TVA, délais de paiement, auto-entrepreneur… La Capeb ne tarit pas de propositions sur ces sujets qu'elle défend ou pourfend depuis longtemps. Alors que le premier tour des présidentielles se rapproche, elle a publié un Livre Blanc dans lequel elle fait part de nombreuses doléances à l'attention des candidats. Invités à le consulter, leurs premières réactions sont parfois surprenantes. Explications avec le président Patrick Liébus.

Batiactu : La première proposition qui figure dans le Livre Blanc de la Capeb, c'est la demande d'un ministère dédié. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Patrick Liébus :
Un ministère dédié à notre secteur, cela signifie un ministère qui prend conscience et qui accompagne ce secteur avant d'autant plus de détermination qu'il le connaît, le pratique, l'approche. Celui que nous connaissons depuis quelques années prend en charge un champ trop large (PME, commerce…). D'où notre souhait d'avoir un ministère dédié à l'artisanat, d'une part, avec une partie déclinée sur le secteur du bâtiment et du logement, afin que ceux-ci soient traités différemment. Cette lacune actuelle montre la moindre reconnaissance de notre secteur et le manque de considération que l'on subit ! Cela permettra également d'orienter des budgets adaptés à la réalité de nos secteurs. En cette période pré-électorale, ce manque de considération est de plus en plus marqué, c'est flagrant. L'artisanat étant un secteur de proximité, d'aucuns pensent qu'il est capable de se sortir de situations difficiles et de se débrouiller seul… Nous profitons donc aujourd'hui pour rappeler qu'on existe.

 

Batiactu : Ce Livre Blanc a été envoyé à l'ensemble des candidats. Avez-vous déjà quelques retours ?
P. L. :
Oui, car nous organisons depuis plusieurs semaines des assemblées régionales, dans lesquelles sont débattues les propositions que nous faisons et ce en présence d'élus et de représentants de partis. Trois thèmes se sont ainsi dégagés : la TVA, les 35 heures et les auto-entrepreneurs.
Concernant ce dernier sujet, qui nous tient à cœur et pour lequel le combat est toujours aussi vif, force est de constater que les choses ont du mal à bouger. Récemment, j'ai demandé que l'on puisse, sur les devis des clients, avoir l'indication de l'assurance de l'entreprise. Cela permettrait de sécuriser le client. Or, Bercy a sorti un texte qui conclut que « cette justification n'est valable qu'à la facturation ». C'est du grand n'importe quoi ! On se bat en ce moment sur ce sujet-là, et je dois dire que Frédéric Lefebvre, le secrétaire d'Etat aux PME et à l'artisanat, se bat avec nous pour arriver à une simplification. Mais on sait bien que désormais rien ne se fera, c'est trop tard, on est en fin de course… Du côté des candidats, là aussi, le discours est peu clair. A l'occasion de ces assemblées en région auxquelles j'ai pu assister parfois, j'ai interrogé le représentant du candidat PS à ce sujet : il dit vouloir ne pas supprimer le régime de l'auto-entrepreneur, mais faire des adaptations, resserrer certaines conditions d'application. C'est un peu différent de ce qu'il souhaitait au départ, lorsqu'il disait que le bâtiment pourrait être extrait de ce régime. Ce n'est plus la même chose ! On est dans la démagogie, dans la promesse électorale, c'est certain…

 

Batiactu : La TVA sociale vient d'être adoptée par le Parlement… Quelles réponses avez-vous obtenu quant à son devenir et à celui de la TVA à 7% ?
P. L. :
Le PS s'est étrangement positionné sur ce sujet… En effet, à la question « comment faire entrer de nouvelles ressources financières sans encore augmenter le taux général », le représentant du parti m'a fait comprendre que la TVA à taux réduit pourrait être touchée, voire supprimée ! « Vu la situation dans laquelle nous sommes, il faut l'envisager », m'a-t-il expliqué. Rumeur ou pas, on reste en alerte. D'autre part, j'ai aussi entendu parler d'une nouvelle formule de calcul de la TVA à taux réduit, qui toucherait la main-d'œuvre et pas les matériaux… A suivre de près.

 

Lire la suite de l'interview en page suivante.

actionclactionfp