaux de pluie, mobilité…

Batiactu : Selon vous, quel est l'avenir du secteur des Travaux Publics ?
P. B : Nous devons démontrer que le secteur est un acteur durable que ce soit sur le plan économique, social ou environnemental. Et nous le revendiquerons à travers des projets concrets comme la création de banques d'innovations pour les collectivités locales ou encore le développement d'observatoires régionaux. La fracture climatique, la crise des matières premières… nous devons utiliser ces enjeux et rebondir dessus en apportant des solutions intéressantes et innovantes.

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