Une pollution ponctuelle aux fibres d'amiante a été repérée la semaine dernière dans un sous-sol de la tour Montparnasse. Le local concerné a été isolé et des investigations sont en cours pour déterminer l'origine de ce dépassement du seuil d'empoussièrement.

Le seuil légal de 5 fibres par litre d'air a de nouveau été dépassé à la tour Montparnasse, dans la nuit du 7 au 8 octobre dernier. Un taux d'empoussièrement de 15 fibres/litre a été mesuré dans un local de service du 6e sous-sol de l'édifice. Une alerte a donc été déclenchée afin que ce local soit "immédiatement isolé" et que des procédures d'information soient mises en place auprès du personnel, des copropriétaires et des usagers. Les copropriétaires de la tour soulignent que de "nouvelles mesures réalisées dans la nuit du 9 au 10 octobre n'indiquent plus de dépassement de seuil", suggérant par là un retour à la normale.

 

L'origine de la pollution n'est pas encore connue, "les services techniques mènent des investigations afin de la déterminer", assure la copropriété. L'inspection du travail a également été dépêchée sur les lieux et la préfecture annonce qu'il n'y a pas lieu d'évacuer d'autres zones de la tour, l'épisode d'alerte étant maintenant passé. L'origine du pic d'empoussièrement pourrait notamment avoir été causé par le personnel de nettoyage qui aurait ramené des fibres d'amiante sur des vêtements de travail. Car le sixième sous-sol de la tour abrite les locaux utilisés par une trentaine d'employés de la société de nettoyage industriel Atalian. Outre ces salariés, directement concernés, d'autres personnels pourraient être exposés, notamment ceux travaillant dans un réfectoire de Vinci, situé au même niveau, ou des pompiers et agents de sécurité qui étaient amenés à transiter par la zone désormais confinée.

Un chantier de désamiantage à l'arrêt

Pour l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva), ce nouvel épisode serait la preuve que la tour "ne maîtrise pas la situation" du chantier de dépollution de l'édifice, construit au début des années 1970. Michel Parigot, le vice-président de l'association, explique à l'AFP : "Il y a tellement de choses qui se passent, des interventions ponctuelles qui engendrent des pollutions, que je ne vois pas comment ils peuvent contrôler la situation" dans un bâtiment "aussi complexe". L'Andeva regrette notamment que, pour des raisons économiques, le chantier de désamiantage ait été mené en site occupé pendant de nombreuses années. "La tour Montparnasse est un lieu symbolique (…) l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire. Au lieu de désamianter tout le bâtiment, les copropriétaires ont fait des calculs de boutiquiers et du bricolage, en procédant morceau par morceau. Dans ces conditions, il est difficile de protéger les salariés", a déploré Michel Parigot. Samedi 11 octobre, plusieurs centaines de personnes ont manifesté au pied de la tour pour demander une meilleur prise en charge des victimes de l'amiante.

 

A l'été 2013, plusieurs dépassements avaient entraîné l'arrêt des travaux en cours et la nomination d'un expert chargé d'enquêter sur ces pics de pollution. Ce dernier avait pointé l'organisation du chantier qui a donc été suspendu jusqu'à la mi-2015. Une information judiciaire pour "mise en danger de la vie d'autrui" a été ouverte au parquet de Paris tandis qu'une vingtaine de salariés ou ex-salariés ayant travaillé dans l'édifice décrié ont engagé une action aux prud'hommes, mettant en avant un "préjudice d'anxiété".

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